Nicolas Sarkozy, "l'ami" d'Hillary Clinton qui s'inspirait de Donald Trump
Malgré son soutien affiché à la candidate démocrate, Nicolas Sarkozy emprunte largement à la stratégie de campagne du milliardaire pour remporter la primaire à droite.
"Sarkozy est capable de changer de cap avec une grande rapidité. Moi, je n'ai jamais changé de position." La charge est signée de son ancien Premier ministre et rival à la primaire à droite, François Fillon, interrogé jeudi par Europe 1. L'ancien président des Républicains n'est en effet pas à une contradiction près.
Mercredi, Nicolas Sarkozy a ainsi estimé que l'élection de Donald Trump était le symbole d'un combat contre ce qu'il appelle "la pensée unique". Combat qu'il entend bien incarner en France. Pourtant, en mai, il affirmait qu'il voterait pour Hillary Clinton s'il était citoyen américain. Entre sa stratégie de campagne et ses déclarations publiques, quel est le véritable positionnement de l'ancien président de la République ?
Taper sur "les élites" et les médias
Au début de l'année 2016, Nicolas Sarkozy n'est pas encore candidat à la primaire et voit Alain Juppé s'envoler dans les sondages. Pour contrer cette ascension, il tente alors d'imposer l'idée que son principal concurrent ne serait qu'une "bulle", un "candidat du système", "des élites" et "des médias".
Une stratégie calquée sur celle de Donald Trump, qu'il prendra même en exemple lors d'une commission exécutive de son parti, rapportée dans Le Monde. "Les gens ne veulent plus de filet d’eau tiède mais des politiques qui ont du caractère", abonde le numéro deux du parti, Laurent Wauquiez, pour justifier ce positionnement.
Regardez ce que donnent aux Etats-Unis les candidats soutenus par l’establishment et les médias : ils sont balayés par les candidats du peuple.
Entouré de ses soutiens du parti, Nicolas Sarkozy acte cet ancrage dans la droite "sans tabou" et prophétise alors : "Vous verrez, en novembre, ce que cela donnera en France…"
Faire du Trump sans le dire
Pour autant, le Nicolas Sarkozy "public" se garde bien d'afficher son intérêt pour le milliardaire américain. En déplacement à Londres pour promouvoir son dernier livre, il taxe même Donald Trump de "populisme" et de "vulgarité". "Ce monsieur ne mérite pas tant d'intérêt que cela. Ce qui est assez effrayant, c'est l'impact qu'il a. Je trouve terrifiant qu'il y ait 30% d'Américains qui peuvent (sic) se reconnaître là-dedans", déclare-t-il.
Faire du Trump sans l'avouer, voilà la stratégie électorale de Nicolas Sarkozy. Le 8 juin, devant 800 personnes rassemblées près de Lille, il prononce un discours "fondateur". Comme Donald Trump, Nicolas Sarkozy veut "nommer les choses sans détour. Nommer le réel." Comme Donald Trump, Nicolas Sarkozy fustige le "politiquement correct" et reprend le thème de l'opposition entre une "minorité silencieuse" et les élites.
Malgré tout, l'ancien chef de l'Etat refuse toujours de se laisser apparenter à Donald Trump, critiqué pour son comportement brutal et sexiste. Interrogé sur BFMTV sur ses points communs avec le candidat républicain, Nicolas Sarkozy brouille une nouvelle fois les lignes. "Il se trouve que moi, je suis l'ami d'Hillary Clinton. Qu'est-ce que j'ai à voir avec monsieur Trump ?"
Une stratégie confortée par la victoire de Trump
Mardi 8 novembre, l'élection de Donald Trump provoque un séisme politique mondial. En meeting le lendemain dans la région lyonnaise, Nicolas Sarkozy estime que le choix des Américains est "bon, car c'est le choix démocratique", avant d'ajouter que "les mêmes causes risquent de produire les mêmes effets" en France.
La victoire de Donald Trump "conforte la ligne de Nicolas Sarkozy : tout sauf le politiquement correct, le respect des codes, le candidat des élites", assume un fidèle sarkozyste, interrogé par franceinfo.
Encouragé, l'ex-président a désormais les mains libres pour dénigrer Hillary Clinton ou Barack Obama, "adoré des élites françaises". Là encore, sans craindre de paraître versatile. En 2008, Nicolas Sarkozy s'était vanté de sa complicité avec le président américain : "Obama ? C'est mon copain. Je suis le seul Français à le connaître."
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