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La scène contemporaine turque mise en lumière aux Rencontres de la photographie d'Arles

"Une colonne de fumée" est le titre de cette exposition réunissant les travaux d’une quinzaine de photographes et d’artistes qui racontent la Turquie d’aujourd’hui. 

Article rédigé par Anne Chépeau - Édité par Noémie Bonnin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Furkan Temir fait partie des jeunes photographes à être exposés aux Rencontres d'Arles. (FURKAN TEMIR/ VII MENTOR PROGRAM / (Libre de droit))

L'une des expositions proposées par les Rencontres de la Photographie d'Arles fait un focus sur une quinzaine de photographes et d'artistes turcs, au travers de l'exposition "Une colonne de fumée". Parmi eux, un jeune photoreporter : Furkan Temir.

Des photos interdites en Turquie

Il n’a pas encore 24 ans, mais son travail a déjà été publié par le New York Times, le Guardian ou Le Monde. À Arles, il présente une série de photos prises au Kurdistan, en 2015 et 2016, à proximité de la frontière syrienne. Des images qu’il ne peut pas montrer dans son pays : "Elles n'ont pas été exposées en Turquie. Certains d'entre elles, je ne les ai même pas mises sur mon site internet. On peut uniquement les voir ici, à Arles. La loi turque nous interdit de montrer certaines réalités", explique le photographe.

Des conditions de travail détériorées depuis la tentative de coup d'État

Le Kurdistan fait justement partie de ces réalités qu’on ne peut pas évoquer. Les photos de Furkan Temir racontent les destructions spectaculaires, le désarroi aussi, qui a suivi les combats entre les rebelles kurdes et l’armée turque. Au-delà du sujet tabou qu’est le Kurdistan, il est aujourd’hui de plus en plus difficile pour le jeune homme de travailler dans son pays. "Je suis photojournaliste depuis huit ou neuf ans, mais depuis la tentative de coup d'État, c'est plus compliqué. Particulièrement pour les photographes étrangers. Pour eux, c'est beaucoup plus dur. De notre côté, nous cachons nos identités. Et nous essayons malgré tout de poursuivre notre travail. Mais ça devient vraiment difficile. On se sent très vulnérable actuellement dans notre pays."

Je n'utilise plus les réseaux sociaux parce que de nombreuses personnes ont été arrêtées pour y avoir exprimé leurs opinions, ou pour avoir posté des photos qu'elles avaient prises.

Furkan Temir

à franceinfo

Cagdas Erdogan expose à Arles son travail sur la face sombre d’Istanbul. (CAGDAS ERDOGAN / (Libre de droit))

Furkan Temir évoque ses amis photographes qui ont été emprisonnés, le français Mathias Depardon et le turc Cagdas Erdogan, dont on peut voir le travail sur la face sombre d’Istanbul dans l’exposition. Furkan Temir sait que montrer ses photos hors de Turquie n’est pas sans risque. "Parfois, si le sujet est risqué, je ne signe pas mes photos. Mais je les publie, parce que je pense que c'est le devoir d'un journaliste de rendre compte de ce type d'événements. Que le photographe signe ou pas, ce n'est pas important. Ce qui compte, c'est qu'il se fasse l'écho de l'histoire contemporaine."

Pour tenter de détourner la censure, certains photojournalistes investissent le champ artistique, privilégiant la création vidéo. D’autres optent pour des livres de photos, d’autres encore finissent par choisir l’exil. Mais Furkan Temir, lui, ne veut pas s’y résoudre.

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