Le régime syrien exclut de discuter de l’avenir de Bachar al-Assad à Genève
Au terme de dix jours de pourparlers indirects, entre représentants du régime de Damas et ses opposants à Genève et à la veille d’une pause, d’une dizaine de jours également, l’émissaire spécial de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, s’efforce de se montrer optimiste.
L'urgence pour l'ONU d'éteindre le feu en Syrie
Même si, pour lui, les attentats de Bruxelles prouvent une fois de plus qu’il y a urgence à éteindre le feu dans ce pays, il se console des lenteurs, voire de l’immobilisme, des pourparlers en constatant que jusque là, «personne n’est parti, n’a claqué la porte ou rejeté son interlocuteur».
Pourtant les pourparlers continuent d’achopper sur les mêmes écueils, au point que le diplomate Onusien a cru bon de demander à la délégation gouvernementale de «se montrer réaliste».
Chargé de trouver une formule de transition politique pour mettre fin au chaos dans le pays et à la prolifération d’un terrorisme sans frontières, il se heurte toujours à de fortes réticences du négociateur en chef du régime.
Bachar al-Jaafari exclut de discuter de l'avenir de Bachar al-Assad
Bachar al-Jaafari exclut en effet catégoriquement d’évoquer le sort de Bachar al-Assad à Genève. L’avenir du président syrien «n’a rien à voir avec les discussions» sur la transition, «ce sont deux sujets séparés», a-t-il dit.
Quant à la demande de Staffan de Mistura au régime de livrer sa vision de «l’organe de transition», le représentant permanent de la Syrie à l’ONU a répondu que «c’était prématuré».
Le régime se cabre aussi face à son allié russe
Soumis à une vaine pression de l’ONU dans un processus qui prévoit la mise en place dans les six mois d’un tel organisme, censé élaborer une nouvelle constitution et organiser des élections dans les 18 mois, le régime syrien se cabre désormais aussi face à ses alliés.
A la veille d’une nouvelle rencontre entre les chefs de la diplomatie américaine et russe à Moscou destinée à faire avancer les négociations de Genève, l’ambassadeur Jaafari se montre inflexible.
Il estime qu’aucune puissance étrangère ne doit interférer dans les pourparlers de Genève. «Quand nous disons que le dialogue est inter-syrien sans intervention extérieur, cela s’applique aux Russes et aux Américains», a-t-il déclaré à l’AFP.
Pour lui, croire que la Russie peut exercer une pression sur son allié, Bachar al-Assad, est «une fausse lecture» de la situation. Une manière de répondre par avance à toute tentative conjointe de Moscou et Washington de pousser Damas à s’engager plus sérieusement dans les négociations.
Staffan de Mistura mise sur Washington et Moscou pour sauver Genève
Staffan de Mistura mise sur les entretiens du secrétaire d’Etat américain, John Kerry, avec son homologue russe, Sergueï Lavrov et le président Vladimir Poutine, pour sauver le processus de Genève. Le régime mise, lui, sur une progression sur le terrain pour conforter sa position..
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, les forces gouvernementales, appuyées par des avions syriens et russes, ont gagné les faubourgs de Palmyre et les combats font rage autour de la ville contrôlée par l’organisation de l’Etat islamique.
Dans l’attente de la reprise de cette ville par les forces du régime, qui ouvrirait la route vers la province de Deir ez zor, Damas a fait deux gestes pour atténuer les pressions.
Le régime a autorisé de nouveaux convois d’aide humanitaire à accéder à des zones assiégées et le négociateur Bachar al-Jaafari a promis d’examiner un document, remis par l’émissaire de l’ONU, dès son retour à Damas.
«Ce document, a-t-il dit, sans en préciser la nature, sera examiné minutieusement et nous y répondrons au début du prochain round de discussions».
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