Vietnam, Obamacare, imitations... Cinq moments où Donald Trump et John McCain ont montré qu'ils se détestaient
C'est Donald Trump qui a ouvert les hostilités en affirmant en 2015 que le sénateur de l'Arizona, mort le samedi 25 août 2018, n'était pas "un héros". Depuis, l'inimitié entre les deux hommes ne s'est jamais démentie, tant les piques se sont enchaînées.
Le symbole a fait grand bruit. A la Maison Blanche, les drapeaux mis en berne le week-end du 26 août pour rendre hommage au sénateur John McCain, flottaient à nouveau lundi 27, contrairement à celui du Capitole. Un hommage qui a pu être jugé un peu court. D'autant que Donald Trump n'assistera pas aux funérailles nationales en l'honneur du sénateur, prévues samedi 1er septembre, a annoncé le porte-parole de John McCain.
Pressé de toutes parts – y compris par ses propres conseillers, selon le Washington Post –, Donald Trump a finalement rendu hommage à l'ancien combattant, mort à 81 ans le samedi 25 août 2018, dans un communiqué, mais en y retirant le qualificatif de "héros".
"En dépit de nos différences politiques, je respecte l'engagement du sénateur John McCain pour notre pays", y affirme Donald Trump, qui a aussi ordonné de remettre les drapeaux en berne. Un quasi-mutisme qui trouve sans doute son origine dans l'exécrable relation qu'entretenaient le président des Etats-Unis et le sénateur républicain. Retour sur les moments les plus tumultueux.
Quand Trump a estimé que McCain "n'était pas un héros de guerre"
C'est Donald Trump qui a ouvert les hostilités en juillet 2015, peu après le début de sa campagne. Lors d'une session de questions-réponses, le candidat à la primaire républicaine déclare alors que John McCain "n'est pas un héros de guerre", comme le rapporte le Washington Post. "C'est un héros simplement parce qu'il a été capturé. J'aime les gens qui ne se font pas capturer." Le sénateur de l'Arizona a passé cinq ans en captivité à Hanoï après que son avion a été abattu pendant la guerre du Vietnam. Cinq ans pendant lesquels il a été torturé.
John McCain répond qu'il ne prend pas personnellement la remarque de Donald Trump, mais qu'il est très énervé par cette insulte aux milliers de soldats faits prisonniers lors d'opérations armées à l'étranger. Il précise dans l'émission "60 Minutes", diffusé sur CBS, que Donald Trump ne s'est jamais excusé.
Le Vietnam est sans doute à l'origine d'un autre point de friction entre les deux hommes politiques. John McCain n'appréciait pas vraiment les hommes qui ont échappé au service militaire, à l'instar de Donald Trump. "Nous avons envoyé les Américains les plus pauvres, et les plus riches trouvaient un docteur attestant qu'ils avaient une excroissance osseuse", déplorait le sénateur de l'Arizona auprès du Washington Post. La raison même pour laquelle le président américain a échappé au service militaire, rappelle The Atlantic (article en anglais).
Quand McCain a infligé à Trump son premier camouflet législatif
Fin juillet 2017, le Sénat américain est sur le point de voter une abrogation a minima de la couverture santé mise en place par Barack Obama – c'est-à-dire la suppression de certaines mesures comme l'obligation de souscrire à une assurance sous peine d'amende. Un moment que Donald Trump attend depuis sept ans, comme il l'affirme dans un tweet.
Go Republican Senators, Go! Get there after waiting for 7 years. Give America great healthcare!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 28 juillet 2017
Mais à plus de 1 heure du matin, John McCain, qui vient d'apprendre qu'il souffre d'un cancer du cerveau, prend sa décision. Il votera contre et ce, malgré une discussion de dernière minute avec Mike Pence, le vice-président, qui tente de le convaincre. Le vote étant serré, la décision du sénateur de l'Arizona, qui vient s'ajouter aux refus de deux autres sénatrices républicaines, fait pencher la balance. De nombreux observateurs analysent ce geste comme une "provocation" à l'égard de Donald Trump, rapporte The Atlantic.
Quand Trump a imité le sénateur malade
Le président américain n'a manifestement pas digéré le vote négatif de McCain. Lors d'un meeting en Pennsylvanie au début du mois d'août 2018, il imite John McCain au moment où celui-ci a voté "non", se voûtant et prenant des airs de vieil homme.
Trump mocks cancer-stricken John McCain, and mimics his decisive vote against ACA repeal pic.twitter.com/BRIQEAAt8e
— Aaron Rupar (@atrupar) 3 août 2018
Quand McCain a critiqué la conférence de presse de Trump avec Poutine
Cette année, John McCain a subtilement critiqué la politique étrangère menée par la Maison Blanche, comme lors de ce meeting à Philadelphie, où il la qualifie de "nationalisme réchauffé, préparé par des gens qui préfèrent trouver des bouc-émissaires que de régler les problèmes". Mais le paroxysme a sans doute été atteint lors de la conférence de presse commune du président américain et de Vladimir Poutine en juillet 2018 à Helsinki (Finlande), qualifiée comme l'une "des performances les plus disgracieuses d'un président américain", selon les termes du sénateur, repris par CNN. "Le président Trump est incapable, il ne souhaite pas faire face à Vladimir Poutine. Lui et Poutine semblent partager le même script, poursuit-il. Le président prend consciemment la décision de défendre un tyran contre les questions légitimes d'une presse libre, et offre à Poutine une incontestable plateforme pour dérouler au monde sa propagande et ses mensonges."
Quand McCain a demandé à ce que Trump n'assiste pas à ses obsèques
Selon plusieurs médias américains, le sénateur ne souhaitait pas que Donald Trump soit présent à ses obsèques, le 1er septembre à Washington, où seront par ailleurs invités Barack Obama et Georges W. Bush. L'un des porte-parole du sénateur républicain a lu un message posthume laissé par le républicain, lundi 27 août, ajoutant qu'à sa connaissance, Donald Trump ne serait pas présent aux obsèques, mais sans confirmer s'il s'agissait effectivement des dernières volontés de John McCain.
Dans ce court texte, le sénateur de l'Arizona critique encore une fois l'hôte de la Maison Blanche. "Nous affaiblissons notre grandeur lorsque nous confondons notre patriotisme avec des rivalités tribales qui ont engendré le ressentiment, la haine et la violence aux quatre coins de la planète. Nous l'affaiblissons quand nous nous cachons derrière des murs, plutôt que de les faire tomber", écrit John McCain.
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