Corée du Nord : "Une dénucléarisation dans les mois qui viennent est peu probable", selon un expert
La Corée du Nord a menacé mercredi d’annuler le sommet avec les États-Unis prévu le 12 juin. Kim Jong Un dénonce la pression mise par Donald Trump pour renoncer à son arsenal nucléaire. Pour Antoine Bondaz, chercheur, Pyongyang tente en réalité de négocier.
Nouveau rebondissement dans les relations diplomatiques entre la Corée du Nord, la Corée du Sud et les États-Unis. Mercredi 16 mai, le leader nord-coréen Kim Jong Un a annulé les discussions du jour avec des représentants de la partie sud de la péninsule. Il a aussi menacé d’annuler sa rencontre avec le président américain Donald Trump prévue le 12 juin, à Singapour. Pyongyang dénonce la pression mise par les États-Unis pour engager la dénucléarisation. Un processus de désarmement qui semble "extrêment peu probable dans les mois à venir" analyse Antoine Bondaz, chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique et enseignant à Sciences Po Paris, invité de franceinfo. Pour l’expert, la Corée du Nord développe une "stratégie de négociation".
franceinfo : Est-ce vraiment une surprise que la Corée du Nord souffle ainsi le chaud et le froid ?
Antoine Bondaz : Non, cela fait partie d'une stratégie de négociation, une stratégie historique. On rappelle par exemple qu'avant les Jeux Olympiques en Corée du Sud, la Corée du Nord s'était retirée à plusieurs reprises de discussions de haut niveau avec les Sud-Coréens. Donc de ce côté-là, il n'y a rien de nouveau du côté de Pyongyang.
Ces exercices militaires sud-coréens et américains, sont-ils une provocation comme le dit Kim Jong Un ?
Les exercices sont considérés par la Corée du Nord comme une provocation. Kim Jong Un avait cependant annoncé au début de l'année que ces exercices militaires ne devaient pas s'arrêter, que la Corée du Nord ne faisait pas de l'arrêt de ces exercices une précondition au dialogue avec les États-Unis. Cependant, depuis, il y a eu cette fameuse déclaration de Panmunjeom, le 27 avril, qui demandait à chaque partie, le Nord comme le Sud, d'éviter toute provocation, ou tout acte d'hostilité envers la partie adverse. Aujourd'hui la Corée du Nord considère que la Corée du Sud n'aurait pas dû réaliser ce type d'exercice avec son allié américain.
Pyongyang exige des "concessions significatives" de la part de Washington. De quoi s'agit-il ?
Ce que cherche officiellement la Corée du Nord, c'est faire disparaître ce qu'elle considère comme des menaces nucléaires des États-Unis, et plus largement la politique hostile des États-Unis envers la Corée du Nord. Le problème, c'est qu'il n'y a pas de définition extrêmement claire de ce que cela signifie, et cela donne des marges de négociation à Pyongyang. Mais ce qui est extrêmement important dans la déclaration de ce matin, c'est l'attaque directe sur John Bolton, le conseiller à la sécurité de Donald Trump, l'objectif pouvant être, au sein de l'administration Trump, de diviser les différentes factions. John Bolton est sur une ligne extrêmement dure, et historiquement un des officiels américains les plus critiqués par la Corée du Nord. En 2003 déjà, lorsqu'il était représentant à l'ONU, la Corée du Nord concentrait ses attaques sur John Bolton.
Donc diviser pour mieux régner ? Pour prendre le dessus ?
Ou en tout cas diviser pour s'assurer que la ligne de Donald Trump, qui serait avant tout celle d'un accord politique plus que d'un accord technique, soit la ligne qui domine à Washington.
Kim Jong Un a-t-il raison de s'inquiéter du fait que Donald Trump mette le modèle libyen de dénucléarisation en avant ?
C'est pour l'instant son conseiller John Bolton qui met en avant ce modèle libyen. Il est en réalité extrêmement dur de mettre en oeuvre un tel modèle puisque la Libye n'avait qu'un programme nucléaire initial. Elle n'avait pas encore réalisé d'essais nucléaires, elle n'avait pas encore d'arme nucléaire. L'objectif de John Bolton c'est de mettre une pression maximale sur la Corée du Nord. Rappelons toutefois qu'en Corée du Nord les armes nucléaires sont devenues des armes politiques, des armes identitaires pour le régime, et qu'une dénucléarisation à très court terme, dans les mois qui viennent est extrêmement peu probable.
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