Trump a-t-il vraiment poussé Ford à annuler la construction d'une usine au Mexique ?
Le constructeur automobile américain a annoncé, mardi, qu'il investira finalement dans une de ses installations aux Etats-Unis. Une décision saluée par le président élu qui souhaite mettre en place une politique protectionniste.
Donald Trump est-il responsable de la marche arrière de Ford ? Le groupe automobile américain a annoncé, mardi 3 janvier, qu'il annulait la construction d'une nouvelle usine, estimée à 1,6 milliard de dollars, au Mexique. Le constructeur va finalement investir dans une de ses installations dans le nord des Etats-Unis pour y fabriquer des véhicules autonomes et électriques.
Cette annonce intervient au moment où le président élu Donald Trump accentue sa pression sur les grands groupes américains afin qu'ils rapatrient leurs usines aux Etats-Unis, prenant tout particulièrement pour cible leurs investissements au Mexique. Le groupe américain a-t-il entendu le message de Donald Trump ?
Des constructeurs depuis longtemps dans le viseur de Trump
Les constructeurs automobiles sont la cible de la politique protectionniste de Donald Trump. Le président élu a menacé, mardi 3 janvier, General Motors de taxer ses voitures fabriquées au Mexique mais vendues aux Etats-Unis. "General Motors livre des voitures Chevy Cruze, fabriquées au Mexique, à ses concessionnaires aux Etats-Unis sans payer de taxe. Fabriquez aux Etats-Unis ou payez une lourde taxe frontalière", a tweeté le président élu.
General Motors is sending Mexican made model of Chevy Cruze to U.S. car dealers-tax free across border. Make in U.S.A.or pay big border tax!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 3 janvier 2017
Ford n'a pas échappé à la critique. Le deuxième groupe automobile américain s'était aussi vu reprocher ses investissements au Mexique pendant la campagne présidentielle.
Accentuant la pression, le président élu a également nommé Robert Lighthizer, un ancien de l'administration Reagan, hostile à un libre-échange sans limite, pour renégocier les accords commerciaux internationaux.
Le président élu estime qu'il est à l'origine de cette volte-face
Le groupe, qui avait pourtant confirmé la construction de cette usine après les premières attaques de Donald Trump, a finalement opté pour une retraite en bon ordre. Après cette annonce, Donald Trump a aussitôt crié victoire en retweetant le message de l'un de ses conseillers lui attribuant cette volte-face. Il a aussi posté un tweet assurant que les Etats-Unis allaient devenir "le plus grand pôle d'attraction pour l'emploi et l'innovation".
"@DanScavino: Ford to scrap Mexico plant, invest in Michigan due to Trump policies"https://t.co/137nUo03Gl
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 3 janvier 2017
Instead of driving jobs and wealth away, AMERICA will become the world's great magnet for INNOVATION & JOB CREATION.https://t.co/siXrptsOrt
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 3 janvier 2017
Le PDG de Ford assure avoir décidé en toute "indépendance"
Le PDG de Ford a toutefois démenti toute dimension politique et assuré avoir pris sa décision en toute "indépendance". "Nous n'avons pas conclu d'accord avec le président élu", a déclaré Mark Fields dans un entretien accordé à CNN (en anglais), mardi 3 janvier.
"Nous avons fait ce qui est bon pour nos affaires, avant toute chose", a assuré le PDG, justifiant ce changement de cap par "un environnement plus positif pour l'industrie manufacturière et l'investissement" aux Etats-Unis. "L'annonce de Ford est une réponse aux tendances du marché qui ont commencé il y a des années. Et elles ont été poussées par les politiques des administrations de Georges W. Bush et Barack Obama", explique Slate (en anglais).
De plus, le groupe de Mark Fields a assuré qu'il maintenait son projet de transférer une partie de sa production de petites voitures au Mexique dans une de ses usines déjà existantes.
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