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"Je ne suis plus rien sans papiers" : l'inquiétude des "dreamers" aux États-Unis

L'administration Trump devrait annoncer, mardi, la fin d'un programme de protection des "dreamers", ces jeunes migrants clandestins aux États-Unis. 

Article rédigé par Grégory Philipps
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Manifestation devant la Maison Blanche, en septembre 2017, contre la suppression du programme Daca (Deferred Action for Childhood Arrivals), mis en place par Barak Obama. (GREGORY PHILIPPS / RADIO FRANCE)

Après s'être attaqué à l'Obamacare, en vain, et également aux mesures sur le climat de Barack Obama, Donald Trump continue de vouloir détricoter ce qu'a fait l'administration précédente. Mardi 5 septembre, le président américain doit trancher sur la question des "dreamers" ("rêveurs"), ces sans-papiers arrivés illégalement aux États-Unis alors qu'ils étaient mineurs (c'est-à-dire, aux États-Unis, avant 16 ans). 

En juin 2012, Barack Obama avait décidé de leur offrir un statut et un permis de séjour grâce au programme Daca, pour "Deffered action for childhood arrivals" (littéralement : action différée pour les arrivées d'enfants). Depuis, environ 800 000 personnes ont pu en bénéficier. Pendant sa campagne électorale, son successeur Donald Trump a promis de suspendre ce décret.

Rassemblement de "dreamers" devant la Maison Blanche contre la suppression du programme Daca : le reportage de Grégory Philipps à Washington

"Je ne suis plus rien sans papiers. Un "undocumented", comme on dit en anglais", lâche Yong, devant la Maison Blanche à Washington. Ce jeune Sud-Coréen de 27 ans, arrivé aux États-Unis il y a 12 ans avec ses parents, a prévu de manifester jusqu'à l'annonce de la décision de Donald Trump.

On travaille ici, on paye nos impôts ici et on va à l'école ici, donc nous sommes une force très importante pour l'économie.

Yong, 27 ans, "dreamer"

à franceinfo

Les "dreamers" sont essentiellement mexicains mais aussi asiatiques. Yong est sorti de la clandestinité grâce au programme Daca. "Cela m'a sauvé, assure-t-il. C'est grâce à Daca que j'ai pu aller à l'école et à l'université, que j'ai pu avoir un travail, que j'ai pu payer des impôts et faire des choses comme un citoyen."

Une promesse de campagne

La suppression du programme Daca, promise par le candidat Trump, avait eu un écho certain auprès de son électorat durant la campagne électorale pour la présidentielle américaine. 

"Malheureusement, beaucoup de ceux qui ont voté pour Donald Trump ne sont pas accueillants pour les immigrés, déplore Becky Belcore, qui coordonne les "dreamers" asiatiques de Washington. Pourquoi ? Parce que ce sont des gens qui souffrent. Ils ont perdu leur emploi, parfois leur maison et ils ont du mal à faire vivre leurs familles. Mais ça, ce n'est pas de la faute des immigrés ! C'est parce qu'aux États-Unis, le fossé entre les riches et les pauvres ne cesse de grandir."

Évidemment c'est plus facile de faire porter la responsabilité de ce problème sur un autre groupe de gens, plutôt que sur le gouvernement.

Becky Belcore, coordonninatrice des "dreamers" asiatiques de Washington

à franceinfo

L'opposition de grands patrons américains

Ces dernières semaines, plusieurs grands patrons américains ont demandé au président Trump de ne pas remettre en cause ce décret qui les priverait d'une main-d’œuvre nombreuse. C'est le cas de Mark Zuckerberg (Facebook), Tim Cook (Apple), Satya Nadella (Microsoft), Devin Wenig (eBay) ou encore Mary Barra (General Motors).

Dans une lettre ouverte, publiée en août, des dizaines de patrons ont mis en garde Donald Trump contre l'impact économique d'une remise en cause du programme Daca, évaluant à "460,3 milliards de dollars la perte potentielle pour le PIB américain".

Le débat est vif aussi au sein du parti républicain. Selon plusieurs médias américains, le président américain pourrait transmettre le dossier au Congrès et lui donner six mois pour mettre fin à ce programme.

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