Cet article date de plus de sept ans.

L'avocat de Loup Bureau est satisfait mais reste prudent : "Maintenant, il va falloir qu’il soit expulsé"

L'un des avocats de Loup Bureau, Martin Pradel, a annoncé, vendredi sur franceinfo, la libération du journaliste après 51 jours de détention en Turquie.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Un poster demandant la libération du journaliste détenu en Turquie, Loup Bureau, le 24 août 2017, à Paris. (THOMAS SAMSON / AFP)

"Loup Bureau va être libéré." Martin Pradel, un des avocats du journaliste français détenu en Turquie depuis 51 jours, a annoncé, vendredi sur franceinfo, la libération de Loup Bureau. Il pourrait être "expulsé à partir de demain vers la France", a indiqué l'avocat. Toutefois, Martin Pradel a prévenu : "Il faut être particulièrement prudent, parce que nous nous souvenons du cas de Mathias Depardon, qui avait lui aussi été expulsé. Dans son cas, son expulsion avait pris un mois. On va donc rester prudent."

franceinfo : Loup Bureau a-t-il été formellement libéré ?

Martin Pradel : Le tribunal a statué sur sa libération pendant que l’enquête continue et que l’affaire se poursuit. Mais il faut être particulièrement prudent parce que nous nous souvenons du cas de Mathias Depardon. Il avait lui aussi été expulsé. Dans son cas, son expulsion avait pris un mois, on va donc rester prudent. Pour le moment, il y a une véritable satisfaction : c’est l’annonce de sa libération, Loup Bureau n’est plus dans la rigueur de la détention. Maintenant, il va falloir qu’il soit expulsé, que cela s’organise. Au plus tôt, il pourrait revenir dès demain en France. Mais il faut savoir qu’il était dans une zone très isolée de la Turquie, frontalière avec l’Irak.

Cette libération est-elle un acte plus politique que judiciaire ?

Je vois que cette décision des juges coïncide avec le départ de Turquie de Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères français. Je devine que l’action des autorités françaises, du chef de l’État, de la diplomatie – qui a opéré dans la discrétion avec beaucoup d’efficacité – a été évidemment décisive. Et cela a incité les autorités turques à prendre la situation de Loup Bureau avec plus de sagesse. Il y a une tendance, dans une période troublée en Turquie, à s’en prendre aux journalistes dès lors qu’ils font un travail indépendant. La Turquie avait peut-être besoin d’entendre de la part des autorités françaises qu’il fallait poser le pied, faire un pas de côté, réfléchir un peu et ne voir rien d’autre que Loup Bureau faisant son travail. En 2013, il n'a fait que tendre son micro à des personnes pour comprendre et faire valoir le droit des citoyens à l’information.

Existait-il des preuves permettant d’étayer les soupçons d’appartenance à une organisation terroriste ?

On a reçu, il y a deux jours maintenant, un acte d’accusation qui est un résumé des charges qui pesaient contre Loup Bureau. On lui reprochait de nouer des contacts, d’avoir fait des recherches sur la zone dans laquelle il était intervenu pour faire son reportage, et d’avoir pris des photos dans le contexte de son reportage. Finalement, on lui reprochait ni plus ni moins que d'avoir fait son travail de journaliste. Je suis satisfait qu’au bout du compte, les autorités turques considèrent que le journaliste Loup Bureau n’est pas assimilable à un terroriste. Si cela n'avait fait aucun doute aux yeux de la Turquie, Loup Bureau n'aurait pas été libéré. La moitié du chemin a été faite avec cette libération. Il va falloir clore ce dossier en confirmant définitivement que Loup Bureau n’est pas un terroriste. Aujourd’hui, cette libération est une étape extrêmement importante dans cette lutte.

"Les autorités turques considèrent que le journaliste Loup Bureau n’est pas assimilable à un terroriste", Martin Pradel

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.