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Turquie : quatre questions qui se posent après le double attentat d'Ankara

Cette attaque a visé un rassemblement pour la paix organisé par l'opposition dans la capitale turque.

Article rédigé par Benoît Zagdoun
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Un homme fait un massage cardiaque à une victime de l'attentat commis le 10 octobre 2015 à Ankara (Turquie). (ADEM ALTAN / AFP)

Le bilan est encore provisoire. Mais le double attentat qui a visé samedi 10 octobre au matin une manifestation à Ankara est d'ores et déjà l'attentat le plus grave ayant visé la Turquie. La double explosion a fait au moins 95 morts et 246 blessés, selon le ministre turc de la Santé.

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Les autorités turques ont rapidement évoqué la piste "terroriste", à l'instar d'un responsable gouvernemental s'exprimant sous couvert de l'anonymat.  Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a dénoncé une "attaque haineuse" et promis "la réponse la plus forte" contre ses auteurs. Voici les éléments dont on dispose pour l'instant sur l'attentat.

Comment l'attaque s'est-elle déroulée ?

A 10h04, heure locale (11h04 heure de Paris), deux fortes explosions ont secoué les alentours de la gare centrale d'Ankara, où des milliers de manifestants étaient rassemblés.

La chaîne d'information turque NTV a diffusé des images vidéo prises par un amateur montrant des groupes de militants chantant et dansant la main dans la main, avant d'être précipités au sol par la violence de la déflagration.

Cette double déflagration a transformé l'esplanade en scène de guerre, avec de nombreux corps sans vie jonchant le sol au milieu de bannières "Travail, paix et démocratie", et provoqué la panique dans la foule. 

  (ADEM ALTAN / AFP)

La double explosion est vraisemblablement le résultat d'un attentat suicide, a déclaré un haut responsable turc chargé de la sécurité. Des "billes d'acier" ont été retrouvées sur le lieu de l'explosion, selon la correspondante du Monde, à Ankara. Un élément qui atteste "de l'intention de faire un maximum de victimes"

Qui était visé?

Ce attentat a pris pour cible un rassemblement pour la paix, organisé par l'opposition prokurde. Les manifestants étaient venus de toute la Turquie pour dénoncer la reprise du conflit entre Ankara et les rebelles kurdes. Plusieurs syndicats, ONG et partis de gauche avaient appelé à manifester. Et notamment le principal parti prokurde d'opposition, le Parti démocratique des peuples (HDP).

  (ADEM ALTAN / AFP)

Cet attentat est-il lié aux prochaines élections ?

Ce double attentat survient dans un climat de fortes tensions, à trois semaines des élections législatives anticipées.

Lors du scrutin législatif du 7 juin dernier, le parti du président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan a perdu la majorité absolue qu'il détenait depuis treize ans au Parlement, notamment en raison du bon score réalisé par le HDP. Mais après l'échec des négociations pour la formation d'un gouvernement de coalition, il a dû convoquer des élections anticipées pour le 1er novembre.

Après l'attentat, le HDP a aussitôt mis en cause le gouvernement. "Nous sommes confrontés à un Etat meurtrier qui s'est transformé en mafia", a dénoncé le chef de file du HDP, Selahattin Demirtas. La police a été contrainte de tirer des coups de feu en l'air pour disperser des manifestants en colère qui protestaient contre la mort de leurs camarades aux cris de "policiers assassins"

  (ILYAS AKENGIN / AFP)
 

Le conflit kurde peut-il expliquer cette tuerie ?

Cet attentat en rappelle un autre. "C'est comme à Suruç", a commenté un témoin, Sahin Bulut, membre de l'Association des ingénieurs d'Istanbul venu de la principale ville de Turquie pour participer à la manifestation. Le 20 juillet dernier, un attentat suicide attribué au groupe jihadiste Etat islamique avait fait 32 morts parmi des militants de la cause prokurde dans la ville de Suruç, toute proche de la frontière syrienne.

Dans la foulée de cette attaque, les affrontements ont repris entre l'armée et la police turques et les rebelles du PKK, qui ont fait voler en éclat un fragile cessez-le-feu qui tenait depuis mars 2013. Plus de 150 policiers ou soldats ont été tués depuis dans des attentats attribués au PKK, alors que les autorités turques affirment avoir "éliminé" plus de 2 000 membres du groupe rebelle lors de leurs opérations de représailles.

  (REUTERS)
 

Quelques heures après l'attentat d'Ankara, le PKK a annoncé dans un geste d'apaisement la suspension de ses activités avant les élections.

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