Protection des consommateurs, environnement, désinformation... Des agences fédérales américaines dans la tourmente avant même l'arrivée de Donald Trump

Avec la fermeture du Global Engagement Center (GEC) après huit ans d'existence, le ministère américain des Affaires étrangères perd sa seule agence contre la désinformation produite par des pays comme la Chine et la Russie.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Une vue du Capitole, où siège le Congrès américain, à Washington (Etats-Unis), le 13 juillet 2024. (JAKUB PORZYCKI / NURPHOTO / AFP)

Aux Etats-Unis, le Global Engagement Center (GEC) est la première agence fédérale à mettre la clé sous la porte. Le département d'Etat américain a annoncé, mardi 24 décembre, que son bureau spécialisé dans la désinformation étrangère allait disparaître, faute de disposer d'un budget en 2025. A l'approche de l'investiture de Donald Trump, le 20 janvier à Washington, les dirigeants des agences fédérales sont dans le collimateur du président élu et de ses influents soutiens. Ils"peuvent profiter de ces derniers jours pour acter davantage de protections et de règles" avant que leurs missions se retrouvent affaiblies, voire supprimées, "soit attendre, dans l'espoir que les républicains maintiendront certaines de leurs directives", estimait la chaîne NBC, début décembre. 

Créée il y a huit ans pour traquer et contrer la désinformation produite par des pays rivaux des Etats-Unis, le GEC était très critiqué par les élus républicains, qui accusaient l'agence d'espionner des Américains en non pas uniquement des puissances étrangères. Le couperet est finalement tombé quand le texte législatif sur le budget a été voté au Congrès, au terme d'un long processus.

L'influence du duo Trump-Musk sur le budget 

Donald Trump avait menacé les élus républicains de présenter des candidats dissidents contre eux dans leurs circonscriptions s'ils votaient une précédente version du budget. Un texte plus au goût du président républicain a finalement été adopté, évitant in extremis la paralyse budgétaire de l'Etat fédéral. Dans cette dernière version, le budget de 61 millions de dollars alloué à l'agence et à ses quelque 120 employés, a tout simplement été supprimé.

Elon Musk, devenu depuis le principal soutien de Donald Trump dans la course à la Maison Blanche, avait pris cet organisme en grippe, assurant qu'il représentait "une menace pour la démocratie" américaine. L'homme le plus riche du monde, propriétaire du réseau social X, accusait le GEC d'être "le pire agent de censure gouvernementale et d'instrumentalisation des médias".

Les dirigeants du centre ont toujours nié ces allégations, estimant que leur travail était crucial pour combattre les campagnes d'ingérence étrangères sur le sol américain, et notamment celles venues de Russie et de Chine. Le responsable de l'agence venait d'ailleurs d'annoncer le lancement d'un organisme multinational basé en Pologne pour contrer la désinformation de Moscou sur la guerre en Ukraine. 

Le bureau de protection des consommateurs menacé

Le Consumer Financial Protection Bureau (CFPB) se trouve aussi dans le collimateur des républicains, qui ont désormais la majorité tant à la Chambre des représentants qu'au Sénat. Cette agence de surveillance indépendante est chargée de surveiller les pratiques des banques et autres institutions financières envers les consommateurs. Créée après la crise financière de 2008, elle veille à éviter des catastrophes comme celle des "subprimes", ces prêts hypothécaires à haut risque accordés massivement aux Américains. Citée par le Washington Post, Kathy Kraninger, qui avait été placée à la tête de l'organisme par l'administration Trump entre 2018 et 2021, promet "de gros changements".

Fin novembre, Elon Musk a pour sa part déclaré dans un message sur son réseau social X qu'il souhaitait simplement "supprimer" le CFPB. Le message d'Elon Musk répondait à une déclaration d'un autre donateur important de Donald Trump : l'homme d'affaires Marc Andreessen, spécialiste du capital risque. Après que le CFPB a fait fermer une entreprise de prêts en ligne dans laquelle il avait investi, l'accusant d'avoir trompé des clients, le businessman avait estimé que le but premier de l'agence était de "terroriser les institutions financières", a relaté The Guardian. L'agence a par ailleurs cherché à limiter les pénalités financières que les banques peuvent imposer aux clients qui dépassent les limites de leurs comptes courants, relève le Washington Post. 

Lors de son premier mandat, le magnat de l'immobilier avait nommé dans un premier temps un opposant notoire de l'agence à sa tête, en la personne de Mick Mulvaney. Ce dernier avait notamment demandé à la Réserve fédérale de lui donner un budget de... zéro dollar pour fonctionner, rapportait Politico.

Des inquiétudes chez les défenseurs de l'environnement

Juste après son élection en 2016, Donald Trump avait nommé Scott Pruitt, ministre de la Justice de l'Oklahoma connu pour ses liens avec le lobby de l'énergie, à la tête de l'agence de la protection de l'environnement (EPA). Pour ce nouveau mandat, le président élu a désigné à ce poste le 11 novembre un autre de ses proches : l'ancien représentant de l'Etat de New York Lee Zeldin. Si ce dernier siégeait au sein du Conservative Climat Caucus au Congrès, un groupe d'élus républicains qui reconnaissent l'origine humaine du changement climatique, les associations environnementales craignent que l'agence soit considérablement affaiblie pour les quatre prochaines années. Son prochain directeur "va s'assurer d'une prise de décisions rapides et justes de déréglementation qui vont permettre de doper la force des entreprises américaines, tout en conservant les plus hautes normes environnementales", a justifié le futur président en annonçant cette nomination.

Ainsi, des normes récentes décidées par l'EPA, comme les limites d'émissions de CO2 qui s'appliquent aux centrales à charbon, pourraient être renversées, comme l'a promis Donald Trump pendant la campagne présidentielle. Mais c'est surtout le Bureau de la justice environnementale, un organe de l'EPA né sous la présidence de Joe Biden, qui est menacé, rapportait début décembre à la chaîne CBS Donna Thomas, une activiste de la lutte contre la pollution de l'air.

Cet organisme financé à hauteur de plus de 2,8 milliards de dollars destinés aux "communautés défavorisées, marginalisées et surpolluées" est directement pointé du doigt par le Projet 2025, une feuille de route ultra-conservatrice publiée pendant la campagne et présentée comme le programme officieux du futur président. Si Donald Trump s'est ouvertement distancé de ce document, il a nommé plusieurs des personnalités qui ont participé à sa rédaction dans sa nouvelle équipe.

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