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Violences policières, plan social chez Renault, candidature écolo à la présidentielle... : l'écologiste Julien Bayou, invité de Questions politiques

L'écologiste Julien Bayou, invité de l'émission Questions politiques de France Inter, franceinfo et Le Monde dimanche 7 juin, a notamment déploré que le pacte républicain se soit "fracturé" sur les questions de violences policières et de violences à l'égard des forces de l'ordre.

Article rédigé par franceinfo
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Julien Bayou, porte-parole d’Europe-Ecologie-Les verts, sur franceinfo. (archives août 2018) (JEAN-CHRISTOPHE BOURDILLAT / FRANCEINFO)

"Le président Emmanuel Macron devrait avoir une parole et reconnaître ces faits de violence", déclare le secrétaire national d'Europe-Ecologie-Les-Verts Julien Bayou dans l'émission Questions politiques de France Inter, franceinfo et Le Monde dimanche 7 juin. Pour l'écologiste, le président devrait aussi "peut-être insister sur le fait que ça génère des violences inqualifiables et impardonnables en retour à l'égard des policiers et policières." "C'est le minimum !" , s'exclame Julien Bayou.

"Pour quelqu'un qui prend parole sur tout et n'importe quoi... , ironise Julien Bayou. Il traverse la rue pour trouver un emploi, il a des paroles sur tout de manière parfois complètement incohérente, et là, sur un sujet majeur de sécurité, régalien, alors que le pacte républicain se fracture sur ces questions de violences policières et de violences à l'égard des policiers et des policières.

On sait que les policiers et policières ont un [fort] taux de suicide… D'où le président n'aurait rien à dire là-dessus ? Et pourquoi est-ce qu'on laisserait Christophe Castaner enfiler les poncifs ? C'est incroyable !

Julien Bayou

à franceinfo

À ses yeux, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner n'est "pas du tout à la hauteur puisqu'il déniait, comme ses prédécesseurs" l'existence des violences policières. "Le rôle d'un ministre de l'intérieur n'est pas de protéger les syndicats de policiers contre l'opprobre, selon un soi-disant complot ou je ne sais quoi, mais de sanctionner très durement tous les dérapages, les exactions, les bavures, pour redonner à l'ensemble des policiers et des policières qui font leur travail correctement, dignement, le lustre, l'honneur de la protection de la population", rappelle-t-il.

Julien Bayou estime que le maintien de l'ordre "s'est dégradé" depuis le début du mandat d'Emmanuel Macron car il "a brusqué la population, là où il se prétendait être un rempart contre le Front national et apaiser la situation". "On attendait un acte 2 sur la justice sociale, on a eu une réforme des retraites qui est injuste. Et cela dégénère en manifestations et la technique du maintien de l'ordre est en cause. Quand le 1er mai, les policiers traversent le cortège, cela génère de la tension", explique-t-il.

"Il y a un déni en France des violences policières"

 Julien Bayou affirme qu'il "y a un déni en France des violences racistes, des violences policières". "Cela fait 15 ans qu'il y a eu ce drame de Zyed et Bouna qui sont morts après une course-poursuite de la police. Aujourd'hui, ce qui a changé, c'est que les violences sont filmées et donc on a pu voir des cas terribles", explique-t-il, "l'enjeu n'est pas de découvrir des violences, c'est de constater qu'elles sont là et que ce n'est pas nouveau", la "question est d'ouvrir les yeux", dit-il encore. L'écologiste regrette qu'en "général, malheureusement, on ne cherche pas les responsables".

Il est très difficile d'avoir les rapports de l'Inspection générale de la police nationale et on n'a pas le sentiment qu'il y a une sanction. Et cela jette le discrédit sur l'ensemble des forces de l'ordre...

Julien Bayou

à franceinfo

Julien Bayou estime que "l'enjeu, c'est de pas être aveugle ou volontairement aveugle vis-à-vis de ces questions. Le Défenseur des droits Jacques Toubon a fait une étude dans un commissariat du 12e arrondissement où c'est très clair, il y a un racisme, des discriminations systémiques à l'encontre de certains ados d'un quartier populaire du 12e arrondissement. Qu'est-ce qu'on fait et qu'est-ce qu'on dit ? Non, ce serait vraiment trop compliqué pour notre modèle français etc. ? Ou on dit Ok il y a un problème. Que fait on dans ce commissariat ? Des sanctions et de la formation". "Je suis tombé sur le témoignage de Gabriel, un jeune adolescent qui a été abîmé littéralement, parce qu'il a été maltraité", poursuit-il. "C'est insupportable, littéralement insoutenable. Comme l'est le podcast sur Arte qui révèle des phrases horribles" dites par des policiers, cite-t-il en exemple.

"Il y a des personnes qui trahissent les valeurs de la police et trahissent les valeurs républicaines de liberté, égalité, fraternité, qui sont dans l'impunité, qui ne sont pas sanctionnées et cela jette le discrédit sur l'ensemble des policiers et des policières, mais cela les met en danger", assure-t-il, expliquant que "ça fracasse le rapport de confiance..."

"Est-ce que nos impôts vont financer des pertes d'emplois ?"

Au sujet de l'usine Renault de Choisy-le-Roi, Julien Bayou s'interroge : "Pourquoi fermer cette usine ? Pourquoi est-ce que nos impôts vont financer des pertes d'emplois ?" Il dénonce la fermeture de ce site "qui était le plus en pointe dans l'économie circulaire, le fait de réparer les moteurs". Alors que des centaines de personnes ont manifesté hier pour protester contre cette fermeture, il dénonce le manque de garanties exigées selon lui par le gouvernement, qui finance pour plusieurs milliards d'euros la reprise économique du secteur automobile : "Il n'y a aucun gage. Cinq milliards pour l'automobile et l'aérien, il n'y a aucune contrepartie sociale."

Plus largement c'est, selon Julien Bayou, toute la politique écologique du gouvernement qui laisse à désirer. "Emmanuel Macron c'est le "en même temps et on n'agit pas", considère-t-il. Le secrétaire national d'EELV regrette surtout les promesses faites, dont il ne voit aujourd'hui pas la traduction en actes. "Qui peut encore croire Emmanuel Macron ?" interroge-t-il, prenant l'exemple du Grand débat lancé lors de la crise des 'gilets jaunes' : "Il y a eu 500 000 contributions sur l'environnement, rien à la fin." Une absence de mesures concrètes que Julien Bayou étend au-delà de la politique écologique. Selon lui, "il y a eu des promesses phénoménales de la part d’Emmanuel Macron. Il parlait d'assignation à résidence sociale et par la suite, il s'est empressé de déchirer le plan banlieues de Jean-Louis Borloo."

"Il y aura une candidature écolo à la présidentielle"

"Il y aura une candidature écolo à la présidentielle", affirme le secrétaire national d'Europe-Ecologie-Les-Verts (EELV) Julien Bayou dans l'émission Questions politiques de France Inter, franceinfo et Le Monde ce dimanche. Sans dire si cette candidature sera ou non EELV, il assure que les écologistes veulent "conquérir et exercer le pouvoir, et même le rendre en partie aux citoyennes et aux citoyens". Une ambition présidentielle afin "d'éviter un deuxième tour Marine Le Pen / Emmanuel Macron." Pour le secrétaire national d'EELV, "ça n'apporterait rien de bon au pays, et Emmanuel Macron peut perdre. C'est peut-être même le seul qui peut perdre ce rendez-vous." Il ne donne néanmoins que peu de précisions sur la désignation du candidat ou de la candidate : "Le calendrier n'est pas arrêté. Nous en discuterons en juillet, en août. La désignation devrait intervenir après les régionales."

Julien Bayou appelle, en vue des futurs scrutins, à un rassemblement sous la bannière écologiste de celles et ceux qui partagent les trois engagements qui fondent selon lui la doctrine d'EELV en matière d'écologie : "Environnement, justice sociale et démocratie". Ce qui conforte les ambitions présidentielles d'EELV, c'est avant tout les bons résultats enregistrés lors des dernières élections européennes.

Aux européennes, nous avons réalisé une percée. 13%, c'est historique pour l'écologie. Mais cela reste extrêmement modéré pour peser sur la destinée du pays.

Julien Bayou

à franceinfo

Le premier secrétaire d'EELV rappelle toutefois que l'heure n'est pas encore à la présidentielle. "Notre enjeu le 28 juin, c'est de concrétiser cette implantation", affirme-t-il, au sujet des élections municipales reportées. "Nous avons des maires écolos qui ont été réélus ou ont frôlé la réélection au premier tour", dans des villes comme Lyon, Besançon, Grenoble et Strasbourg. L'objectif derrière cette stratégie municipale ? "Faire au niveau local ce que Macron n'engage pas sur la démocratie, la justice sociale et l'environnement."

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