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L’Arabie saoudite «plus que prête» à coopérer avec Donald Trump en Syrie

«Un tournant historique», c’est ainsi que l’Arabie saoudite a qualifié la rencontre entre le président américain, Donald Trump et le vice-prince héritier saoudien, Mohammed bin Salman, à la Maison Blanche. Un premier contact à haut niveau entre les deux pays depuis le départ de Barack Obama, dominé par deux soucis communs: la lutte contre Daech et les limites à mettre à l’expansionnisme de l’Iran.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min

Bravant la tempête de neige qui balayait la côte ouest américaine, le vice-prince héritier saoudien, Mohammed bin Salman, également ministre de la Défense du royaume, a été reçu le 14 mars 2017 dans le Bureau ovale à Washington.

Le courant passe bien entre Ryad et le successeur d'Obama 
En dépit des décrets anti-immigration ciblant les ressortissants de sept pays musulmans, les deux hommes se sont salués chaleureusement. Ils ont même plaisanté ensemble à propos des journalistes et photographes qui les mitraillaient de leurs appareils.

«Ce sont de très braves gens», glisse entre deux crépitements Donald Trump à l’oreille de son hôte, en les montrant du doigt. «Nous l’espérons», lui répond le prince saoudien avec un grand sourire, comme pour confirmer par l’image que le courant passe bien avec le successeur d’Obama.

 
C’est en effet la première rencontre à un tel niveau entre Ryad et Washington depuis l’installation de Donald Trump à la Maison Blanche le 20 janvier 2017. Un dégel des relations mises à mal par la signature de l’accord sur le nucléaire iranien en juillet 2015.
 
Echaudé par un accord attestant que Washington accordait plus d’importance à neutraliser le programme nucléaire de son ennemi perse qu’à son alliance avec Ryad, le royaume wahhabite se sent désormais décomplexé.

Mohammed Bin Salman compte sur Donald Trump pour endiguer l'Iran
Il voit en Donald Trump un président fort, prêt à renforcer le rôle des Etats-Unis comme partenaire stratégique du royaume. Un président qui juge très dangereux l'accord avec Téhéran, prêt à endiguer l’expansionnisme de la République islamique d’Iran dans la région.
 
«Cette réunion est considérée comme un tournant historique dans les relations entre les deux pays, qui avaient connu une période de divergence de vue sur de nombreuses questions», a indiqué un haut conseiller du vice-prince héritier.
 
«Elle a remis les questions sur le droit chemin et constitue un grand changement dans les relations entre les deux pays sur les questions politiques, militaires sécuritaires et économiques», précisait-il encore dans son communiqué.

Faisal Bin Farhan, qui est également membre de la famille royale, s’est montré plus bavard dans un entretien avec la chaîne Fox News. Interrogé sur la volonté du président Trump de faire payer aux pétromonarchies les efforts de la lutte contre le groupe de l’Etat islamique, le conseiller de Mohammed Bin Salman a été clair.
 

«Nous sommes plus que prêts à coopérer avec les Etats-Unis à la lutte contre Daech en Syrie, en Irak et dans toute la région, et pas seulement financièrement», a-t-il dit. 

Le gouvernement saoudien renouvelle sa proposition d'envoyer des troupes en Syrie
Il a rappelé que le gouvernement saoudien avait proposé à l’époque à l’administration d’Obama d’envoyer des troupes au sol en Syrie pour combattre Daech, mais que «cela n’avait pas été accueilli avec beaucoup d’enthousiasme. Et je pense que cette offre est toujours sur la table», a-t-il assuré.
 
Pour Ryad, il ne s’agit pas seulement d’éradiquer les combattants de l’Etat islamique de la région mais aussi de «s’assurer que les populations libérées de Daech pourront vivre en toute sécurité. Il faut les protéger du régime syrien et de ses alliés iraniens», a-t-il précisé.
 
Les Saoudiens attendent en tout cas de l’administration américaine qu’elle débloque la fourniture de munitions à guidage de précision suspendue par Barack Obama. De source officielle citée par l'agence Reuters Donald Trump envisage de lever cet interdit et d’autoriser la vente de système de défense intégré Patriot, de la firme Raytheon. Le Département d’Etat a déjà donné son accord et il ne manque plus que la décision finale de la Maison Blanche.
 
Selon une source anonyme proche du dossier, citée par l'agence Reuters, parmi les thèmes abordés lors de cette rencontre figurent également les investissements saoudiens aux Etats-Unis. Ils pourraient aider le président américain à tenir une de ses promesses de campagne : créer des emplois.

Petite précision sur l’importance accordée à cette rencontre, le vice-président Mike Pence, le conseiller et gendre de Trump, Jared Kushner, et le conseiller de l’ombre, Steve Bannon, étaient présents dans le Bureau ovale lors de l’entretien avec le nouvel homme fort du royaume saoudien.
 
 
 
 

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