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Etats-Unis : à Scranton, ville natale de Joe Biden, on peine à croire au plan de relance du président élu

Ville emblématique de la classe ouvrière et ville natale de Joe Biden, Scranton est plongée dans un marasme économique dont il sera difficile de se sortir selon les habitants que franceinfo a rencontrés.

Article rédigé par Claude Guibal
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Joe Biden, à Scranton, auprès de ses supporters lors du scrutin présidentielle, le 3 novembre 2020. (ANGELA WEISS / AFP)

À quelques jours de son investiture à Washington, aux États-Unis, Joe Biden a dévoilé jeudi 14 janvier la première étape de son vertigineux plan de relance économique : 1 900 milliards de dollars, soit 1 563 milliards d’euros, destinés à provoquer un véritable électrochoc pour relancer la consommation et sortir les catégories les plus pauvres et les travailleurs du marasme lié à l'épidémie de Covid-19. Franceinfo s’est rendu à Scranton, la ville natale du président élu, une ville ouvrière, de laquelle il se réclame en permanence.

Avec sa jupe rose, au milieu de la neige sale, Sue a les doigts rougis par le froid. Elle virevolte au milieu des sacs d'oignons, des pommes de terre. À ses côtés, il y a Joseph Davis : "On est au 499 Mulberry street, et ça c'est de la nourriture que l'Armée du Salut amène de temps en temps, c'est pour les gens de l'immeuble", explique-t-il. Les files d'attente pour la nourriture n'ont jamais été aussi longues. Beaucoup ici ont perdu leur travail. 

"Les gens ont perdu leur maison, ils ne savent pas quoi faire, nourrir les enfants ou payer les médicaments, payer les traites de la voiture ou les factures d'électricité."

Sue, habitante de Scranton

à franceinfo

Aux Etats-Unis, l'épidémie de coronavirus a fait sombrer huit millions de personnes dans la pauvreté et 50 millions d'Américains sont désormais en insécurité alimentaire. Sue vit au huitième étage et Joseph au second. A 65 ans, elle travaille au guichet d'un parking. Lui vient tout juste de prendre sa retraite, il était employé dans un hôpital. Ils ne sont pas "les plus à plaindre", disent-ils, puisqu'ils ont cotisé chacun pour une assurance maladie, et paient leur loyer. A Noël, Joseph s'est offert un repas à 12 dollars chez Abe, le delicatessen du coin. Mais il n'y a plus grand monde au milieu des tables en formica. "Il y avait quatre serveuses ici, malheureusement on a dû s'en séparer", raconte le patron, Angelo. "Le salaire d'une serveuse doit être de 3 dollars par heure, et il faut rajouter les pourboires."

Des promesses difficiles à tenir

Joe Biden en a fait la promesse, le salaire minimal fédéral, à 7,5 dollars, devrait passer à 15 dollars. Son gigantesque plan de relance prévoit l'envoi d'un chèque de 1 400 dollars à 80% des foyers. Pour Jack, qui habite Scranton, ce plan pour donner un coup de fouet hors norme à la consommation américaine est de la pure folie. "Je ne pense pas que les entreprises américaines pourront se permettre de payer de tels salaires. Surtout les petites boites. Tout le monde ne peut pas se permettre ça", dit-il.

Je sais que l'on va payer énormément d'impôts. Le coût de l'énergie va grimper, pareil pour l'essence, le gaz, plein de choses vont augmenter. Les gens devront faire avec.

Jack, un habitant de Scranton

franceinfo

Joe Biden avait 10 ans quand il a quitté Scranton, lorsque son père est parti après avoir perdu son travail. Il n’a jamais oublié ses mots : "Un travail c'est plus qu'un chèque à la fin du mois. C'est une question de dignité."  

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