Cet article date de plus de sept ans.

Donald Trump prend le risque d’une nouvelle crise financière mondiale

Alors que le monde se remet à peine de la crise financière de 2008, Donald Trump a décidé de démanteler les règles misent en place par Barack Obama pour réguler la finance. En détricotant la loi Dodd-Frank et les mesures imposées après la crise des subprimes, Donald Trump oublie les responsabilités écrasantes des banques américaines dans la faillite de 2008 et prend le risque d'un nouveau krach.
Article rédigé par Michel Lachkar
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
Manifestation contre la présence d'anciens hauts cadres de Goldman Sachs dans le gouvernement Trump. (AFP/ Drew Angerer)

Le président Donald Trump a signé le 3 février 2017 deux décrets visant à revenir sur la loi Dodd-Frank adoptée en 2010 par le Congrès américain. Cette loi de 900 pages se voulait une réponse à la crise des subprimes, ces prêts immobiliers distribués à tout-va dans les années 2000 par les banques américaines. Une fois revendus dans le monde entier, ils furent à l’origine de la crise de 2008 qui a fait chanceler l’économie mondiale.

En 2009, Barack Obama arrive à la Maison Blanche alors que la plus grave crise financière depuis 1929 vient de frapper les Etats-Unis et s'étend au monde entier. Dans l'urgence, l'administration américaine élabore un ensemble de lois visant réformer le secteur financier, après la folle dérégulation des années Reagan.
 
Ces lois connues sous le nom de Dodd-Frank Act (2010) avaient pour objectif de sécuriser les banques, limiter les excès spéculatifs de Wall Street et mieux protéger les petits épargnants et les consommateurs américains contre les ventes abusives de crédits et de cartes bancaires.
 
Eviter une nouvelle crise financière
Cette loi Dodd Frank avait pour but d’éviter une nouvelle faillite bancaire à la Lehman Brothers, finalement payée par les contribuables américains et européens.
L’idée principale était de rendre les banques plus solides en leur imposant des niveaux de capitalisation plus élevés et en leur faisant passer régulièrement des tests de résistance.
 
Elle visait aussi à limiter les activités spéculatives des banques et éviter les situations de conflits d’intérêts comme en 2007, où certains établissements conseillaient à leurs clients d’acheter des produits financiers (les fameux subprimes) alors que dans le même temps ils spéculaient à la baisse sur ces mêmes produits.

Cette loi oblige également les compagnies cotées à la bourse américaine à publier toutes les sommes qu’elles versent aux gouvernements des pays producteurs de pétrole ou de gaz: taxes, royalties, droits de production, primes, etc. Cette disposition anti-corruption, qui imposait une meilleure transparence dans la délivrance et dans la gestion des concessions minières, vient d'être abrogée par le nouveau pouvoir américain.

Une décision ainsi justifiée par Gary Cohn, directeur du Conseil économique national à la Maison Blanche, ancien N°2 de Goldman Sachs: «Nous pouvons avoir, et aurons, une position dominante sur le marché mondial tant que nous ne nous mettrons pas nous-mêmes à l’écart, en raison de la réglementation.» En clair, selon M.Cohn, l’Amérique a des concurrents qui ne s’embarrassent pas de ces règles anti-corruption, alors pour rester compétitive, elle doit pouvoir faire de même.
 

Si la loi Dodd Franck a rendu le système bancaire américain plus solide en le contraignant à prendre moins de risques, les républicains lui reprochent sa trop forte réglementation. Dans un entretien au Wall Street Journal, Gary Cohn confirme que la nouvelle administration veut «déverrouiller ce système qui n’avait consisté qu’à entasser du capital».
 
Plus de risques
Donald Trump entend permettre un crédit plus facile aux entreprises américaines, avec des clients incités à prendre plus de risques. Au total, plus de crédit, plus de risques, moins de surveillance et moins de fonds propres bancaires.
 
Dans le même temps, le président américain remet en cause l’indépendance de la Réserve Fédérale et vise à la mettre au pas. Il va bientôt nommer trois gouverneurs (3 sièges vacants) qui répondront plus à ses vues et soutiendront le Congrès qui veut mettre la FED sous surveillance.
 
La Fed a deux objectifs principaux: maintenir l’inflation autour des 2% et surtout la stabilité et la solidité du système bancaire et financier. La crise de 2008 a mis à égalité ces deux objectifs. En fait, vouloir revoir la loi Dodd-Frank est le début d’une attaque contre présidente de la Fed Janet Yellen qui entend maintenir une politique de dollar fort (hausse des taux), alors que Trump veut lui faire baisser le dollar afin d'améliorer les marges des exportateurs américains de la vieille industrie.

La remise en cause de la FED et l'allégement de la réglementaition des banques ne sont pas sans danger. La crise financière de 2008 pourrait donc un jour se réécrire.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.