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Tunisie : ce que l'on sait de l'attaque jihadiste à Ben Guerdane

L'attaque a eu lieu tôt, lundi matin, dans cette localité proche de la frontière libyenne. Les assaillants ont proclamé qu'ils appartenaient à l'Etat islamique, selon un témoin cité par Reuters.

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Les forces de sécurité lancent un assaut après l'attaque jihadiste sur la ville de Ben Guerdane, près de la frontière tunisienne, le 7 mars 2016. (TASNIM NASRI / ANADOLU AGENCY/ AFP)

Un commando d'islamistes armés a attaqué tôt, lundi 7 mars, des casernes de la police et de l'armée à Ben Guerdane. Cette ville du sud-est de la Tunisie, proche de la frontière libyenne, avait déjà subi des attaques début mars. Les fusillades ont fait au moins 54 morts. Selon un bilan établi lundi soir, 36 jihadistes, 11 membres des forces de l'ordre et sept civils ont été tués.

Où l'attaque a-t-elle eu lieu ? 

Des assaillants ont attaqué, à l'aube, des casernes de la police et de l'armée à Ben Guerdane, ville de 60 000 habitants située à quelques kilomètres de la Libye.

La ville de Ben Guerdane, en Tunisie. (GOOGLE MAP)

Que s'est-il passé ?

Perpétrées à l'aube, ces attaques ont visé une caserne de l'armée, un poste de police et un poste de la garde nationale tunisiennes. Le nombre total de jihadistes impliqués n'est pas connu, pas plus que leur identité.

"Il s'agit d'une attaque sans précédent, coordonnée. [Les assaillants] avaient peut-être pour but de contrôler cette région et de proclamer une nouvelle province" au nom de groupes extrémistes, a réagi le président Béji Caïd Essebsi. Le Premier ministre a également estimé que "le but de cette attaque était de troubler la sécurité dans notre pays et d'établir un émirat [province] de Daech à Ben Guerdane".

Spécialiste du jihadisme, le journaliste de France 24 Wassim Nasr affirme que "les jihadistes de l'EI ont eu des complicités de l'intérieur de la ville de Ben Guerdane"

Des attaques avaient déjà eu lieu début mars, indique Wassim Nasr. Elles visaient "probablement à tester l'état de préparation des forces de l'ordre et la porosité de la frontière"

Quel est le bilan ?

Au total, l'armée a tué 36 islamistes et en a arrêté six, selon le ministère de l'Intérieur. En outre, sept civils et 11 militaires ont été tués, selon les hôpitaux et les services de sécurité. On ne sait pas combien de jihadistes étaient impliqués. Les autorités ont souligné que des opérations sont toujours "en cours pour pourchasser les terroristes". 

Y a-t-il une revendication ?

"J'ai vu un grand nombre d'activistes à l'aube, qui couraient avec leurs kalachnikovs", a confié à Reuters un habitant, Hussein, par téléphone. "Ils disaient qu'ils étaient de l'Etat islamique (EI) et qu'ils venaient attaquer l'armée et la police", a-t-il expliqué.

Pour l'instant, il n'est pas fait état de revendication sur les réseaux sociaux, mais le groupe Etat islamique contrôle une partie du territoire de la Libye, pays voisin de la Tunisie. Quelque 5 000 ressortissants tunisiens auraient rejoint les organisations jihadistes à l'étranger, selon des estimations citées par Reuters.

Quelles mesures ont été prises ?

Un couvre-feu a été instauré à Ben Guerdane de 19 heures à 5 heures du matin, et le Premier ministre tunisien Habib Essid, qui s'est entretenu avec le président Béji Caïd Essebsi, a appelé les habitants à la "vigilance". 

Le ministère de l'Intérieur a invité les habitants à rester chez eux, alors que les établissements publics sont restés fermés pendant la journée et que les forces de l'ordre patrouillaient dans les rues. Des soldats montent la garde du haut de certains toits. Outre la fermeture des postes-frontières pour une durée indéterminée, les autorités ont également bouclé, durant la matinée, la route côtière reliant Ben Guerdane à Zarzis.

Enfin, les patrouilles terrestres et aériennes vont être renforcées le long de la frontière commune avec la Libye, où le chaos a permis aux jihadistes du groupe EI de prospérer, ont annoncé les autorités tunisiennes.

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