Qui est Naamen Meziche, cadre d'Al-Qaïda expulsé du Pakistan vers la France ?

Il est arrivé par avion dans l'après-midi à Paris. Naamen Meziche est considéré comme un cadre historique d'Al-Qaïda. Ce Français d'environ 43 ans a été expulsé par le Pakistan vers la France, mardi 8 octobre. Il est soupçonné d'être impliqué dans une filière d'apprentis jihadistes et dans des projets d'attentats en Occident. 

Naamen Meziche a été arrêté alors qu'il voyageait en bus avec trois autres Français dans le sud-ouest du pays, une région reculée traversée par les jihadistes, car proche des zones tribales. Détenu dans des conditions difficiles - il a été un temps malade et a envisagé une grève de la faim - Naamen Meziche est le dernier membre du quatuor de Français à rejoindre la France.

Dès son arrivée à Paris, il a été interpellé. Il doit être interrogé par la police française, avant de probables poursuites et un placement en détention provisoire, selon des sources concordantes. Francetv info s'interroge sur son identité.

Jihadiste lié au 11-Septembre ? 

Lors de son arrestation en mai 2012 par la police pakistanaise, les services de renseignement français avaient décrit Meziche comme un "cadre important d'Al-Qaïda", lié à la "cellule de Hambourg". Plusieurs des pirates de l'air auteurs des attentats du 11 septembre 2001 appartenaient à ce groupe.

La radio RFI expliquait pour sa part qu'il avait vécu une partie de sa vie à Hambourg en Allemagne et avait fréquenté la mosquée al-Qods, où se retrouvaient avant 2001 les acteurs des attentats du World Trade Center. Naamen Meziche y aurait connu Mohammed Atta, considéré comme le coordonnateur de ces attaques.

Il aurait également été en contact téléphonique avec l'un des pilotes dont l'avion a percuté l'une des tours jumelles. Toutefois, son importance au sein de la nébuleuse jihadiste reste sujette à débat. 

Chasseur de têtes pour le jihad ?

Toujours selon RFI, Naamen Meziche était chargé de recruter de nouveaux aspirants au jihad, la "guerre sainte" en provenance d'Europe. Son arrestation en compagnie de trois jeunes Français dans une région où passent nombre de combattants islamistes avait renforcé les soupçons sur son rôle de recruteur de jeunes jihadistes européens, notamment français.

Ces trois compagnons, qui ont déjà été expulsés vers la France, ont déclaré lors de leurs interrogatoires "être venus au Pakistan pour approfondir leur apprentissage de l'islam et aller combattre en Afghanistan". Si Meziche est pour l'instant resté mutique, les autorités françaises espèrent que leur confrontation permettra d'en savoir plus. Comme l'avait déjà prouvé l'affaire Merah, la zone Afghanistan-Pakistan reste un aimant pour les jihadistes étrangers.

Les services de renseignements occidentaux et pakistanais ont également décrit Meziche comme proche de Younis Al-Mauritani, un important membre d'Al-Qaïda chargé "personnellement" par Oussama Ben Laden de planifier, à la fin des années 2000, des attentats contre "des cibles économiques importantes aux Etats-Unis, en Europe et en Australie", selon l'armée pakistanaise.

"Un gros poisson" ?

Meziche devrait, selon des sources concordantes, être poursuivi et incarcéré pour "association de malfaiteurs en vue de commettre des actes terroristes", comme ses trois autres acolytes. C'est une incrimination spécifique au droit français qui permet de poursuivre et de garder des personnes en détention pour des intentions d'actes terroristes ou des contacts avec des organisations soupçonnées de terrorisme.

Mais le dossier semble mince en ce qui concerne les faits qui lui sont reprochés : s'il est soupçonné de longue date d'appartenance à Al-Qaïda, aucun élément concret n'a à ce jour prouvé son implication dans un quelconque projet ou attaque terroriste. Selon une source proche du dossier, la justice française pourrait toutefois le poursuivre sur la base d'éléments judiciaires fournis par les services allemands, remontant à l'époque où il habitait en Allemagne.

"Meziche est la 'vedette' de la bande. Le but de la procédure qui va s'ouvrir sera de prouver son appartenance à Al-Qaïda ou ses liens avec le réseau, pour déboucher le cas échéant sur un procès", souligne une source proche du dossier. "C'est un gros poisson. On est dans le cœur historique d'Al-Qaïda", a assuré cette semaine un acteur de l'antiterrorisme français.