: Vidéo "On est coincés, on ne peut pas faire d’affaires" : en Iran, les commerçants souffrent du rétablissement des sanctions américaines
Le 40e anniversaire de la Révolution islamique en Iran intervient dans un contexte économique difficile, depuis la décision de Donald Trump de sortir de l'accord international sur le nucléaire iranien de 2015.
Les allées du bazar d’Ispahan sont désertes, en ce mois de février. Ce n’est pas la haute saison mais les marchands l’assurent : les touristes sont de moins en moins nombreux. "Les affaires vont mal", confie Amir, un vendeur de tapis persans.
L’Iran célèbre le 40e anniversaire de la Révolution islamique. C’est en février 1979 que l’ayatollah Khomeini a fait son retour en Iran pour devenir le premier Guide de la République islamique. Mais cet anniversaire intervient dans un contexte difficile pour l’Iran. Le pays souffre très durement du rétablissement des sanctions américaines depuis le retrait des États-Unis de l’accord sur le nucléaire l’an dernier.
Le rial iranien a perdu en un an les deux tiers de sa valeur face au dollar : "On est bloqués, coincés, on ne peut pas faire d’affaires. Le système que vous voyez ici, Visa, Mastercard, tout ça ne marche plus donc on ne peut rien vendre."
Les transactions en dollars sont en effet interdites en raison des sanctions américaines et aucune entreprise européenne n’ose défier les États-Unis. Dans son atelier de gravure sur cuivre, Javad se lamente lui aussi : "Notre métier est tel que nous devons être totalement connectés avec le monde. C’est notre seul moyen d’exporter nos produits artisanaux."
Le retrait des entreprises étrangères aux conséquences "catastrophiques"
En ce 40e anniversaire de la Révolution islamique, Javad blâme les "mafias", qui se sont succédé au pouvoir et se sont enrichies sur le dos des Iraniens. Mais les commerçants et les hommes d’affaires déplorent surtout le rétablissement des sanctions américaines : "La conséquence économique est catastrophique, personne ne s'en cache", estime Baki Maneche, associé fondateur d'un cabinet de conseils juridique à Téhéran.
Le retrait des entreprises étrangères, essentiellement européennes, qui avaient pris une très belle place dans l'économie iranienne, est gravement ressenti.
Baki Manecheà franceinfo
L’Europe vient de mettre en place un système de troc sophistiqué afin de poursuivre les échanges entre sociétés iraniennes et européennes, mais peu de secteurs sont concernés. "On va vers un premier mécanisme extrêmement 'light', où vous allez avoir des échanges uniquement de produits non sanctionnés par la législation américaine. Cela veut dire que les Iraniens vont vendre non pas du pétrole mais des produits qui ne sont pas sous sanctions, agroalimentaires, médicaux, pharmaceutiques éventuellement. Les Européens vont faire la même chose. Économiquement, les effets vont être extrêmement limités", explique l'homme d'affaires.
Grâce à ce système, l’Europe envoie toutefois un message politique à l’Iran. De son côté, Téhéran espère une levée des sanctions après, peut-être, un départ de Donald Trump de la Maison Blanche.
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