Cet article date de plus de huit ans.

Primaire républicaine : Donald Trump, une candidature qui inquiète le monde

Les électeurs américains n’élisent pas seulement leur président, ils décident un peu de l’avenir du monde. Sans Georges Bush, la deuxième guerre d’Irak n’aurait probablement pas eu lieu, ce qui aurait changé bien des choses pour les Irakiens et les Syriens. La course en tête de Donald Trump et sa possible investiture à la Maison Blanche inquiète une bonne partie de la planète.
Article rédigé par Michel Lachkar
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Meeting en Floride du candidat à la primaire républicaine Donald Trump.

Vainqueur des primaires du New Hampshire et probablement de la Caroline du sud, Donald Trump est désormais favori du camp républicain pour l’investiture à la Maison Blanche. Le New Hampshire, un Etat qui donne souvent la tendance, George W.Bush y était arrivé en tête en 2000. Quatre ans plus tard, le monde entier souhaitait la défaite de l’ancien sénateur du Texas, mais les citoyens américains, décidèrent de le réélire.

Un nouveau Georges W.Bush
L’histoire risque de se répéter avec Donald Trump, sans réelle connaissance de la politique internationale, il en serait pourtant le principal acteur. Le milliardaire, roi de l’immobilier, avoue ne pas connaître grand chose au Proche-Orient, incapable par exemple de faire la différence entre le Hezbollah et le Hamas. Plus inquiétant, il affirme dans ses débats télévisés vouloir généraliser l’usage de la torture et ne plus accueillir de musulmans sur le sol américain. Sans oublier la défense intangible du 2e amendement sur le droit de posséder une arme.

L’anxiété d’une partie de l’Amérique face à «l’establishment de Washington», à la «désindustrialisation», «à la baisse des salaires» à«l'immigration» à « la menace islamiste»... propulse Trump et «son franc-parler populiste» dans les sondages. Dans les études d’opinion, son autoritarisme arrive en tête des motivations à le soutenir. Se disant apolitique, le milliardaire se veut l’homme providentiel.

Une politique étrangère sous influence
Comme jadis l’empire romain, l’Amérique exerce sa domination grâce à sa puissance militaire et économique, sa monnaie et ses moyens de communication. Le problème, c’est que la classe politique américaine n’est pas toujours à la hauteur de cette hégémonie.

La guerre d’Irak de George W.Bush a tué 100.000 Irakiens et 4.500 Américains. Elle a coûté plus de 4.000 milliards de dollars, désorganisé le Proche-Orient sans aucun résultat probant si ce n’est pour les profits de quelques entreprises américaines comme Halliburton ou Bechtel. La société Halliburton a par exemple reçu plus de 39 milliards de dollars des autorités américaines. C’est l’ancien patron d’Halliburton, le vice-président américain Dick Cheney, qui a décidé George W.Bush à débarrasser l’Irak de ses armes de destructions massives. Depuis, ce mensonge sur ses supposées armes a été reconnu par l'ancien ministre américain de la Défense Colin Powell. Plus que la chute de Saddam Hussein, le pétrole irakien était l'objectif central du conflit, la moitié des ministres de George W.Bush étaient issus des conseils d'administration des grandes firmes pétrolières américaines.Echec sur toute la ligne, l'Irak aujourd'hui à feu et à sang est sous influence iranienne.

Donald Rumsfeld, George W.Bush, Dick Cheney décident d'intervenir en Irak. (Reuters/ Kevin Lamarque)

L’Amérique se voit comme le pays des libertés, contre la barbarie et les tyrannies étrangères, sauf que cette démocratie basée sur le respect de la Constitution américaine se limite à son seul territoire. Ailleurs, elle défend ses intérêts économiques et géopolitiques, par tous les moyens. N’hésitant pas à soutenir les pires dictatures durant la Guerre froide. Les exemples ne manquent pas.

En Indonésie, irrités par la nationalisation des mines en 1965 et par le rapprochement du président Soekarno avec Moscou, les Etats-Unis vont soutenir le coup d’Etat du général Suharto. Plus de 400.000 «communistes» seront raflés et assassinés avec l’appui militaire de la CIA. Même scénario au Chili en 1973 avec Allende ou en Iran en 1954. Là encore, le président iranien Mossadegh décide de nationaliser l’industrie pétrolière. Il sera chassé par un coup d’Etat planifié et exécuté par les services américains et britanniques. Le Docteur Mossadegh, indigné par la misère de son peuple, voulait simplement établir une économie forte et moderne sur le modèle occidental.

Ce n’est pas un hasard si ce coup d’Etat a débouché un quart de siècle plus tard sur la révolution islamique de l’Ayatollah Khomeiny. En Indonésie, une élite moderniste et laïque prônant un islam éclairé, avait également été décimée.

Une élection qui influence le cours de l'Histoire
Les Etats-Unis s’estiment fondés à intervenir partout où leurs intérêts sont menacés. Pour cela, l’Amérique se doit de maintenir une suprématie et une industrie militaires.

Surtout qu'une grande partie de l’Europe s’en remet à l’Otan pour se protéger de la Russie qui tente de retrouver sa puissance passée (avec les crises ukrainienne et syrienne). Ayant renoncé à construire une défense indépendante, l’Europe se place sous la protection de la puissance américaine, pour le meilleur et pour le pire.


C’est en partie à cause des errements de Georges W.Bush que les électeurs américains ont porté au pouvoir Barack Obama et les démocrates. Un président qui a tout fait pour quitter les bourbiers afghan et irakien laissés par son prédécesseur. Un président prudent, certains diront trop à la lumière de ce qui se passe actuellement en Syrie.

Mais le retour du balancier pourrait nous ramener un nouveau Georges W.Bush en la personne de Donald Trump. La montée dans le camp démocrate du «socialiste» Bernie Sanders pourrait paradoxalement lui ouvrir un boulevard. 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.