Photo de Trump le poing levé : "Le symbole de l'Amérique combattante telle qu'il veut l'incarner", analyse un photojournaliste de l'AFP

Article rédigé par Louis Mondot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
La Une du Time magazine diffusée sur Twitter, le 14 juillet 2024. (CAPTURE D'ECRAN X / TIME MAGAZINE)
L'image a été prise samedi lors d'un meeting du candidat républicain en Pennsylvanie. En 24 heures, elle avait déjà fait le tour du monde.

La photo de Donald Trump blessé et le poing levé fera-t-elle date ? Le cliché pris par Evan Vucci, photographe à l'agence américaine Associated Press (AP), a en tout cas été d'une viralité record, aussi bien sur les réseaux sociaux qu'en couverture de journaux du monde entier. "Cette photo est déjà historique par l'ampleur de sa diffusion", observe pour franceinfo Ludovic Marin, journaliste photographe à l'Agence France Presse (AFP), en charge de la couverture du président de la République en France et à l'étranger.

franceinfo : En quoi cette image est-elle historique ?

Ludovic Marin : Cette photo est déjà historique par l'ampleur de sa diffusion. Et parce que la scène et l'événement ont été vus et commentés par tout le monde. Après, est-ce qu'elle restera iconique ? C'est ça qu'il faut se demander. Sans doute, parce que c'est un événement dramatique, mais vraiment exceptionnel dans la vie politique américaine. Et que le fait que ça se "finisse" de cette façon est notable. Le candidat est blessé mais pas mort, et donc il témoigne. Il prouve qu'il n'est pas abattu. Et le geste qu'il fait, le drapeau, la protection qu'il reçoit, tout ça est le symbole de l'Amérique combattante telle qu'il veut l'incarner.

"La photo est presque un symbole de son slogan "Make America great again". Elle possède tous les codes visuels de l'événement."

Ludovic Marin, journaliste photographe à l'Agence France Presse (AFP)

à franceinfo

Est-ce que dans une telle situation, ce genre de cliché est particulièrement difficile à réaliser ?

Cette photo n'est pas prévisible. Evan Vucci est un photographe professionnel avec une forte expérience sur l'actualité. Quand une telle situation arrive, cela fait appel à des réflexes de base : "Je suis journaliste, je suis en capacité de témoigner". Et on voit très bien dans les images que, au début, quand le président est mis à terre par ses gardes du corps, les photographes essaient de faire le tour par le côté de la scène pour savoir s'ils peuvent apercevoir le candidat à terre. Il y a des photos qui montrent que certains ont pu le voir, on voit sa tête entre les pieds des gardes du corps. Puis quand le politique se relève, on voit très bien que les photographes qui reviennent devant la scène sentent qu'il va se passer un geste, quelque chose.

Il y avait effectivement plusieurs photographes présents au meeting, mais c'est celle d'AP qui a le plus circulé...

L'Agence France Presse était aussi évidemment sur place et a produit un certain nombre de photos qui ont aussi fait le tour du monde. Alors certes, c'est la photo d'AP qui a pris le dessus sur les autres, mais notre production n'en reste pas moins forte et très efficace. C'est quasiment exceptionnel.

"On a tous les jours un rapport quotidien qui montre quelles sont les photos les plus employées dans le monde sur les actualités des dernières 24 heures. Et là, il n'y a aucune autre photo qui apparaît dans le top 20 des images les plus utilisées par l'AFP."

Ludovic Marin, journaliste photographe à l'Agence France Presse (AFP)

à franceinfo

Cet événement a écrasé tout ce qui a pu exister en termes de téléchargement photo à l'agence. J'imagine que c'est à peu près le même cas pour les autres agences, telles que AP ou Reuters qui étaient présents sur cet événement. C'est évident que c'est un événement majeur comme l'Amérique en a déjà vécu, avec des assassinats ou tentatives d'assassinat sur d'autres présidents américains.

Y a-t-il un risque que cette photo serve la communication du candidat républicain ?

Le photojournaliste ne sert jamais de caution. Le photojournaliste est un témoin d'un événement et il n'a pour fonction que de rapporter cet événement, ce qui est le cas de tous les journalistes qui suivent les hommes politiques. Là, il est confronté à un événement qui dépasse l'organisateur du meeting. L'avenir dira si cette photo aura une influence sur le reste des événements. Mais ce n'est pas la photo elle-même qui a une influence, c'est l'événement lui-même.

La photo n'est qu'un témoignage de ce qui s'est passé. On n'est jamais des outils, on est des observateurs. Notre but est de rendre compte des faits et exclusivement des faits.

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