Trois questions sur la publication des milliers de documents relatifs à l’assassinat de JFK (et ceux qui restent secrets)
Si près de 3 000 dossiers ont été rendus publics, Donald Trump a décidé de repousser de six mois la divulgation de certains documents jugés trop "sensibles".
Le suspense dure depuis plus d'un demi-siècle. Que révèlent les milliers de dossiers secrets sur l'assassinat du président américain John F. Kennedy, le 22 novembre 1963, à Dallas ? Une loi américaine datant de 1992 prévoyait que d'ici au vendredi 27 octobre 2017, tous les documents relatifs cet événement, devaient être rendus publics. C'est désormais chose faite... ou presque ! Donald Trump a décidé de repousser de six mois la divulgation de certains documents jugés trop "sensibles".
1Que révèlent les milliers dossiers secrets rendus publics ?
Vendredi 27 octobre, 2 891 dossiers secrets ont été mis en ligne sur le site des Archives nationales américaines. Ces dossiers renferment des dizaines, voire des centaines de milliers de documents encore jamais publiés. Certains remontent à 1962, avant même la mort du 35e président des Etats-Unis. Comme celui contenant un compte-rendu d'une réunion où le chef de la CIA explique que ses services étudient les possibilités de saboter des pièces aéronautiques destinées à être envoyées depuis le Canada à Cuba.
Larry J. Sabato, fondateur et directeur du Centre de sciences politiques à l'université de Virginie, a rapporté les premières trouvailles de son équipe au New York Times. "Un document de la CIA affirme que Oswald [reconnu coupable de l'assassinat par la commission Warren] aurait été accompagné dans son mystérieux voyage au Mexique par 'El Mexicano' en septembre 1963, explique-t-il notamment. Selon un autre document, "El Mexicano" serait Francisco Rodriguez Tamay, le capitaine de l'armée cubaine rebelle en 1957, jusqu'à qu'il face défection pour les Etats-Unis, en juin 1959." De quoi alimenter la piste cubaine.
"Comme attendu, ces documents sont un bazar complet, précise Larry J. Sabato. Les notes manuscrites de la CIA et d'autres sont souvent illisibles. Cela va demander un travail énorme et beaucoup de temps pour les compiler." Les nombreux passionnés de cette affaires devraient passer de longues années à les éplucher.
2Pourquoi certains dossiers sont-ils (encore) dissimulés ?
Quelques heures avant la publication tant attendue des documents, Donald Trump a fait machine arrière. "Le président a décidé de retenir temporairement certaines informations qui pourraient porter atteinte à la sécurité nationale, au maintien de l'ordre ou aux affaires étrangères", ont précisé les Archives nationales américaines.
La plupart de ces demandes sont venues de la CIA et du FBI, selon des responsables de l'administration Trump. Le président américain a donné six mois aux services de renseignement, soit jusqu'au 26 avril 2018, pour éplucher les documents jugés sensibles et en censurer, le cas échéant, les parties les plus délicates.
"Je n'ai pas d'autre choix, aujourd'hui, que d'accepter qu'on les étudie plutôt que de permettre une atteinte potentiellement irréversible à la sécurité de notre nation", a expliqué Donald Trump. Alors, rendez-vous dans six mois ? La nouvelle publication de document pourrait (encore) décevoir les observateurs si les services de sécurité démontrent qu'ils doivent être tenus secrets.
3Quelles sont les théories (plus ou moins farfelues) sur l’assassinat de JFK ?
Le report de la publication de certains documents sensibles risque d'alimenter encore le flot intarissable des théories du complot... Et elles sont nombreuses ! En 2013, encore 61% des Américains doutaient de la version officielle, selon un sondage Gallup (lien en anglais). Dans l'esprit des plus sceptiques Lee Harvey Oswald, reconnu coupable par la commission Warren, n'a pas pu agir seul. Une thèse largement alimentée par son assassinat.
L'une de ces théories fait planer l'ombre de l'extrême droite sur l'assassinat. Lorsqu'il pose le pied au Texas en novembre 1963, JFK est en campagne pour sa réélection. Mais il arrive en terre hostile : l'extrême droite est très virulente dans cet Etat, "avec un Ku Klux Klan bien implanté", précise l'historien André Kaspi au Point. Malgré ce contexte politique tendu, "rien n'a été trouvé pour qu'on dise [que l'extrême droite] était derrière cela", assure Vincent Quivy, auteur du livre Qui n'a pas tué John Kennedy ? (Seuil, 2013), contacté par franceinfo.
D'autres théories évoquent la main de la mafia, l'œuvre de la CIA et du FBI, un coup de Fidel Castro, une machination de Lyndon Johnson, alors vice-président, la faute du chauffeur de Kennedy, un accident... "Personne ne va abandonner sa conviction qu'un complot a été ourdi parce que la publication des dossiers ne le prouve pas, a déclaré Gerald Posner, auteur de Case Closed à l'AFP. Ils diront simplement qu'ils ont été détruits ou dissimulés."
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