Téhéran: manifestations réprimées par la force
La police a violemment dispersé des milliers de partisans de l'opposition rassemblés en plusieurs endroits de TéhéranLa police a violemment dispersé des milliers de partisans de l'opposition rassemblés en plusieurs endroits de Téhéran
Ceux-ci entendaient rendre hommage, ce vendredi 31 juillet, aux victimes des troubles qui ont suivi la réélection contestée du président Mahmoud Ahmadinejad.
Il s'agit des premiers heurts depuis ceux qui avaient opposé le 9 juillet la police à des centaines de personnes commémorant les manifestations étudiantes de 1999.
Selon des témoins, la police a procédé à l'arrestation de plusieurs partisans du candidat malheureux à la présidentielle, Mir Hossein Moussavi. Parmi figurerait le cinéaste Jafar Panahi, plusieurs fois primé à l'étranger.
Le porte-parole de la commission parlementaire sur les prisonniers, Kazem Jalali, avait annoncé qu'il restait 250 personnes en prison, dont 50 personnalités politiques.
Manifestation dans le centre de Téhéran
Environ 3000 manifestants s'étaient rassemblés au grand Mossala, immense lieu de prière en plein air, situé au centre de Téhéran et
pouvant accueillir des dizaines de milliers de personnes. Mir Hossein Moussavi et un autre ex-candidat de la présidentielle,
Mehdi Karoubi, avaient appelé à ce rassemblement, interdit par les autorités, en hommage aux victimes des troubles post-électoraux.
La police était déployée en force pour empêcher les protestataires de parvenir jusque là.
"Les manifestants levaient les bras en l'air, faisant le signe de la victoire, tandis que la police tentait de les disperser", a déclaré un témoin. "Certains manifestants ont incendié des poubelles tandis que des policiers anti-émeutes à moto passaient au milieu de la foule pour essayer de disperser" les protestataires, selon un autre témoin. "La police a brisé les vitres de plusieurs voitures", a ajouté ce témoin. Leurs conducteurs faisaient sonner leurs klaxons en signe de soutien à Mir Hossein Moussavi.
Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi entendaient organiser une cérémonie pour marquer "le 40e jour des événements tristes qui ont vu nombre de nos compatriotes perdre la vie". Ils ne prévoyaient aucun discours, mais l'écoute silencieuse de versets du Coran, selon la lettre demandant l'autorisation au ministère.
Les musulmans chiites iraniens organisent des cérémonies d'hommage à leurs morts au 40e jour qui suit le décès. En 1978-1979, lors de la sanglante répression des manifestations par l'armée du shah Réza Pahlavi, ces cérémonies religieuses étaient souvent à l'origine de rassemblements encore plus imposants, violemment réprimés à leur tour. Un cycle infernal qui avait fini par emporter le régime impérial.
"Aucune autorisation n'a été donnée à ces groupes et ces personnes qui enfreignent la loi, ne reconnaissent pas leur défaite et n'acceptent pas le vote de la majorité, mais qui n'en sollicitent pas moins une autorisation de rassemblement", avait déclaré mardi le directeur politique du ministère de l'Intérieur.
Une manifestation dans un cimetière
Les forces anti-émeutes ont également violemment chargé avec des grenades lacrymogènes des milliers de protestataires défilant non loin du grand Mossala, sur l'avenue Vali Asr, une grande artère de la capitale, ont affirmé des témoins. "Mort au dictateur", "Libérez les prisonniers politiques" et "Mir Hossein", scandaient des manifestants. "Avec des milliers de personnes qui marchent dans la rue, il y a un immense embouteillage à Vali Asr", a expliqué un témoin.Auparavant, plus de 2000 personnes s'étaient réunies au cimetière Beheshte Zahra, dans le sud de la capitale, pour marquer le quarantième jour de la mort des victimes de la manifestation particulièrement violente du 20 juin et en hommage à Neda Agha-Soltan, une jeune femme tuée ce jour là.
La police a fait usage de matraques et de bâtons pour les disperser et plusieurs manifestants ont été arrêtés.
Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi avaient décidé de s'y rendre après l'interdiction de la cérémonie au grand Mossala. M. Karoubi a pu se recueillir sur les tombes. Mais Mir Hossein
Moussavi n'a "pas été autorisé à réciter les versets du Coran
habituellement prononcés en de telles circonstances et il a été immédiatement encerclé par la police anti-émeute qui l'a reconduit vers sa voiture", a rapporté un témoin. "Gouvernement du coup d'Etat, démission!", scandaient des manifestants qui ont lancé des pierres contre les policiers.
Des fleurs et des bougies ont été déposées sur la tombe de Neda Agha-Soltan, une étudiante en musique de 26 ans tuée par balle le 20 juin, devenue le symbole de la contestation. Des témoins ont affirmé que des dizaines de policiers étaient déployés en soirée dans la rue Kargar, où la jeune femme est morte.
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