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Turquie : la police disperse les manifestants

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a défié ce samedi les manifestants qui voudraient célébrer l'anniversaire de la fronde antigouvernementale sur la place Taksim à Istanbul. Le dirigeant, récemment réélu, a clairement durci le ton, pour éviter que ne se reproduisent les scènes de violences de l'année dernière ; des millions de Turcs avaient défilé contre le pouvoir, en juin.
Article rédigé par Yann Bertrand
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (la police a violemment dispersé les manifestants place Taksim © REUTERS/Murad Sezer)

"Vous ne pourrez pas occuper Taksim comme vous l'avez fait l'an dernier, parce que vous devez respecter la loi ", a tonné Recep Tayyip Erdogan devant des milliers de partisans ce samedi. Dans le viseur du Premier ministre turc, ceux qui répondraient à l'appel des différentes ONG, associations ou syndicats, qui souhaitent célébrer l'anniversaire de la contestation antigouvernementale, qui avait commencé le 31 mai 2013.

Ce jour-là, les policiers avaient brutalement évacué le parc Gezi, qui jouxte la grande place Taksim d'Istanbul, et expulsé les écologistes rassemblés ici pour protester contre un projet de parc immobilier. La fronde est rapidement devenue politique, contre le pouvoir d'Erdogan, à la tête de la Turquie depuis dix ans.

En tout, selon les chiffres officiels de la police, près de 3,5 millions de Turcs sont descendus dans les rues pendant les trois premières semaines du mois de juin ; huit manifestants ont été tués, et des milliers blessés après la brutale répression qui s'est abattue sur les cortèges. Mis en sourdine pendant un an, le mouvement s'est réveillé à l'approche de la date anniversaire. Le collectif Taksim Solidarité a appelé à descendre à nouveau dans la rue pour se faire entendre, car "nous ne pouvons plus nous faire entendre que dans la rue ".

Des gaz lacrymoègnes sur les manifestants

Mais Recep Tayyip Erdogan a aussi averti, ce samedi, que les forces de l'ordre feraient "tout ce qui est nécessaire, de A jusquà Z ", pour empêcher des rassemblements sur Taksim. Plus de 25.000 hommes ont été mobilisés par le pouvoir. Quelques étudiants, vite dispersés, ont tenté de se faire entendre, mais ils se sont heurtés à l'inflexibilité policière, tout comme le correspondant de CNN.

Et un peu plus tard, la police turque a utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants. Plusieurs centaines de personnes s'étaient rassemblées dans les rues menant à la place Takseim pour demander la démission du gouvernement. Par ailleurs, les autorités ont décidé de fermer les transports publics et d'interdire l'accès à la place Taksim.

 

 

La répression s'accentue

Depuis un an et cette période de contestation, le Premier ministre fait tout son possible pour étouffer le moindre mouvement de fronde. Il n'a pas lâché face aux manifestants, usant de toute la force à disposition, et a remporté des succès qui ont assis sa légitimité, de son point de vue en tout cas. Ce samedi, le centre-ville d'Istanbul a carrément été bouclé, la place Taksim totalement évacuée.

"J'en appelle à mon peuple. Ne vous laissez pas tromper, ceci n'est pas une campagne écologiste, il n'y a aucune sincérité là-dedans" (Recep Tayyip Erdogan)

Le Premier ministre turc a même fait en sorte que les manifestants les plus virulents soient inculpés, il a fait adopter des lois renforçant son emprise sur la justice notamment. Englué un temps dans un immense scandale de corruption, il a quand même remporté un franc succès lors des élections municipales de mars dernier puis, dans la foulée, fait bloquer Twitter et YouTube, entre autres, dans le pays. Il ne semble plus y avoir de frontières à son autoritarisme. Prochaine étape, la présidentielle. Erdogan devrait bientôt annoncer sa candidature en vue du scrutin qui se déroulera en août prochain.

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