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Présidentielle américaine: Hillary Clinton à la conquête des femmes

Pour sa deuxième campagne présidentielle, Hillary Clinton ne négligera aucun de ses atouts. Parmi eux, le fait d'être une femme. Son programme politique, axé sur des thématiques qui concernent l'électorat féminin, devrait lui faciliter la tâche.
Article rédigé par Falila Gbadamassi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Capture d'écran réalisée le 13 avril de la vidéo de l'annonce de la candidature d'Hillary Clinton. (AFP/HILLARY FOR AMERICA)

«N’avez-vous pas envie de voir une femme devenir Présidente des Etats-Unis?» Cette question «innocemment» posée en mars 2015 par Hillary Clinton lors du 30e anniversaire de la liste Emily (Emily List) – un comité dont le but est de faire élire des femmes progressistes pro-avortement – en dit long sur les enjeux de sa future campagne. Hillary Clinton, 67 ans, s’est officiellement déclarée le 12 avril 2015 candidate à la présidentielle américaine de 2016. Contrairement à sa première campagne, huit ans plus tôt, elle compte faire le plein des voix du côté de l’électorat féminin. 


De l’avis des experts, la démocrate avait évité de jouer la «women card» (la carte «femme») face au candidat Barack Obama. Cette fois-ci, elle ne s’en privera pas, selon son entourage. Objectif: faire oublier cette image de femme froide qui l'a poursuivie en 2008 et la réputation peu engageante que lui font ses adversaires républicains en la dépeignant comme éloignée du quotidien des Américains. Avec subtilité, elle tentera de faire le lien entre femmes, familles et économie. Un agenda politique cohérent avec ses convictions d'ancienne militante pour la cause féminine, d'ex-première dame défendant la réforme de l'assurance-maladie ou encore de secrétaire d'Etat plaidant la cause du genre à travers le monde.  


Question d'image et vrai enjeu politique
Sa propre expérience de femme, de mère, de grand-mère, celle de sa fille Chelsea avec laquelle elle a lancé le projet «No ceilings» (référence à tous les plafonds de verre dont sont victimes les femmes) au sein de la Fondation Clinton, et même des anecdotes sur son apparence se mêlent déjà à des problématiques qui touchent directement les femmes. Contrairement à 2008, ces dernières se sont aujourd'hui imposées dans le débat politique avec des thèmes comme l'accès à l'assurance maladie, le droit à l'avortement, la nécessité d’avoir des services de garde abordables ou encore le congé familial rémunéré. Sans compter l'équité salariale, un sujet qui résonne dans l'opinion publique américaine. 

Hillary Clinton, en soulignant l'énorme contribution des femmes à la croissance américaine ces quarante dernières années – sans elles, le PIB des Etats-Unis serait de 2000 milliards inférieur –, a maintes fois rappelé combien il était injuste que les femmes gagnent moins que les hommes à travail égal. De même, lors de sa dernière intervention devant les membres et sympathisants de la liste Emily, elle a fait remarquer que 40% des Américaines faisaient bouillir la marmite. 

Un électorat déjà conquis par Barack Obama
En ciblant les femmes, la candidate à l'investiture démocrate fait appel à un électorat acquis à la cause de sa formation politique et qui n'a pas fait défaut à Barack Obama. Au contraire. Selon une analyse publiée sur le site de l’université Wagner, les femmes ont largement voté pour le premier président noir des Etats-Unis lors de son premier mandat. Il en sera de même face au républicain Mitt Romney en 2012. Barack Obama a réussi à obtenir un différentiel de 12 points face à son adversaire, le plus grand écart jamais enregistré dans ce domaine par l’institut de sondages Gallup, selon une analyse signée Emily Shultheis.

Il  faut dire que Barack Obama avait le soutien de la célèbre présentatrice afro-américaine Oprah Winfrey, très populaire dans les cercles féminins. Lors de sa seconde campagne, Michelle Obama est devenu aussi un atout majeur pour son candidat de mari auprès de la gente féminine. La contribution décisive de Bill Clinton dans la deuxième campagne du couple Obama laisse penser que l’actuel président sera un soutien très utile pour son ancienne secrétaire d'Etat. Il a déjà déclaré qu’Hillary Clinton ferait une «excellente présidente». 

Le président Obama (à droite) et la secrétaire d'Etat Hillary Clinton à leur arrivée en Birmanie le 12 novembre 2012.  (AFP PHOTO / Soe Than WIN)


De plus, la nouvelle stratégie d'Hillary Clinton paraît s'inscrire dans l'air du temps. Depuis 2010, d'après une enquête de la Fondation Barbara Lee pour la famille, les femmes politiques peuvent revendiquer leur statut de femme, le faire valoir et ainsi «utiliser toutes leurs expertises et leurs expériences pour créer du lien avec les électeurs», peut-on lire dans les colonnes du National Journal.

Contre-attaque républicaine
Néanmoins, les choix de la candidate démocrate lui valent déjà des... opposantes. Sur son chemin, elle trouvera peut-être l’ancienne patronne de Hewlett Packard et ancienne conseillère de John McCain (candidat malheureux en 2008), Carly Fiorina. Décidée «à 90%» à se lancer dans la course à la Maison Blanche, Carly Fiorina compte ainsi empêcher Madame Clinton d'introduire la «women card» dans cette campagne 2016. Cette «bataille» doit plutôt tourner autour du «leardership, du fait d'être compétent, d'avoir du caractère», a-t-elle estimé lors d’une émission télévisée.

Cette potentielle candidature républicaine, pour contrer Hillary Clinton, s’ajoutera à trois autres déjà officielles. Celles de Marco Rubio, Rand Paul et de Ted Cruz. Les deux derniers ont immédiatement exprimé leur opposition à la démocrate par des tweets sans équivoque après l’annonce de sa candidature. Cependant, le véritable adversaire d'Hillary Clinton devrait être Jeb Bush, candidat présumé qui représente aussi une dynastie politique.

Du côté des démocrates, la concurrence est loin d'être aussi rude. Hillary Clinton est la grande favorite, même si son équipe de campagne ne compte rien prendre pour acquis.


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