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Candidature de Donald Trump à sa réélection : "Se présenter aussi tôt, avec un tel meeting, c'est rare", estime l'historien Thomas Snégaroff

Le président américain a annoncé sa candidature mardi soir pour un nouveau mandat. 

Article rédigé par franceinfo
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Donald Trump lors de son premier meeting de campagne, le 18 juin 2019.  (CRISTOBAL HERRERA / MAXPPP)

"Se présenter aussi tôt, avec un tel meeting, c'est rare", a expliqué sur franceinfo mercredi 19 juin l'historien Thomas Snegaroff, alors que le président des États-Unis Donald Trump a lancé officiellement la campagne pour sa réélection mardi soir. Une déclaration 18 mois avant la prochaine élection présidentielle. "Il est très bon dans le timing, pour prendre la main et la garder", a jugé Thomas Snégaroff.

franceinfo : La candidature de Donald Trump n'est une surprise pour personne mais il se lance dans une campagne qui va durer un an et demi. Est-ce une situation exceptionnelle ?

Thomas Snégaroff : Effectivement, le timing l'est. Un président qui annonce sa candidature aussi longtemps à l'avance, ça arrive mais c'est souvent une dimension purement administrative : on annonce sa candidature et c'est une évidence absolue. En revanche, se présenter aussi tôt, avec un tel meeting, c'est rare. Par exemple, Le premier meeting de réélection de Barack Obama en 2012 était en mai, [soit six mois avant l'élection]. En 1996, Bill Clinton ne fait rien de particulier, avec un argument intéressant par rapport à l'argument de Trump : "Si j'annonce autant à l'avance que je suis candidat, je ne serai plus président des Etats-Unis. Je n'aurai donc plus la capacité d'agir en tant que président. Je serai plus le candidat d'un camp, d'une Amérique contre l'autre et donc je ne serai pas dans ma mission", avait-il dit à l'époque.

Lors de son meeting, Donald Trump a utilisé la même rhétorique qu'il y a trois ans : des attaques contre la presse, la lutte contre l'immigration clandestine, attaques contre Hillary Clinton et les démocrates...

Oui, on aurait très bien pu entendre ce discours en 2015 ou 2016. La foule a quand même hurlé "lock her up", c'est-à-dire "mettez-la en prison" quand il a parlé d'Hillary Clinton. Ces propos sur Clinton sont extrêmement anciens. On est sur une répétition permanente de la même chose : moi ou le chaos. Il dit : "Vous m'avez eu, surtout ne me lâchez pas." Avec toujours la même idée : "Ne lâchez pas la proie pour l'ombre. Vous avez la proie en face de vous." L'ombre, quand on veut rester au pouvoir, il faut la dépeindre avec autant de traits dangereux que possible. Evoquer les démocrates en parlement "socialisme radical" est très porteur. Cela lui permet d'attirer la lumière sur lui, au moment où les démocrates s'apprêtent à voir la lumière sur eux, puisque les premiers débats entre les candidats démocrates se tiendront dans quelques jours. Il est très bon dans le timing, pour prendre la main et la garder mais aussi pour agiter la peur. Avec un paradoxe : comment le président des États-Unis peut-il prétendre incarner la lutte contre l'"establishment" ? S'il parvient à apparaître encore une fois comme un outsider, après quatre ans passés à la Maison-Blanche, ce sera un coup de génie.

Peut-il s'appuyer sur un bon bilan économique ?

Il faudra voir où on en est en 2020 parce qu'il y a des signes de ralentissement. Les créations d'emplois au mois de mai sont historiquement faibles par rapport à la relance de l'économie, qui avait d'ailleurs été antécédente à l'élection de Barack Obama. Il y a des éléments économiques plutôt favorables mais il commence surtout à marteler son discours identitaire. Il annonçait que des millions d'illégaux seront reconduits à la frontière : c'est ce qu'il va marteler, en se présentant comme le seul qui peut défendre l'identité américaine.

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