Syrie: face à Daech, la résistance armée kurde passe aussi par les femmes
Pour sa conférence de presse à Paris, le 9 février 2015, la «commandante» Nassrin arborait un treillis frappé de l'étoile rouge du PYD, principal parti des Kurdes de Syrie. «A Kobané, les femmes ont été sur tous les fronts, dans toutes les tranchées, face à un ennemi sauvage», a-t-elle raconté. Pendant la bataille de Kobané, Nassrin Abdallah avait pour mission de coordonner des unités combattantes d’hommes et de femmes engagées contre Daech qui contrôle de larges pans de territoire en Syrie, comme en Irak.
«Nous avons tenu la promesse faite à notre peuple, et nous avons remporté la victoire à Kobané», a-t-elle ajouté sous les applaudissements. Le 26 janvier 2015, les combattants kurdes, soutenus par les raids aériens de la coalition internationale, avaient repris cette ville du nord de la Syrie proche de la Turquie après quatre mois de combats acharnés contre les djihadistes. Ceux-ci se livrent à toutes sortes d'exactions contre les populations civiles.
Ils ont «peur de combattre les femmes»
Nassrin confirme que les djihadistes qu'elle a combattus redoutaient particulièrement les éléments féminins: «Oui c'est vrai, ils ont très peur de combattre des femmes. Ils croient que s'ils sont tués par des femmes, ils ne pourront pas aller au paradis. Parfois, ils évitaient de se battre contre nous et préféraient se battre contre des hommes», a-t-elle raconté ajoutant que ces djihadistes, venus du monde entier, étaient «aguerris et lourdement armés». «Le plus difficile était le manque d'armes et de munitions», a-t-elle précisé.
Nassrin a également raconté que des combattantes mères de familles «sont restées combattre dans nos rangs» après avoir envoyé leurs enfants à l'abri en Turquie. D'autres chefs militaires, comme la légendaire Narine Afrin ou la kamikaze Arin Mirkan, étaient en première ligne dans la défense de Kobané. Cette dernière s’était fait exploser, le 5 octobre 2014, au milieu des djihadistes qui assiégeaient la ville, tuant des dizaines de combattants de l'EI, selon des sources kurdes.
Aux dires de responsables kurdes, 4.000 femmes combattent dans les rangs de la branche militaire du PYD, branche syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Ce mouvement autonomiste kurde turc est considéré comme une organisation terroriste par Ankara.
Dans les zones kurdes de Syrie contrôlées par le PYD, un décret promulgué à l’automne 2014 garantit aux femmes les mêmes droits que les hommes. Il bannit les «crimes d'honneur» et interdit la polygamie, pourtant légale pour les musulmans. L'Islam est la religion de la plupart des Kurdes.
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