Quatre questions sur les tweets promotionnels financés par la Russie pendant la présidentielle américaine
Le réseau social aurait relayé de nombreux messages de propagande pro-russe pendant la campagne américaine, destinés à favoriser la candidature de Donald Trump.
La victoire de Donald Trump et les fake news, toute une histoire. Twitter a reconnu jeudi 28 septembre que près de 2 000 tweets promotionnels ont pu avoir une incidence sur l’issue de l’élection américaine de 2016. Le média RT, financé par le gouvernement russe, est directement visé : il aurait tenté d’influencer les lecteurs américains avant l'élection de Donald Trump. Franceinfo répond à quatre questions sur cette affaire.
Que reproche-t-on à la Russie ?
Moscou aurait interféré dans la diffusion de contenus pro-russes, alors que le candidat Trump avait marqué par ses prises de position en faveur du Kremlin.
Concrètement, le média RT, anciennement Russia Today et financé par l’Etat russe, aurait généré 1 823 tweets promotionnels l'an dernier. Via ses trois comptes (@RT_com, @RT_America, et @ActualidadRT), le média a "dépensé 274 000 dollars en contenus sponsorisés aux Etats-Unis en 2016", a écrit Twitter jeudi sur son blog officiel.
Ces publicités sont problématiques pour leur apparence trompeuse : outre les bots qui se font passer pour des comptes personnels, elles étaient conçues de manière à les faire passer pour le travail de militants américains, rapporte le New York Times.
Sur le fond, ces messages portaient sur des thèmes polémiques et n'avaient pas vocation à informer, comme le souligne Laura Rosenberger, directrice de l’Alliance for Securing Democracy et ancienne conseillère de Hillary Clinton : "Beaucoup de messages ne portent pas sur la politique, un politicien en particulier ou des partis. Ils sont là pour créer des divisions dans la société, identifier des sujets clivants et souffler sur les braises."
A qui ces tweets étaient destinés ?
Les messages visaient "de façon certaine ou probable le marché américain. Ces campagnes ciblaient des utilisateurs abonnés à des comptes de médias traditionnels et mettaient essentiellement en avant des tweets concernant l'actualité", détaille le groupe.
Pendant les jours précédant le scrutin, "les utilisateurs de Twitter ont reçu davantage de contenus faisant de la désinformation, clivants ou conspirationnistes que de messages provenant de médias professionnels", affirme une étude de l'université britannique d'Oxford publiée jeudi. Ce rapport a porté sur des millions de tweets publiés entre le 1er et le 11 novembre 2016. Il affirme que 11 des 16 swing states, ces Etats américains décisifs dans les élections, ont été visés : le New Hampshire ou la Floride par exemple. En tout, 27 Etats ont été touchés, annonce Newsweek.
Twitter conteste la légitimité de cette étude, avançant que seulement 2% des tweets sont géolocalisés, ce qui rend difficile l’évaluation de la désinformation.
Twitter est-il le seul réseau social en cause ?
Facebook avait déjà révélé avoir repéré des comptes activés en Russie, qui avaient servi à publier des messages à caractère politique, en achetant pour 100 000 dollars de publicités, selon le Washington Post. L'entreprise de Mark Zuckerberg a assuré au Congrès qu’elle fournirait le contenu de ces messages.
Cette affaire n’est pas sans lien avec celle que traverse Twitter actuellement. "Sur les quelque 450 comptes récemment pointés par Facebook dans le cadre de ses investigations internes, nous avons conclu que 22 d'entre eux avaient des comptes Twitter correspondants", remarque Twitter jeudi, qui annonce avoir suspendu ces comptes. "De plus, à partir de ces comptes, nous en avons trouvé 179 supplémentaires qui y étaient liés."
Comment réagissent les autorités américaines ?
Twitter a annoncé avoir partagé ses informations avec les commissions d'enquête du Sénat et de la Chambre des représentants. Un responsable du réseau social a été entendu jeudi 28 par le Sénat américain. Le sénateur démocrate Mark Warner s'est dit "profondément déçu par le manque d’information que Twitter a fourni à la réunion".
Le groupe a aussi indiqué qu'il travaillait à mieux déceler les messages postés par des systèmes automatisés - appelés "bots" - soupçonnés de bombarder le réseau de messages destinés à manipuler une partie de l'opinion. Le 1er novembre prochain, une commission d'enquête du Sénat recevra des représentants de Google, Facebook et Twitter en audience publique.
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