La convention républicaine frappée par la tempête Palin
Les organisateurs avaient décidé d'annuler la plupart des événements prévus lundi pour l'ouverture de la convention qui doit désigner officiellement jeudi John McCain, candidat des républicains à l'élection présidentielle de novembre. Le sénateur d'Arizona avait enjoint ses supporters à se comporter "comme des Américains et non des républicains" et la prise de parole de George W. Bush avait elle aussi été annulée pour cause de déplacement présidentiel au Texas, auprès des secours. McCain pouvait ainsi endosser le costume du gestionnaire de crise qu'il apprécie tant... et profiter de la mise sur la touche d'un président sortant dont il cherche à tout prix à se démarquer. Mais après avoir été balayé de la scène médiatique par l'ouragan Gustav, c'est désormais sa colistière qui souffle la vedette au candidat républicain.
D'embarrassantes casseroles
Depuis hier, John McCain doit faire face à une autre tempête, politique celle là, provoquée par la divulgation de plusieurs informations, aux conséquences électorales potentiellement dévastatrices pour Sarah Palin. La semaine dernière, le choix de cette jeune inconnue de 44 ans comme numéro 2 du ticket républicain avait été accueilli comme une preuve d'audace. Mais le vent a tourné et dans le camp républicain, beaucoup considèrent que cette nomination est purement et simplement suicidaire.
Sarah Palin ne sera pas restée inconnue longtemps. La presse américaine passe au crible la biographie de la gouverneure d'Alaska. Et le tableau est moins idyllique qu'annoncé : Mme Palin, farouche défenseur de l'abstinence sexuelle avant le mariage, a ainsi annoncé que sa fille mineure et célibataire était enceinte. Autre épine dans le pied de la colisitière et de son idéal de famille parfaite : la presse a exhumé de vieux rapports de police selon lesquels son mari a été arrêté il y a une vingtaine d'années pour conduite en état d'ivresse. Plus grave : contrairement à la biographie officielle, Sarah Palin n'a pas commencé sa carrière politique chez les républicains, mais au sein d'un parti sécessionniste, l'Alaska Independence Party. On est loin des valeurs d'unité nationale prônées par le sénateur d'Arizona. Et pour achever le tableau, le Washington Post a révélé que la colisitière de McCain, héraut de la lutte contre la corruption, devait une bonne partie de son ascension politique à un sénateur convaincu de... corruption. Par ailleurs, Sarah Palin est sous le coup d'une enquête parlementaire de son Etat sur un supposé délit d'influence.
Bush en sauveur, Obama en arbitre
Alors pour essayer de détourner l'attention de la colistière devenue embarrassante, les responsables de la convention ont fait appel à celui dont l'absence lundi était accueillie avec soulagement : George W. Bush a adressé un court message aux délégués républicains dans la soirée via une liaison satellite. Parmi les autres intervenants de la soirée, Joe Lieberman, colistier d'Al Gore en 2000 et un temps pressenti comme numéro 2 de McCain. Ou encore Fred Thompson, acteur vedette de la série télé "New York District" et candidat malheureux à l'investiture républicaine. Les interventions de ces "losers" détourneront-elles l'attention des médias de Sarah Palin ? Pas sûr.
Dans le camp adverse, on ne fait aucun commentaire, mais on compte les points... dans les sondages : USA Today donnait hier matin sept points d'avance à Barack Obama (50% contre 43%).
Anne Jocteur Monrozier
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