Une conseillère de Trump accusée de conflit d'intérêts après avoir fait la promotion de la marque de la fille du président
Les appels de Kellyanne Conway, jeudi, à acheter les produits de la fille du président des Etats-Unis, Ivanka, ont relancé les soupçons de conflit d'intérêts à la Maison Blanche.
Le conflit d'intérêts. C'est ce que redoutaient de nombreux opposants à Donald Trump. Trois semaines après leur arrivée à la Maison Blanche, le président américain et son équipe sont soupçonnés de mélange des genres entre intérêts commerciaux, politiques et familiaux. Au cœur d'une nouvelle polémique : les produits d'Ivanka Trump, la fille aînée du président. La décision d'une grande enseigne de les retirer de la vente a provoqué la colère de Donald Trump et poussé une de ses proches conseillères à s'exprimer dessus. Au risque de déraper.
Que s'est-il passé ?
La semaine dernière, la chaîne de magasins Nordstrom a annoncé qu'elle allait cesser de vendre la ligne de vêtements et d'accessoires d'Ivanka Trump. Cette décision a provoqué, mardi, la colère du président américain, qui s'est précipité sur Twitter pour dénoncer le traitement réservé à sa fille aînée.
"Ma fille Ivanka a été traitée de manière si injuste par Nordstrom. Elle est une personne super, toujours en train de me pousser à faire ce qui est juste. Horrible !", s'était indigné Donald Trump.
My daughter Ivanka has been treated so unfairly by @Nordstrom. She is a great person -- always pushing me to do the right thing! Terrible!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) February 8, 2017
Mais jeudi, la polémique a pris une autre tournure. Une proche conseillère de Donald Trump a provoqué une nouvelle controverse sur les conflits d'intérêts à la Maison Blanche en appelant les télespectateurs à acheter les produits de la fille aînée du président.
"Allez acheter les produits d'Ivanka. Je déteste faire les courses (mais) je vais aller en acheter aujourd'hui", a lancé sur la chaîne Fox Kellyanne Conway, depuis la Maison Blanche. "C'est juste une ligne magnifique. Je possède moi-même (des produits). Je vais faire de la publicité gratuite : allez tous en acheter aujourd'hui, vous pouvez en trouver en ligne !", a ajouté la responsable dans une salle ornée du sceau officiel de la Maison Blanche.
Est-ce un conflit d'intérêts ?
C'est la question qui se pose après les déclarations de Keyllyane Conway. Une chose est certaine : les règles fédérales interdisent à tout employé du secteur public d'utiliser ses fonctions "pour son propre gain" ou "pour le soutien à un quelconque produit, service ou entreprise".
Plusieurs démocrates avaient déjà dénoncé une sortie "inappropriée" du milliardaire, et la nouvelle offensive de Keyllyane Conway n'a fait que renforcer leur colère jeudi. "Les déclarations de Mme Conway semblent être une violation des règles d'éthique fédérales", ont écrit le président républicain d'une commission du Congrès Jason Chaffetz et le démocrate Elijah Cummings dans un courrier au Bureau pour l'éthique gouvernementale, lui demandant d'examiner l'affaire et de procéder à des recommandations.
"Ce qu'elle a fait est mal, mal, mal", a ainsi écrit sur Twitter Jason Chaffetz.
What she did was wrong, wrong, wrong. Here is our bi-partisan letter to the White House and OGE. #Donteverdothis https://t.co/zqeYhcttMB
— Jason Chaffetz (@jasoninthehouse) February 9, 2017
"Nous sommes au courant de cette lettre et nous sommes en train d'étudier cela en interne", a déclaré Keyllyane Conway sur la chaîne Fox News, indiquant que Donald Trump la soutenait "à 100%".
Peut-il y avoir des sanctions ?
Sur Twitter, le Bureau pour l'éthique gouvernementale a affirmé, jeudi, être submergé d'appels de citoyens, tout en précisant ne pas avoir le pouvoir d'"enquêter" ou de "faire respecter les règles", car ces compétences appartiennent notamment au Congrès ou au FBI. Reste à savoir si ces deux dernières instances se saisiront de cette affaire.
3/Congress, GAO, the FBI, Inspectors General, and the Office of Special Counsel have the authority to conduct investigations.
— U.S. OGE (@OfficeGovEthics) 9 février 2017
Sur le plan politique, en tout cas, la sanction est déjà tombée. Le porte-parole de la Maison Blanche, qui avait mis en avant, mercredi, le droit du président Trump à "défendre sa famille", a cette fois semblé prendre ses distances avec les déclarations de Keyllyane Conway. "Elle a été rappelée à l'ordre sur ce sujet, point final", a sèchement commenté Sean Spicer, lors de son briefing quotidien.
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