Un haut magistrat kurde tué en pleine conférence de presse
Agé de 49 ans,Tahir Elçi était le bâtonnier du barreau de Diyarbakir, grande ville à majorité kurde du sud-est de la Turquie. Cette figure emblématique de la société civile kurde comptait parmi les principaux opposants au président Recep Tayyip Erdogan. Il était notamment en attente d'un procès pour "apologie du terrorisme" après avoir affirmé sur une chaîne de télévision que le Parti des travailleurs du Kurdistan, le PKK, qui dirige la rebellion kurde, "n'était pas une organisation terroriste." Son arrestation en pleine nuit dans son bureau avait soulevé la controverse en octobre, car c'était la première fois en Turquie qu'un magistrat de cette importance était arrêtée ainsi comme un simple malfaiteur. Tahir Elçi avait depuis été remis en liberté sous contrôle judiciaire.
Rappellons qu'après plus de deux années de cessez-le-feu, de violents combats ont repris l'été dernier entre les forces de sécurité turques et le PKK, faisant voler en éclat les pourparlers de paix engagés fin 2012 par le gouvernement turc avec les rebelles kurdes pour mettre un terme à un conflit qui a fait plus de 40.000 morts depuis 1984. Tahir Elçi avait d'ailleurs appelé depuis des mois le PKK à abandonner la lutte armée, seule voie possible pour relancer le processus de paix, disait-il.
Tué par balle au pied d'un minaret
Selon les témoins sur place ce midi, Tahir Elçi a été tué d'une balle en pleine tête alors qu'il tenait un point presse dans le quartier de Sur à Diyarbakir, quartier placé en couvre-feu depuis. Le célèbre avocat kurde entendait attirer l’attention des médias sur les dégâts infligés aux monuments de la ville de Diyarbakir lors des récents combats entre jeunes rebelles kurdes du PKK et forces spéciales turques, raison pour laquelle il s'était installé en pleine rue, à côté d'un minaret vieux de cinq cents ans. A l'issue du point presse, un échange de tirs aurait éclaté entre les forces de l'ordre présentes et un individu non identifié, tuant un policier et blessant au moins deux journalistes. Des rassemblements populaires spontanés de plusieurs centaines de personnes se sont aussitôt formés devant l'hôpital puis la morgue de la ville où Tahir Elçi a été transporté. Les autorités locales ont placé le district de Sur sous couvre-feu.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.