Bras de fer, sourires de façade et espoir de compromis : on vous résume la première journée tendue du sommet du G7
Les sept dirigeants (France, Royaume-Uni, Allemagne, Italie, Japon, Canada, Etats-Unis) se sont réunis, vendredi, pour la première fois depuis l'imposition par Washington de tarifs douaniers sur l'acier et l'aluminium étrangers.
Du commerce au retour de la Russie dans le club, Donald Trump a défié vendredi 8 juin ses alliés du G7 au Canada. Mais, sourires et accolades à l'appui, tous ont voulu donner l'image d'une franche explication entre amis. Les dirigeants se sont réunis dans un manoir de la petite ville de La Malbaie, au Québec, leur première confrontation à sept depuis l'imposition par Washington de tarifs douaniers sur l'acier et l'aluminium étrangers. Voici le résumé de cette première journée.
Un "ton positif" et des sourires de façade entre dirigeants
Vendredi après-midi, le président américain a participé – sourire à l'appui – à la traditionnelle photo de famille et a félicité le nouveau président du Conseil italien, Giuseppe Conte, pour sa "grande victoire".
Au côté de Justin Trudeau, le Premier ministre canadien, il a affirmé que la relation américano-canadienne n'avait "jamais été aussi bonne" et qu'il pensait que les sept se mettraient d'accord sur un communiqué conjoint, sans donner aucune indication spécifique sur un éventuel terrain d'entente. Même ton positif et mêmes propos vagues lors du tête-à-tête avec Emmanuel Macron. "Les choses avancent dans ce G7", a affirmé le président français, se félicitant que le dialogue ne soit pas rompu. "C'est mon ami", a dit Donald Trump, qui a là encore promis un mystérieux résultat "positif".
Qui gagne le bras de fer du #G7 entre #Macron & #Trump ?
— Paul Larrouturou (@PaulLarrouturou) 8 juin 2018
Interrogé par #Quotidien, Donald Trump répond « Il est vraiment dur à battre, il serait très dur à battre au bras de fer ». Ils se serrent la main. Macron tout fier : « Vous avez votre réponse » #G7Charlevoix #G72018 pic.twitter.com/BF6mKE4L6z
Une bonne ambiance et des sourires de façade selon l'économiste Sylvie Matelly, directrice adjointe de l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris). "Donald Trump est toujours courtois dans ce type de sommet : on ne l'a jamais vu être très ferme lors de ce type de rencontres, il l'est plutôt une fois qu'il rentre à Washington avec ses équipes et là il peut être assez virulent, explique-t-elle à franceinfo. Je veux bien croire que les discussions ont avancé, mais j'attends la suite pour savoir s'il s'est réellement passé quelque chose de concret."
Une opposition sur le retour de la Russie
Les Européens ont rapidement enterré l'idée, proposée par Donald Trump, d'un éventuel retour de la Russie au sein du groupe dont elle a été exclue en 2014 après l'annexion de la Crimée. "Un retour de la Russie dans le format G7 n'est pas possible tant que nous ne verrons pas de progrès substantiels en relation avec le problème ukrainien", a déclaré Angela Merkel.
Donald Trump avait jeté un froid en proposant, le matin depuis Washington, de réintégrer la Russie à ce groupe dont elle avait été exclue en 2014. "Ils ont expulsé la Russie, ils devraient réintégrer la Russie. Parce que nous devrions avoir la Russie à la table des négociations", a déclaré Donald Trump, fidèle à sa position selon laquelle Moscou ne peut être simplement ignorée dans les grands dossiers internationaux.
Même le chef du gouvernement populiste italien, pourtant favorable à un rapprochement avec la Russie, a approuvé cette position commune. Un haut responsable de la Maison Blanche a finalement expliqué que la suggestion du président américain "n'était pas prévue" et que les diplomates américains n'en faisaient pas un sujet de discussion avec leurs homologues.
Des discussions tendues autour des taxes américaines
Les questions de libre-échange ont été à l'ordre du jour, et ont représenté le vrai point d'achoppement de cette première journée du sommet. Donald Trump a retourné l'accusation de protectionnisme contre l'Union européenne et le Canada, sur les produits laitiers, l'agriculture ou les barrières non-tarifaires auxquels se heurteraient les produits américains, dénonçant à nouveau des échanges "inéquitables".
Selon l'Elysée et une autre source ayant suivi la séance, les six ont alors réfuté les chiffres de Donald Trump, et donné des exemples de marchés américains où les Européens ne pouvaient pas librement entrer, comme les marchés publics.
Les six leaders veulent convaincre le locataire de la Maison Blanche que les tarifs nuiront in fine à l'économie des Etats-Unis et à la croissance mondiale. Mais Donald Trump entend les forcer à importer plus de produits Made in America, comme il tente de le faire en ce moment individuellement avec la Chine, le Mexique et le Japon.
Vers un compromis plutôt qu'un texte commun
Problème : comment afficher l'unité, traditionnelle entre membres du G7, à la fin de cette rencontre entre puissants ? L'idée d'un texte signé à sept mains pour certaines parties consensuelles a été évoquée, séparés d'autres paragraphes sans les Etats-Unis sur les points les plus sensibles : le commerce, mais aussi les accords sur l'Iran et le climat, dont Donald Trump a claqué la porte. Une autre hypothèse serait la publication d'une "déclaration" signée de la seule présidence canadienne du G7 et actant les désaccords.
A plus long terme, la chancelière allemande a proposé, selon l'Elysée, de lancer un "dialogue" entre les Etats-Unis et l'UE afin de résoudre le conflit sur l'acier et l'aluminium, et en éviter de nouveaux dans d'autres secteurs comme l'automobile.
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