Tunisie : un mort et des blessés dans des affrontements entre salafistes et policiers à Tunis et Kairouan
Jets de pierres, pneus en feu : des heurts ont éclaté ce dimanche entre des policiers et des militants du mouvement salafiste Ansar Ashariaa en banlieue ouest de Tunis et dans la ville de Kairouan, à 150 kilomètres plus au sud.
Les forces de l'ordre tunisiennes ont lancé des gaz lacrymogènes et tiré en l'air pour disperser les salafistes. Des blindés de la garde nationale et des camions de l'armée sont ensuite arrivés en renfort. Des bulldozers ont détruit les barricades érigées par les manifestants que les autorités ont estimé à près d'un demi-millier.
Une quinzaine de blessés et un mort
Les salafistes se sont ensuite repliés dans le quartier voisin, Intilaka, où les heurts se sont poursuivis. "*Lors des protestations, onze agents de sécurité ont été blessés, dont un grièvement, ainsi que trois manifestants, dont un est gravement blessé ", a annoncé le ministère de l'Intérieur qui n' a donné aucune précision concernant la nature des blessures ou le nombre d'émeutiers interpellés.*
Un jeune manifestant a également été tué dans les heurts. Le jeune homme de 27 ans est mort des suites d'une blessure par balle, selon la surveillante générale de l'hôpital Mongi Slim de la Marsa.
Á Kairouan, des heurts ont opposé dans un premier temps un petit groupe de salafistes à des policiers. Mais en début d'après-midi, les centaines de manifestants, qui affrontaient encore les forces de l'ordre, étaient en grande majorité des jeunes ne semblant pas appartenir à la mouvance islamiste radicale.
Le point de départ de ces violences a été l'interdiction de rassemblement d'Ansar Ashariaa à Kairouan, dans le centre du pays, où devait se dérouler le congrès annuel de leur organisation. Un rassemblement que le gouvernement a qualifié de "menace pour la sécurité " du
pays.
Kairouan bouclée, des barrages installés
Initialement, le congrès annuel d'Ansar Ashariaa devait se dérouler à Kairouan. Mais plus tôt ce dimanche, l'organisation a demandé à ses
partisans de ne plus se rendre dans cette ville et à se diriger vers la capitale du pays.
"A l'attention de nos frères qui viennent
à Kairouan depuis les autres régions (...) la direction d'Ansar Ashariaa vous
informe de la nécessité d'annuler tous ces voyages vu la gravité de la
situation sécuritaire ", a indiqué sur sa page Facebook l'organisation salafiste. "Nous appelons tous nos frères à être présents en grand nombre à la cité Ettadhamen, dans la capitale ".
La raison ? Les entrées de Kairouan sont bouclées par la
police et l'armée tunisiennes, pour empêcher les militants salafistes de pénétrer dans la ville. Des barrages ont été installés sur toutes les routes
entrant dans la ville et les forces de sécurité se sont déployées en nombre
dans Kairouan.
Ce dimanche, à l'aube, le porte-parole du mouvement a d'ailleurs été
interpellé par les forces de sécurité tunisiennes, "alors qu'il faisait
un footing devant les policiers ", a indiqué une source policière, qui a qualifié
le comportement de M. Raïs de "provocation ".
Le mouvement menace le gouvernement de "guerre"
La semaine dernière, Ansar Ashariaa, a menacé le gouvernement (qui
a reconnu début mai la présence de groupes armés d'Al-Qaïda sur son territoire)
de "guerre ". Cette organisation est par ailleurs jugée responsable de
l'attaque de l'ambassade américaine en septembre.
Le chef de ce mouvement, Saif Allah Bin Hussein, dit Abou Lyadh, est en
fuite. Les autorités le considèrent comme l'organisateur de cette manifestation
qui avait dégénéré en affrontements (quatre morts parmi les assaillants). Ce
vétéran d'Afghanistan a combattu avec Al-Qaïda.
L'état d'urgence depuis janvier 2011
La Tunisie a vu depuis la révolution de 2011 se multiplier les
violences orchestrées par la mouvance salafiste. Le pays est aussi déstabilisé
par une profonde crise politique et le développement des conflits sociaux face
à la misère.
Le parti islamiste au pouvoir Ennahda a longtemps été accusé de
laxisme pour avoir toléré les groupuscules salafistes jihadistes. Il a
cependant considérablement durci sa position après que seize militaires et
gendarmes ont été blessés par des mines posées par des groupes armés.
L'état d'urgence, qui donne des pouvoirs accrus à l'armée et aux
forces de l'ordre, est en vigueur en Tunisie depuis janvier 2011 et la chute du
régime de Zine El Abidine Ben Ali.
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