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Etats-Unis: Al Capone, par-delà la légende de Scarface
Il y a tout juste 70 ans, le 25 janvier 1947, mourrait le fameux gangster américain Al Capone à l’âge de 48 ans. D’origine italienne, celui que l’on surnommait Scarface, «le balafré» (en raison de cicatrices sur la joue), a monté un véritable empire à Chicago, grâce notamment à la prohibition de l’alcool.
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Aujourd’hui encore, le Federal Bureau of Investigation (FBI) lui consacre une page sur son site, rappelant le rôle joué par l’institution dans la fin de la carrière du truand.
Venus de Naples en 1894, ses parents s’étaient installés à New York. Alors que nombre de gangsters de la ville «venaient de familles pauvres, ce n’était pas le cas d’Al Capone», né en 1899, observe le site biography.com. De fait, son père était barbier.
Mais le jeune Al est turbulent. A 14 ans, il est exclu d’une institution catholique pour avoir frappé une enseignante. A cette époque, il rencontre Johnny Torrio, son mentor dans le milieu du crime, qui le fait entrer dans son gang. Torrio lui apprendra notamment l’importance, pour un truand, «de garder une façade de respectabilité», rapporte biography.com.
En 1918, Capone se marie avec une Irlandaise de la classe moyenne, Mae Coughlin. Et déménage à Baltimore pour y exercer le métier de comptable dans une société de construction. La respectabilité, déjà…
Alcool prohibé
Deux ans plus tard, le Sénat des Etats-Unis vote la Prohibition. Laquelle interdit la fabrication, le transport et la vente des boissons alcoolisées. Mais pas leur consommation!
La disposition, inscrite dans le XVIIIe amendement de la Constitution, ouvre un boulevard à la mafia. «Les populations urbaines, en particulier dans le nord-est du pays, (résistent) à l’interdiction. A New York, par exemple, on (compte) plusieurs dizaines de ‘‘speakesies’’, les fameux bars clandestins», rapporte Les Echos. Sans parler des distilleries clandestines.
Les profits sont considérables. Parti pour Chicago, Johnny Torrio fait appel à Capone pour l’aider à diriger ses «activités». L’occasion pour ce dernier, aidé par ses frères Frank et Ralph, de déployer tous ses talents.
Il sait se créer de solides contacts au sein de la police et de la justice, tout en manipulant les élections et les électeurs. Par la terreur, la violence et le kidnapping si nécessaire.
En 1925, Torrio, grièvement blessé lors d’une fusillade, lègue ses affaires à Scarface. Celui-ci se met à fréquenter la presse. Tout en n’hésitant pas à se montrer… à l’opéra. Portant beau avec des costumes à 5000 dollars pièce, «il entend être vu comme un homme d’affaires respectable et un notable», décrit biography.com.
«Le plus grand chef de gang de l’Histoire»
«De 1925 à 1932, au plus fort de la prohibition, Al Capone est le patron de l’industrie du vice à Chicago», note le site histoiredumonde. Le chiffre d’affaires de son empire avoisine les 105 millions de dollars par an (dont 30 millions sont réservés pour soudoyer la police…). Il contrôle plusieurs centaines de bars clandestins et tripots, et des dizaines de maisons de passe. Sans compter les distilleries et les brasseries. Mais aussi… des poissonneries et des boucheries. La respectabilité toujours…
En 1928, il part pour Miami avec sa femme et son fils et s’y achète une propriété (sur l’île très chic de Palm Island) qu’il rénove à grands frais. Même si la présence de celui que le New Yorker appelle «le plus grand chef de gang de l’Histoire», ne plaît pas à tout le monde…
Peu importe. Car «ses méthodes d’intimidation sont telles que, faute de témoins à charge, il n’est jamais poursuivi, même pour des crimes notoires», rapporte histoiresdumonde.
Pour autant, il a des ennemis. Et doit faire face à des rivaux. En février 1929, le jour de la Saint-Valentin, sept membres d’un gang adverse sont attirés dans un guet-apens par des hommes de Capone et abattus de sang-froid. Le «massacre de la Saint-Valentin», qui fait les choux gras de la presse, nuit à son image. Une image qu’il s’efforce d’améliorer… en ouvrant une soupe populaire à Chicago pendant la «Grande dépression».
Arme fiscale
Mais la chance a tourné. Et le vernis de la respectabilité se craquèle. A la Maison Blanche, le président Herbert Hoover demande qu’on le jette en prison. Les autorités vont utiliser l’arme fiscale. Notamment un arrêt de la Cour suprême stipulant que les revenus de la contrebande d’alcool sont imposables.
Le département du Trésor met sur le coup de jeunes agents que la presse appellera par la suite les «Incorruptibles» (The Untouchables). L’étau se resserre. Les enquêteurs ne sont pas en mesure de prouver les meurtres, les trafics, les rackets. Mais ils relèvent que les dépenses du truand excèdent largement ses revenus déclarés.
En 1931, Al Capone est inculpé de fraude fiscale. Quand le juge arrive dans la salle du procès en octobre de la même année, il demande le remplacement du jury par un autre, dont les membres sont déjà présents physiquement dans le tribunal. Histoire d’éviter toute pression… Le gangster, qui tente de se faire passer pour un Robin des Bois des temps modernes, est alors condamné à 17 années de prison, dont 11 fermes. En 1934, il est transféré au sinistre pénitencier d’Alcatraz.
Atteint de syphilis, il voit sa santé se dégrader progressivement. Sa peine ayant été réduite, il rentre à Palm Island où il meurt le 25 janvier 1947 à l’âge de 47 ans.
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