Elections américaines : "La peur du chaos, c'est là-dessus que surfe Donald Trump, comme en 2016", juge une politologue
Donald Trump et Joe Biden tentent de convaincre les électeurs dans les États qui pourraient faire basculer l'élection. Et pour y parvenir, l'ultime argument du président des États-Unis, "c'est de dire qu'il est la loi et l'ordre", selon Nicole Bacharan, politologue, spécialiste des États-Unis.
Dernière ligne droite pour Donald Trump et Joe Biden candidats à la présidentielle américaine. Les États-Unis se préparent à de grandes manifestations quel que soit le vainqueur, Donald Trump ayant déjà prévenu que s'il perdait, cela voulait dire que les élections étaient truquées. "La peur du chaos, c'est là-dessus que surfe Donald Trump, comme en 2016", a expliqué lundi 2 novembre sur franceinfo Nicole Bacharan, politologue, spécialiste des États-Unis.
franceinfo : Est-ce qu'il y a déjà eu une telle tension au moment des élections américaines ?
Nicole Bacharan : C'est du jamais vu. La dernière fois où on a pu avoir des élections dans un climat très tendu c'était en 1968, en pleine guerre du Vietnam, en plein mouvement pour les droits civiques, et cela n'était pas aussi angoissant qu'aujourd'hui. Il faut remonter à la guerre de Sécession pour voir ça, donc les inquiétudes sont très fortes. À New York, il y a eu des arrestations hier soir de militants anti Trump, au Texas la garde nationale a été envoyée dans les grandes villes. C'est totalement inédit à notre époque. On a des face-à-face avec des militants pro Trump qui généralement sont armés. Il y a eu toutes les manifestations autour de Black Lives Matter et de la question de la justice raciale, des manifestations où il y a eu des affrontements entre citoyens, avec la police et où il y a eu de la casse et des pillages. C'est ce que craignent les commerçants des villes.
N'est-ce pas une bonne chose pour Donald Trump ?
Tout à fait. On voit que Donald Trump aime le chaos et qu'il fonctionne dans le chaos et qu'il l'a semé. Son ultime argument est de dire qu'il est la loi et l'ordre. C'est peu convaincant par rapport aux années qui viennent de s'écouler parce que ce n'est pas ce qu'on a eu avec lui, mais il considère que c'est convainquant si ses partisans ont suffisamment peur et qu'il affiche ce discours musclé.
S'il y a des manifestations, des violences, si les gens ont peur, Donald Trump espère que ça lui profitera dans les urnes.
Nicole Bacharan, politologueà franceinfo
À qui est-ce que cela s'adresse ?
Très souvent, vous avez une très grande hostilité aux immigrants dans des régions où il y en a très peu. Ce sont des images qui construisent et entretiennent l'angoisse. La peur du chaos c'est là-dessus que surfe Donald Trump comme en 2016 lorsqu'il surfait sur la peur des immigrants. Cette année, les frontières sont fermées, il y a très peu d'immigration, donc c'est l'ennemi de l'intérieur en quelque sorte qu'il signale.
L'éventuelle contestation des résultats par Donald Trump peut-elle être alimentée par le vote par correspondance ?
Cela fait des mois qu'il dit qu'il n'acceptera pas une défaite parce que s'il y a défaite cela voudra dire qu'il y a eu trucage. Son argument, ce sont les votes par correspondance. Il dit qu'ils sont entachés de fraude, ce qui est faux car cela se pratique aux États-Unis depuis longtemps. Dans ces derniers meetings, il est plus précis et dit que ses avocats seront prêts pour qu'on arrête les comptes à minuit le 3 novembre et que les autres bulletins ne soient pas comptés. Les bulletins par correspondance sont souvent décomptés après. Cela voudrait dire invalider des millions et des millions de bulletins valables contrairement à toute la pratique des élections américaines où on a le résultat le soir même parce que la tendance est très forte, mais les résultats réels on les a parfois jusqu'à un mois plus tard.
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