Etats-Unis : en Pennsylvanie, les républicains redoutent que les débats sur l'avortement perturbent les élections de mi-mandat
Alors que les manifestations pro et des anti-avortement se multiplient dans le pays, les deux candidats de la primaire évitent soigneusement le sujet. Le parti lui-même est divisé dans cet État stratégique pour obtenir la majorité au Sénat. Reportage en Pennsylvanie.
Katie Barnett passe entre les tables de la salle des fêtes de Southampton, banlieue nord de Philadelphie, dimanche 15 mai. EIle remercie la centaine de supporteurs venus soutenir sa candidature au Sénat des États-Unis pour la primaire du parti Républicain. Aucune mention de sa position sur l'avortement dans son propos. Mais tous, comme Richard, tee-shirt à son effigie et casquette Trump, connaissent son histoire personnelle : "La mère de Katie Barnett a malheureusement été violée lorsqu'elle avait onze ans et elle est issue de ce viol. Sa mère n'a pas avorté. Et elle est donc pro-vie".
L'avortement, autorisé en Pennsylvanie jusqu'à 24 semaines de grossesse, divise à nouveau le pays, pro et anti-IVG multipliant les manifestations ces dernières semaines. À l'origine de cette mobilisation, la fuite d'un projet de la Cour suprême qui envisage de revenir sur le droit à l'interruption volontaire de grossesse, pourtant garanti par une jurisprudence de 1973. Si le texte était voté, la plus haute instance juridique du pays pourrait laisser le choix à chaque État de légiférer à sa convenance sur ce sujet.
La peur d'un parti divisé
Hymne, prière... Bienvenue dans ce hangar polyvalent à Lititz, comté de Lancaster, en plein pays Amish, cette communauté religieuse qui refuse le progrès technique. Nous sommes venus écouter ici un autre candidat républicain, l'homme d'affaires Dave McCormick, qui lui non plus ne parle pas des fuites de la Cour suprême sur l'IVG.
Diana, Catholique – comme un adulte sur cinq en Pennsylvanie – espère que le sujet ne divisera pas son camp : "Je pense que cette fuite a été planifiée comme un moyen d'amener la gauche à se rassembler, à inciter les gens à aller voter. Ils disent que la communauté gay sera la prochaine. C'est drôle qu'il y ait eu une fuite juste avant ces primaires." Tout cela sert, selon elle, à détourner l'attention du problème numéro un, l'inflation.
Pour Rud, l'avortement gêne une bonne partie des électeurs républicains. D'où la discrétion des candidats : "Je pense qu'il y a un bon pourcentage de républicains qui ne sont pas nécessairement fortement pro-avortement mais qui ont un problème avec le fait de dire aux femmes ce qu'elles peuvent ou ne peuvent pas faire". Trump a perdu la Pennsylvanie de 80 000 voix à la dernière présidentielle. C'est l'un des États qui pourrait déterminer quel parti contrôlera le Sénat à Washington après les élections de mi-mandat en novembre.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.