Chômage record, envolée des prix... En Turquie, le parti d'Erdogan à l'épreuve d'élections municipales à haut risque
Après une campagne extrêmement polarisée, des élections municipales ont lieu dimanche en Turquie sur fond de crise économique et de colère sociale.
Recep Tayyip Erdogan a fait campagne jusqu’aux dernières heures. Alors que les Turcs sont appelés aux urnes dimanche 31 mars pour élire leurs maires, conseillers municipaux et chefs de quartier, le palais présidentiel est anxieux. La colère sociale monte dans le pays, frappé par une crise économique particulièrement forte. Le président turc a fait campagne comme s’il s’agissait d’une élection présidentielle. Sur la route depuis des semaines, il a multiplié les meetings, accusé ses adversaires d’être alliés à des groupes terroristes, dénoncé à répétition l’islamophobie dans le monde... Autant de thèmes qui permettent d’éviter les sujets qui fâchent, comme l'inflation à 20% par an, un chômage record à 13%, une monnaie dévaluée et des prix qui explosent.
A Istanbul, c'est la ruée sur un marché à bas prix, subventionné par la mairie depuis une mesure adoptée juste avant les élections. Mais ici comme ailleurs, l'inflation justement anime les conversations. "Ça fait deux heures que je fais la queue", se plaint une femme, la cinquantaine, venue faire ses courses. "On s’est accrochés, j’en ai des bleus. On se plaignait de faire la queue avant, et vous trouvez franchement que c’est mieux maintenant ? C’est une honte et rien d’autre !", dit-elle. Quand elle parle d'"avant", elle fait référence aux années 90, avant l’arrivée au pouvoir de l’AKP, quand l’inflation était incontrôlable.
Avant on faisait la queue pour le sucre, maintenant ce sont les oignons, les pommes de terre, les poivrons, les aubergines.
Une femme sur le marché d'Istanbulà franceinfo
Cette situation fragilise Recep Tayyip Erdogan, qui a bâti sa popularité justement sur l’amélioration du niveau de vie. L'AKP devrait malgré tout conserver Istanbul à l'issue du vote aujourd'hui, mais pourrait peut-être perdre la capitale Ankara ou d’autres grandes villes du pays. Reste à voir si les marchés subventionnés créés pour calmer la colère sociale vont permettre au parti du président turc de sortir de cette campagne électorale, sans trop de dégâts.
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