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Turquie : les purges continuent au sein de l'État et dans les médias

Les autorités turques ont publié, samedi 29 octobre, deux décrets entraînant la fermeture d'une quinzaine de médias. 10 000 fonctionnaires ont également été limogés. 

Article rédigé par franceinfo - Alexandre Billette
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Des manifestants tenant le journal Cumhuriyet avec le titre "Pustch contre l'opposition" protestent contre l'arrestation des journalistes devant le siège du journal turc, lundi 31 octobre.  (OZAN KOSE / AFP)

En Turquie, les purges se poursuivent. 10 131 fonctionnaires des ministères de la Santé, de l'Éducation et de la Justice ont été limogés, selon deux décrets publiés samedi 29 octobre. Depuis la tentative de coup d'État du 15 juillet, plus de 35 000 personnes ont été arrêtées et plusieurs dizaines de milliers limogées ou suspendues. 

Ces textes ont également entraîné la fermeture d'une quinzaine de médias. La plupart sont basés dans le sud-est à majorité kurde de la Turquie, comme par exemple l'agence de presse DIHA et du quotidien Ozgür Gündem. Tous les deux sont accusés par les autorités d'être proches du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), considérés comme une organisation "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux. 

"Un putsch contre l'opposition"

"Bientôt, toutes les chaînes de télévision feront des retransmissions en direct dès qu'Erdogan se mettra à tousser", a réagi, dimanche 30 octobre, Selahattin Demirtas, le chef de file du Parti démocratique des peuples. "Pourquoi limogent-ils toutes ces personnes ? Parce qu'elles ne prêtent pas allégeance à Erdogan."

Lundi 31 octobre, les autorités ont également émis treize mandats d'arrêt contre les journalistes du dernier grand quotidien d'enquêtes, Cumhuriyet. Plusieurs d'entre eux, dont le rédacteur en chef du journal, étaient en garde à vue lundi matin. Ankara reproche au journal d'avoir "aidé sans en faire partie" le mouvement Gülen, soupçonné d'avoir organisé la tentative de putsch cet été, et le PKK. L'accusation est suffisamment floue pour que tous les opposants au régime actuel puissent désormais se sentir visés. 

Dernier épisode de cette nouvelle purge, les décrets publiés ce week-end permettent au président Erdogan de nommer directement les recteurs des universités du pays. Un "putsch contre l’opposition", comme l'a ironiquement titré le quotidien Cumhuriyet publié lundi matin avant la rafle contre ses propres journalistes.

Les derniers décrets sont "la proclamation du fascisme", a estimé dimanche sur Twitter Selin Sayek-Böke, porte-parole de la principale formation d'opposition, le Parti républicain du peuple (CHP). La Turquie traverse une "sombre période", a-t-elle ajouté.

Nous condamnons cette oppression fasciste.

Serdal Kuyucuoğlu, membre du Parti républicain du peuple (CHP)

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