Ce que l'on sait du projet d'attentat déjoué qui visait la présidentielle
Arrêtés à Marseille, les deux suspects arrêtés voulaient agir "dans les tout prochains jours", a expliqué, mardi, le ministre de l'Intérieur, Matthias Fekl.
Deux hommes ont été arrêtés à Marseille, mardi 18 avril, par la DGSI et le Raid. Appartenant à la mouvance islamiste, ils sont soupçonnés d'avoir voulu commettre un attentat pendant la campagne présidentielle. La section antiterroriste du parquet de Paris avait ouvert une enquête préliminaire la semaine dernière, et le procureur de la République François Molins a donné des détails supplémentaires lors d'une conférence de presse. Franceinfo vous résume ce que l'on sait de cette affaire.
Comment s'est déroulée cette interpellation ?
Les deux hommes ont été interpellés ont arrêtés par la DGSI, appuyée par le Raid, à la sortie d'un appartement situé rue de Crimée, dans le 3e arrondissement de Marseille. Les suspects se trouvaient dans un appartement, au 7e étage d'un immeuble "correct et bien entretenu", selon les résidents interrogés par franceinfo.
Attentats déjoués à #Marseille. Police et marins-pompiers verrouillent l'accès au 58 rue de Crimée pic.twitter.com/l9GJeWvagW
— David Coquille (@DavidLaMars) 18 avril 2017
Située près de la Gare Saint-Charles, la zone était, jusqu'en début d'après-midi, bouclée sur environ 200 m. Des policiers et des militaires étaient postés de chaque côté. Aucun riverain ne pouvait passer.
Qui sont les deux hommes interpellés ?
Clément Baur, né le 16 juillet 1993 à Ermont (Val-d’Oise), et Mahiedine Merabet, né le 10 juillet 1987 à Croix (Nord), se sont connus "en détention en 2015 pour des faits de droit commun", a confirmé le procureur. Selon France 2, il s'agit de la prison de Sequedin (Nord).
Selon le procureur de la République, "les éléments recueillis attestent que ces deux hommes se préparaient à mener une action imminente sur le territoire national".
Le plus âgé des deux suspects, Mahiedine Merabet, cherchait à entrer en contact avec l'organisation jihadiste Etat islamique (EI), notamment pour transmettre "une vidéo d'allégeance ou de revendication", a révélé le procureur François Molins.
Interrogés par les enquêteurs, des proches de Mahiedine Merabet ont attesté "de revendications de l’intéressé" ainsi que d'une proximité avec Clément Baur "au contact duquel il se serait particulièrement radicalisé courant 2015". Le 5 avril dernier, la section antiterroriste avait ouvert une enquête préliminaire sur les agissements de Mahiedine Merabet. Le 7 décembre 2016, une perquisition avait eu lieu à son domicile à Roubaix (Nord), où un drapeau de l’Etat islamique (EI) a été découvert, "ainsi que de la documentation jihadiste sur un ordinateur". Il avait été assigné à résidence, mais était devenu introuvable.
Concernant Clément Baur, des proches ont signalé dès mars 2015 sa disparition inquiétante. "Il avait des vélléités de partir en Syrie et une pratique radicale de l’islam. A noter également une proximité avec proches de la communauté tchétchène à Nice", a précisé le procureur.
Qu'ont découvert les enquêteurs lors de la perquisition ?
La perquisition dans "l'appartement conspiratif" des deux suspects, dans le 3e arrondissement de Marseille, a permis de retrouver un pistollet-mitrailleur, de type Uzi, deux armes de poing, des sacs et boîtes de munitions, un silencieux et un couteau de chasse et trois kilos de TATP, de l'explosif artisanal. Mais aussi une grenade artisanale contenant du TATP, un sac de boulons, des mèches, des produits chimiques de conditionnement, des bouteilles d'acétone et d'eau oxygénée, a détaillé le procureur.
Sur les murs de l'appartement, les enquêteurs ont également découvert un plan de Marseille, ainsi que des photographies d'enfants morts dans des bombardements.
Quelles étaient les cibles visées par ces attaques ?
En revanche, la date de ce projet d'attentat, sa ou ses cibles et "les circonstances du passage à l'acte" n'ont pas été établies avec certitude, a rapporté le procureur François Molins. Mais selon des informations de Franceinfo, deux candidats à l'élection présidentielle, dont François Fillon, étaient visés par les deux hommes, selon des informations recueillies par franceinfo.
Cette arrestation intervient dans le cadre d'une enquête en flagrance ouverte à Paris, le 12 avril, pour association de malfaiteurs terroriste criminelle et infraction à la législation sur les armes en relation avec une entreprise terroriste. Ce jour-là, la DGSI a récupéré un photo-montage. On y voit un fusil mitrailleur, associé à la une du journal Le Monde du 16 mars (sur laquelle figure François Fillon), un drapeau de l’Etat islamique et un lot de munitions formant les mots "La loi du talion". Le Parisien croit savoir également que les enquêteurs ont découvert "une vidéo où les deux suspects prêtaient allégeance à Daech." Depuis vendredi, la sécurité du candidat de la droite avait été renforcée, avec notamment des tireurs d'élite présents lors de ses déplacements et meetings.
Les photos des suspects avaient été également communiquées aux équipes de campagne de Marine Le Pen et d'Emmanuel Macron. "Nous sommes en plein état d'urgence et à l'approche du scrutin, nous ne sommes pas surpris qu'il existe une telle menace et cela ne change rien à la fin de la campagne", a commenté à franceinfo l'entourage du candidat En marche !.
Ce projet d'attentat a-t-il des conséquences sur la campagne ?
Pour que le "scrutin se déroule de la meilleure manière qui soit", le ministre de l'Intérieur, Matthias Fekl, rappelle que 50 000 policiers et gendarmes seront déployés sur le territoire français lors des deux tours de l'élection présidentielle.
En déplacement au Creusot (Saône-et-Loire), François Hollande a salué le succès de l’opération : "Tout ce que je peux dire, c’est que nos services et nos policiers ont travaillé de manière remarquable, nous permettant d’arrêter deux personnes qui vont maintenant être confrontées devant des juges et des policiers pour que nous sachions exactement quelles étaient leurs intentions. C’est une prise remarquable".
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