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La Turquie accuse le service d'un Etat d'être derrière la tuerie d'Istanbul

Dix-sept jours après l’attentat, revendiqué par Daech, contre une boîte de nuit le soir du réveillon à Istanbul, les autorités turques font une révélation. Selon le vice-Premier ministre, il ne s’agissait pas d’un simple attentat terroriste mais d’une opération extrêmement planifiée impliquant un service de renseignement. C’est la première fois qu’une autre piste que Daech ou le PKK est évoquée.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Les funérailles de Yunus Gormek, 23 ans, une des 39 victimes de l'attaque terroriste, le soir du Nouvel An contre la discothèque Reina d'Istanbul, le 2 janvier 2017. (BULENT KILIC/AFP)

La Turquie en dit-elle trop ou pas assez? Pour la première fois dans l’histoire récente des attentats, et malgré une revendication officielle par Daech, les autorités turques accusent un service de renseignement d’être derrière l’attentat qui a fait 39 morts et 65 blessés dans une célèbre boîte de nuit d'Istanbul.

Une opération «extrêmement planifiée et organisé» 
Prompte habituellement à accuser les indépendantistes du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) ou les djihadistes de Daech, ou encore, depuis le putsch manqué du 15 juillet 2016, les partisans du prédicateur Fethullah Gülen réfugié aux Etats-Unis, Ankara évoque désormais une troisième piste.
 
«Il apparaît que l’attentat contre le club Reina n’est pas seulement le fait d’une organisation terroriste», a révélé le vice-Premier ministre turc, Numan Kurtulumus. «Il y a aussi l’implication d’une organisation du renseignement. C’est une opération extrêmement planifiée et organisée», a-t-il ajouté.
 
Une conclusion basée sur le professionnalisme de l’attaque contre la discothèque, bondée de Turcs et d’étrangers ce soir-là. Arrivé armé en taxi, l’assaillant a eu le temps de tuer un policier et un civil à l’entrée de l’établissement, de pénétrer à l’intérieur et de tirer quelque 159 balles avant de repartir, toujours en taxi.
 
La tuerie, au cours de laquelle 27 étrangers originaires du Liban, d’Arabie Saoudite, d’Israël, d’Irak ou du Maroc, ont trouvé la mort, a été revendiquée par l’organisation de l’Etat Islamique. L’EI reproche en effet à la Turquie, pays musulman sunnite, son intervention en Syrie et sa participation à la coalition menée par Washington pour la combattre.
 
Mais l’arrestation d’au moins 35 personnes en liaison avec l’attentat, dont deux Ouïghours accusés «d’appartenir à une organisation terroriste, d’achat d’armes à feu sans permis et de complicité de meurtre», semble avoir semé le doute sur une telle paternité.

Un terroriste aguerri aux techniques de combat et toujours en fuite 
Selon l’agence pro-gouvernementale Anadolu, ces deux derniers suspects ont été identifiés comme étant Omar Asim et Abuliezi Abuduhamiti. Asim aurait même été vu à Konya, dans le sud, en compagnie du tueur présumé toujours en fuite, et dont le nom et la nationalité n’ont toujours pas été révélés. Kirghize, Ouzbek ou Ouïghour lui aussi: plusieurs hypothèses sur sa nationalité ont circulé dans les médias. Mais pour les services de sécurité turcs, une chose est sûre, le terroriste qui a réussi à s'échapper était aguerri aux techniques de combat. Il aurait probablement suivi un entraînement en Syrie.
 
Au lendemain de l’attaque, des quotidiens pro-gouvernementaux avaient très vite évoqué une opération «orchestrée» par les Etats-Unis et l’Occident. Des journalistes proches du Parti de la Justice et du développement (AKP) au pouvoir accusaient même la CIA de répondre ainsi au cessez-le-feu concocté par Recep Tayyip Erdogan et Vladimir Poutine en Syrie, mettant Washington hors-jeu.
 
Le déroulement de l’enquête et l’accusation à demi-mots du vice-Premier ministre orientent officiellement désormais les regards vers un Etat, mais sans dire lequel. Reste à savoir quel pays est ainsi dans le collimateur d’Ankara, mais aussi pourquoi le pouvoir turc ne dit pas plus clairement à quel pays il fait allusion?

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