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Un Tchétchène assigné à résidence en France expulsé vers la Russie

Mansour Koudousov était en prison pour non-respect de son assignation à résidence. Il a été expulsé à une semaine de l'examen d'un recours de son avocat. "Toutes les procédures de droit ont été respectées", assure une source proche du dossier à franceinfo.

Article rédigé par Mathieu Dehlinger
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un avion à l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, près de Paris, le 24 août 2016 (photo d'illustration). (MAXPPP)

Condamné pour non-respect de son assignation à résidence à Die (Drôme), Mansour Koudousov avait passé ces derniers mois en prison. Ce jeune homme d'origine tchétchène de 25 ans a finalement été expulsé en direction de la Russie, vendredi 9 septembre, à une semaine de l'examen d'un recours devant la justice, dénonce son avocat Martin Pradel auprès de franceinfo. L'expulsion est confirmée par une source proche du dossier.

Arrivé en France avec ses parents alors qu'il était encore mineur, Mansour Koudousov avait "obtenu le statut de réfugié" à sa majorité, explique Me Pradel. "Il est en très grave danger à Moscou, assure son conseil. Il n'a plus aucune attache là-bas. Sa famille a été massacrée en Tchétchénie."

Suspecté de liens avec l'islam radical

Les ennuis commencent pour lui en 2012, dans la foulée de l'affaire Merah. Il est alors assigné à résidence. "Le ministre de l'Intérieur de l'époque, Claude Guéant, avait décidé de l'expulser, mais c'était impossible en raison de son statut de réfugié, détaille Me Pradel. On lui reproche d'avoir été proche de l'islam radical quand il était mineur, mais il a toujours expliqué qu'il s'était mis en retrait et il n'y a jamais eu de procédure contre lui."

Plus précisément, Mansour Koudousov a été soupçonné d'être "l'administrateur et le traducteur d'un site internet pro-jihadiste", expliquait Le Dauphiné, en mars. "A l'époque, ce forum relayait des propos incitant au terrorisme", détaillait un magistrat cité par le journal.

"Toutes les procédures de droit ont été respectées"

Le jeune homme est alors jugé pour ne pas avoir respecté son assignation à résidence. Alors qu'il doit pointer quatre fois par jour à la gendarmerie, il ne se présente pas régulièrement, disparaît parfois durant plusieurs jours et poste même une photo de lui à Paris sur sa page Facebook, précise France Bleu"Il s'était rendu à Paris pour répondre à une convocation de l'Ofpra", l'organisme en charge des réfugiés, assure Martin Pradel. "Il m'est impossible d'avoir une vie sociale, se plaignait Mansour Koudousov lors de son procès en mars. Cela dure depuis 2012. Cela devient dur d'autant que je ne sais pas quand cela va s'arrêter."

Un recours contre son expulsion devait être examiné le 15 septembre, précise Me Pradel, mais les autorités n'ont pas attendu cette date. "Tout le monde perd les pédales dans le climat actuel", dénonce l'avocat. "Il n'y a juste pas de sujet, répond à franceinfo une source proche du dossier. Il n'a plus son statut de réfugié depuis plusieurs mois et le recours n'a pas de caractère suspensif. Toutes les procédures de droit ont été respectées." Mansour Koudousov devait atterrir à Moscou en fin d'après-midi, selon son avocat.

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