Liberté de la presse : la Turquie prend "un chemin dangereux", estime un rapport du Conseil de l'Europe
Le Conseil de l'Europe publie mercredi un rapport alarmant sur la liberté de la presse et la liberté d'expression en Turquie. Depuis la tentative de coup d'État de l'été dernier, la situation s'est extrêmement dégradée selon l'institution européenne.
La liberté d'expression diminue de jour en jour en Turquie. Déjà dans son rapport annuel de décembre dernier, Reporters sans frontières (RSF) accusait la Turquie d'être devenue la plus grande prison du monde pour les journalistes. Le Conseil de l'Europe en remet une couche, mercredi 15 février, avec un rapport sur la liberté de la presse et la liberté d'expression dans le pays.
Des mesures urgentes sont nécessaires pour rétablir la liberté d’expression en #Turquie https://t.co/Nda8Wrh904 #libertedelapresse
— Nils Muiznieks (@CommissionerHR) February 15, 2017
Son commissaire aux droits de l'homme s'est rendu sur place et évoque une détérioration alarmante. Plus de cent journalistes seraient actuellement emprisonnés en Turquie. C'est quatre fois plus qu'en 2015. 170 médias ont été fermés par le gouvernement et plus d'une centaine de reporters sont en effet emprisonnés.
Des médias muselés et un accès internet restreint
La Turquie s'enfonce sur "un chemin dangereux", note le rapport. D'ailleurs, le résumé de la situation donne froid dans la dos : la justice est aux mains du pouvoir, la pluralité médiatique est quasi inexistante, des journalistes, membres du parlement, intellectuels sont muselés, voire emprisonnés. Quant aux simples citoyens, s'inquiète Nils Muiznieks, le commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, ils ne peuvent pas accéder librement à internet.
Plus de 110 000 sites internet ont été interdits. Les autorités turques détiennent le record de demande de fermeture de Twitter et Facebook.
Nils Muiznieks, le commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europeà franceinfo
Par ailleurs, "des rapports montrent que les autorités turques essayent aussi de ralentir le débit de manière à ce que les gens ne parviennent pas à charger les pages internet, décrit le commissaire. C'est grave, car les habitants n'ont plus confiance dans les médias traditionnels et ils utilisent les réseaux sociaux plus que n'importe où ailleurs."
Le commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe attend une réponse des autorités turques. C'est son troisième rapport sur le pays et jusqu'à présent, Ankara s'est toujours caché derrière la menace terroriste et le coup d'État raté de l'été dernier pour justifier ses actions.
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