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Présidentielle: Tim Kaine, colistier d'Hillary Clinton, peut-il la remplacer?

Le malaise spectaculaire d'Hillary Clinton, le 11 septembre 2016, laisse planer l'éventualité de son remplacement par son colistier. Investi fin juillet, Timothy Michael Kaine, sénateur de Virginie âgé de 58 ans, est relativement peu connu des Américains et se qualifie lui-même d'«ennuyeux». Son principal atout aux yeux de la candidate démocrate: l'expérience politique.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
 Tim Kaine, le colistier de la candidate démocrate Hillary Clinton, lors d'un meeting à Fayetteville, en Caroline du Nord, le 16 août 2016.  (Dennis Van Tine / NurPhoto)

La question revient avec insistance aux Etats-Unis. Après le malaise d'Hillary Clinton, lors de la commémoration du 11-Septembre à New York et l'annonce qu'elle souffrait d'une pneumonie, l'hypothèse de son retrait de la course à la Maison Blanche, avant le scrutin du 8 novembre, est sérieusement envisagée. Rien n'étant prévu dans la Constitution américaine, il reviendrait alors à l'exécutif du parti démocrate, le Comité national démocrate (DNC), de désigner un remplaçant. Trois noms sont avancés par les experts: le candidat à la vice-présidence Tim Kaine, le démocrate ayant obtenu le plus de voix aux primaires après Mme Clinton, Bernie Sanders, voire même l'actuel vice-président Joe Biden, très populaire dans le parti.

En cas de défection de Mme Clinton, une fois élue, celle-ci serait remplacée par​ celui qui brigue le poste de vice-président, Tim Kaine.

Ce dernier, sénateur de Virginie a, selon la candidate démocrate, «les compétences pour occuper cette fonction dès le premier jour». A peine désigné comme colistier, cet ancien avocat diplômé d'Harvard, s'est lancé dans la campagne prenant la défense d'Hillary Clinton régulièrement attaquée par son adversaire républicain, Donald Trump. «Hillary Clinton n'insulte pas les gens, elle les écoute. Quel concept original, n'est-ce pas?» «L'Amérique ne s'est pas construite sur la peur!», a-t-il aussi lancé, dès le 23 juillet, à Miami en Floride. «Hillary Clinton est l'opposée exacte de Donald Trump!», a-t-il résumé lors de ce tout premier meeting commun avec la candidate démocrate.

Hispanophone et catholique
Ce jour-là, apparaissant très décontracté sur scène, faisant rire Hillary Clinton assise juste derrière lui, Tim Kaine n’a pas manqué de glisser dans son discours des phrases en espagnol, langue qu'il parle couramment. Une corde supplémentaire à son arc, acquise lors d'un séjour d'un an comme missionnaire au Honduras, qui pourrait s’avérer utile au «ticket démocrate» pour gagner le vote crucial des latinos, première minorité aux Etats-Unis. Ceci, alors que Donald Trump s'est mis à dos une partie des électeurs hispaniques avec son discours anti-immigrés. 
 
Sa nomination lui a valu les félicitations des grandes organisations progressistes, comme le bras politique du planning familial ou encore l'ONG écologiste Sierra Club. Malgré une vision plutôt conservatrice sur les questions économiques (pro-libre échange) et sociales (anti-avortement), Kaine essaie de cultiver une image de défenseur du droit à l’avortement même si, d'un point de vue personnel, ce démocrate catholique, formé chez les jésuites, y est opposé. 

Slate.fr relève qu'en 2005, alors candidat au poste de gouverneur de Virginie, il promettait de promouvoir l’adoption, de réduire les avortements et de soutenir la promotion de l’abstinence sexuelle. 

Solide expérience politique
Mais l'essentiel pour Hillary Clinton, c'est que Kaine «n'a jamais perdu une élection» et qu'il est consensuel. «Je dois dire que le sénateur Tim Kaine est tout ce que Donald Trump et Mike Pence ne sont pas», affirmait la candidate démocrate à trois mois et demi du scrutin présidentiel. Son allié, fils d’un entrepreneur d’origine irlandaise à Kansas City (Missouri), a été maire de Richmond (1998-2001), président du parti démocrate (2009-2011) et gouverneur de Virginie (2006-2010), dont il est sénateur depuis 2013. Un Etat pivot qui peut basculer côté démocrate ou côté républicain lors de l'élection du 8 novembre.

Lors de son premier grand discours depuis sa nomination, le 6 septembre 2016, l'élu virginien a souligné les contrastes entre une potentielle diplomatie Trump et une diplomatie Clinton, mettant en valeur l'expérience de l'ex-secrétaire d'Etat de 2009 à 2013, pendant le premier mandat du président Barack Obama. Kaine avait d'ailleurs soutenu ce dernier sans réserve en 2008, ce qui ne devrait pas le priver des voix des électeurs afro-américains, acquis aux Clinton depuis vingt-cinq ans, comme le souligne Le Figaro.

Après son malaise, la candidate démocrate, âgée de 68 ans, a annulé deux jours de déplacements prévus en Californie et un troisième dans le Nevada. «Elle continue à se sentir mieux, mais a l'intention de rester chez elle aujourd'hui, respectant la recommandation de son médecin de se reposer» a précisé un porte-parole, Nick Merrill. «Je me sens bien et je vais mieux», a-t-elle écrit sur son compte Twitter.


Théorie du complot
Dans le même temps, la théorie du complot a repris sur le réseau social, avec son lot de rumeurs selon lesquelles l'ancienne secrétaire d'Etat souffrirait en fait de démence, d'Alzheimer ou de Parkinson. 

Jusqu'à présent, un seul cas d'abandon s'est produit durant une campagne présidentielle américaine: le sénateur Thomas Eagleton (1929-2007), brièvement candidat à la vice-présidence avec George McGovern en 1972. Ce démocrate avait jeté l'éponge, après avoir révélé qu'il souffrait de dépression.

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