A Washington, les Etats-Unis courtisent l’Afrique
Empêtrés dans les guerres d’Irak et d’Afghanistan, les Etats-Unis ont longtemps porté leur attention sur le Proche-Orient, quitte à délaisser l’Afrique.
Le continent, pourtant, forme chaque année de jeunes industriels qui participent au dynamisme de ses nombreux pays. C’est eux que Barack Obama souhaite aussi séduire en leur déroulant le tapis rouge.
Première étape de ce «US-Africa Leaders Summit» (sommet Etats-Unis/ Afrique) : 500 jeunes entrepreneurs africains sont venus écouter le chef d’Etat américain lundi 28 juillet à Washington.
Espoirs déçus
Alors que l’on pensait que le cœur de la politique étrangère américaine penchait désormais vers l’Asie, la Maison blanche a peut-être souhaité montré de l’intérêt à un continent en pleine émergence avant que la Chine n’ait mis la main sur tous les secteurs clés de son économie. Une façon de lutter, géant contre géant, en terrain neutre.
Pourtant, en ce qui concerne les échanges commerciaux avec les pays africains, les Etats-Unis ne sont que troisième après la Chine et l’Union européenne. C’est un fait, le premier mandat du président américain n’aura pas été spécialement marqué par sa proximité et son engagement dans le développement de l’Afrique.
Et alors que Barack Obama est né d’un père kenyan et d’une mère américaine blanche, il incarnait lors de son élection de 2008 un fort symbole d’espérance pour les plus d’un million d’Africains que comptait le continent en 2008.
Faire face aux troubles
Aujourd'hui, l'Amérique pourrait bien se mordre les doigts d'avoir délaissé ce continent. Plusieurs pays africains ont des taux de croissance à faire pâlir d’envie tout dirigeant européen ou américain. Pourtant, les sources de violences et de mortalité sont loin d’avoir disparues de cette zone.
Le virus Ebola inquiète actuellement les dirigeants des pays d’Afrique de l’Ouest. Apparu en Guinée, il touche désormais la Sierra Leone et le Liberia. Les présidents des deux pays ne participeront d’ailleurs pas au sommet, retenus par la crise sanitaire que traversent leurs Etats. Néanmoins la crise sanitaire qui touche l'Afrique de l'ouest sera abordée à Washington, ne serait-ce que parce qu'une personne infectée a posé le pied aux Etats-Unis cette semaine.
De leur côté, les chefs d’Etats centrafricain, soudanais, érythréen, et zimbabwéen n’ont pas été invités. Difficile de savoir s’il s’agit là d’une mesure restrictive visant à dénoncer le non-respect des droits de l’homme dans ces Etats ou s’ils ne représentent simplement pas des partenaires économiques dignes d’intéresser Washington.
«Une Afrique forte et autonome»
Aux 500 jeunes leaders africains réunis pour l’écouter, Barack Obama a déclaré : «L’Afrique, aussi convoitée qu’elle semble l’être aujourd’hui, n’est utile au monde que forte et autonome».
Faut-il voir là un moyen de prouver aux Africains que, contrairement à la Chine, les Etats-Unis ne s’intéressent pas seulement aux ressources du continent mais cherchent aussi à le développer ?
Vu son retard sur le continent, l’Amérique est de tout manière obligée de jouer les bonnes élèves. Dès le début des années 2000, la Chine avait mis en place le Forum sur la coopération sino-africaine. Ce rendez-vous triennal a eu lieu pour la dernière fois le 19 juillet 2012 à Pékin.
Les Etats africains s’y étaient montrés demandeurs d’investissements chinois aptes à générer des emplois. RFI soulignait d’ailleurs dans un article : «Les investissements dans les matières premières rapportent des bénéfices mais créent peu d’emplois […] Les investissements chinois dans le cuivre en Zambie notamment ont ainsi fini par exaspérer la population zambienne.»
Dans la perspective d’accords économiques importants, le sommet USA/Afrique n’abordera pas la question du respect des droits humains. Une décision que Human Rights Watch regrette fortement et dénonce dans un papier. Ethiopie, Ouganda, Rwanda, Soudan du sud… l’ONG rappelle que le liste des pays africains ne respectant pas ces droits est encore tristement longue.
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