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L'offensive turque en Syrie : une "bombe à retardement" pour la France, estime un Français engagé aux côtés des Kurdes

Un Français affirme que la Turquie a sciemment bombardé une prison syrienne où étaient enfermés des jihadistes pour leur permettre de s'évader et semer le chaos.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des combattants syriens pro-turcs à côté de la ville d'Azaz dans la province d'Aleppo au nord de la Syrie, le 10 octobre 2019. (NAZEER AL-KHATIB / AFP)

Alors que la Turquie mène une offensive militaire dans le nord-est de la Syrie, un Français, engagé contre le groupe État islamique aux côtés des Kurdes, s'inquiète de la situation.

André Hébert, un Français de 26 ans qui témoigne sous pseudonyme dans "Jusqu’à Raqqa. Avec les Kurdes contre Daech”, a souligné, jeudi 10 octobre sur franceinfo, le rôle des Kurdes dans le combat contre Daech. "Pour la libération de Raqqa, les Kurdes ont combattu sans relâche", témoigne-t-il. "12 000 sont morts au combat contre l'État islamique. Ils sont aujourd'hui trahis par la décision de Donald Trump de laisser envahir ce territoire."

franceinfo : Qui sont ces forces Kurdes ?

André Hébert : C'est une coalition, avec des groupes armés, centrés autour du YPG (Unités de protection du peuple), des bataillons arabes, turkmènes, syriaques, une force révolutionnaire multi-ethnique, multiconfessionnelle qui se bat pour un projet de démocratie directe, de partage des richesses, et d'une société laïque où toutes les identités sont respectées.

Quelle stratégie pour la Tuquie ?

Un bombardement turc sur une prison syrienne, mercredi soir, a été fait dans l'objectif de favoriser l'évasion de prisonniers jihadistes parmi les plus dangereux, pour semer le chaos dans la région. Ces prisonniers vont s'éparpiller dans la nature et le risque est fort qu'ils reviennent en Europe, pour mener des attaques comme celle de Paris. Ces prisonniers sont des bombes à retardement.

Comment en est-on arrivé là ?

Les Kurdes ont appelé les pays comme la France à récupérer leurs ressortissants jihadistes, ils ont appelé la communauté internationale à les aider à sécuriser ces camps et à juger les jihadistes, mais aucune de ces options n'a été prise au sérieux. La Turquie va se servir de ces prisonniers pour semer le chaos et renforcer les rangs de son armée de mercenaires à l'assaut du Rojava [Kurdistan occidental ou Kurdistan syrien], des prisonniers qui vont recréer un califat bis, encore plus dangereux que le précédent car celui-ci sous la protection de la Turquie et donc de l'OTAN.

La couverture du livre "Jusqu’à Raqqa. Avec les Kurdes contre Daech” du Français André Hébert. (LES BELLES LETTRES)

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