Cet article date de plus de neuf ans.
Etats-Unis: plainte contre le président birman pour le «génocide» des Rohingyas
Alors que la campagne des législatives du 8 novembre 2015, les premières élections libres depuis 25 ans, se déroule dans le calme, le président birman est visé par la plainte d’une vingtaine d’organisations musulmanes américaines. Lesquelles accusent Thein Sein et d'autres membres de son gouvernement de crimes contre la minorité Rohingya qui s'apparentent, selon elles, à un «génocide».
Publié
Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Cette action en justice, déposée à New York le 1er octobre 2015, a été rendue possible par la loi Alien Tort Statute, qui permet à des citoyens étrangers de réclamer des dommages pour des violations des droits de l'Homme commises en dehors du territoire américain.
Selon le texte de la plainte, les Rohingyas, considérés par l'ONU comme l'une des minorités les plus persécutées au monde, sont «les cibles principales de crimes de haine et de discrimination qui s'apparentent à un génocide nourri par les moines bouddhistes nationalistes extrémistes et le gouvernement de Thein Sein». Les Rohingyas sont «brutalement persécutés en raison de leur foi et de leur appartenance ethnique», poursuit-il.
Le cabinet qui a déposé la plainte au nom de 19 organisations musulmanes a estimé que Thein Sein devait être tenu responsable: «Quand un génocide aura été reconnu, cela devient la responsabilité de l'administration américaine de poursuivre ceux qui en sont responsables parce que c'est une convention internationale que les Etats-Unis ont signée.»
De nombreux Rohingyas ont fui le pays, causant une crise migratoire dans toute la région. Les quelque 1,3 million vivant en Birmanie n’en ont pas la citoyenneté et sont considérés comme des immigrés clandestins du Bangladesh.
Apatrides (seuls les groupes ethniques pouvant faire la preuve de leur présence sur le territoire avant 1823 peuvent obtenir la nationalité birmane), ces musulmans sunnites sont victimes de discriminations: travail forcé, extorsion, restrictions à la liberté de mouvement, absence de droit de séjour, règles de mariage particulières et confiscation des terres, notamment. Ils ont également un accès limité à l'éducation et aux services publics.
La réaction de la présidence birmane ne s’est pas faite attendre: «La Birmanie n'est pas un vassal de l'Amérique. Je ne vois pas comment la Birmanie pourrait être conduite devant un tribunal fédéral en Amérique.»
Quoi qu’il en soit, à l’heure des élections, le sort des 131 minorités ethniques peut composer une des clés du scrutin. Si les Rohingyas ne sont pas des citoyens birmans, ce n’est pas le cas de toutes les autres ethnies reconnues. Les quelque 90 partis enregistrés pour le scrutin ne s’y sont pas trompés : les deux tiers disent en effet les représenter, d'après une étude du Transnational Institute. De quoi laisser un peu d’espoir aux Rohingyas, parias parmi les parias, qui trouveront peut-être enfin une voix pour les représenter.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.