Cet article date de plus de sept ans.

Trump : quand l'ombre du népotisme plane sur la Maison Blanche

Il y a eu les Bush, il y aurait pu avoir les Clinton, mais les Américains auront les Trump. A l'instar de ses affaires, Donald Trump compte bien associer ses proches à la «gestion» des Etats-Unis. Le spectre d'un pouvoir familial inquiète.
Article rédigé par Falila Gbadamassi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Au premier plan, le Premier ministre japonais Shinzo Abe et le président-élu Donald Trump, le 17 novembre 2016. Ils sont entourés d'Ivanka Trump et de son mari Jared Kushner.  (HO/CABINET SECRETARIAT/AFP)

Les candidatures de la démocrate Hillary Clinton, épouse de l’ancien président Bill Clinton, et de Jeb Bush, fils et frère respectivement des 41e et 43e présidents des Etats-Unis, avaient quelque peu irrité les Américains. Ces derniers craignaient que le pouvoir aux Etats-Unis ne soit devenu dynastique.

Pour rompre avec cette élite, semble-t-il, les électeurs ont choisi Donald Trump. Mais ce qu’ils redoutaient est peut-être en passe de se produire. Comme durant la campagne, le clan Trump aura aussi son mot à dire quand le président-élu sera à la Maison Blanche. Les aînés de la fratrie Trump et le gendre du président sont déjà membres du comité exécutif de l'équipe de transition, dirigée par Mike Pence, le futur vice-président. 

De gauche à droite: Eric Trump, Donald Trump Jr, Ivanka Trump et son mari Jared Kushner. Ils ont été nommés au sein du comité exécutif de l'équipe de transition, le 11 novembre 2016.  (STF/AFP)

Ivanka, la fille aînée qui fait figure de première dame
Ivanka et ses deux frères, Eric et Donald Junior, ont joué un rôle majeur dans la campagne du candidat républicain à la Maison-Blanche. L'influence d’Ivanka, la fille aînée et atout charme de Donald Trump qui fait figure aux Etats-Unis de première dame, ne devrait pas décroître.

Sa présence, lors de la rencontre entre son père et le Premier ministre japonais Shinzo Abe, le 17 novembre 2016, a soulevé de nombreuses critiques. Trois jours plus tôt, elle avait pris part à une conversation téléphonique entre Donald Trump et le président argentin, Mauricio Macri.  
 
Déjà accusée de conflits d’intérêt, la businesswoman a décidé de s’offrir deux comptes sur les réseaux sociaux afin de séparer affaires et politique. Son compte personnel lui permettra désormais d’exprimer ses opinions politiques.

Ivana, l'ex-femme qui se voyait ambassadrice
La mère d’Ivanka, Ivana, n'est pas en reste. Divorcée de leur père, l'ex-athlète et mannequin, l’a néanmoins soutenu. Après son élection, la mère des trois premiers enfants de Donald Trump a suggéré d’être nommée ambassadrice des Etats-Unis dans son pays d’origine, la République Tchèque.

Une suggestion qui a été bien accueillie par les autorités tchèques. «Ce serait un excellent choix», a réagi via un communiqué le président tchèque Milos Zeman, rapportait mi-novembre 2016 l'AFP. Selon lui, Washington «ne pourrait pas envoyer à Prague une meilleure ambassadrice».


Ivana, la première compagne de Donald Trump, entourée de ses deux fils et de sa fille le 21 septembre 2015. (GRANT LAMOS IV / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)


Cependant, dans le clan Trump, celui qui dérange le plus est l’époux d’Ivanka, Jared Kushner. A 35 ans, à la tête également de l'empire immobilier bâti par son propre père, il est considéré aujourd’hui comme l’éminence grise de son beau-père. «Jared a la confiance et l’oreille des principaux membres de l’administration Trump, y compris le plus important, le président élu», a confié au New York Times Matthew Brooks, le directeur exécutif de la Republican Jewish Coalition. Pour lui, il serait «l’un des acteurs les plus importants aujourd’hui au-delà du président élu et de son vice-président».

«Chaque président que j’ai connu fait intuitivement confiance à une ou deux personnes», estime dans les colonnes de Forbes l’ancien secrétaire d’Etat Henry Kissinger qui conseille aujourd’hui Donald Trump en matière de politique internationale. «Je pense que Jared pourrait être cette personne.»

Trump qui aimerait «être celui qui fera la paix entre Israël et les Palestiniens» compte ainsi sur l’aide de son beau-fils, issu d’une famille juive. Jared Kushner, qui a demandé à avoir accès aux briefings de sécurité quotidiens de la Maison Blanche, se serait déjà adressé à des avocats pour savoir dans quelle mesure il pourrait intégrer le cabinet du président élu, rapporte le New York Times.


Jared Kushner, à droite, salue son beau-père Donald Trump le 9 novembre 2016.  (MANDEL NGAN / AFP)

Jared Kushner, celui par qui le népostisme débarquerait à la Maison Blanche? 
Au risque de violer la loi anti-népotisme, «adoptée en 1967 après que l'ex-président John F. Kennedy eut nommé son frère Bobby au ministère de la Justice, interdit en principe à tout membre de la famille ou belle-famille d'un président de détenir un emploi rémunéré dans une agence fédérale», explique l’AFP. La législation serait «cependant beaucoup moins claire pour les postes de conseillers à la Maison Blanche».

«Une telle influence familiale sur les présidents américains n'a rien d'inédit, souligne Sam Abrams, professeur de sciences politiques au Sarah Lawrence College de New York: d'Eleanore Roosevelt à Michelle Obama, en passant par les familles Kennedy ou Bush, les épouses ou les enfants ont souvent joué un rôle important, même s'il était le plus souvent informel. Et la loi anti-népotisme n'a jamais empêché ça.»

Seulement, précise à l'AFP Sam Abrams, «c'est normal d'impliquer la famille». «Mais quand vous allez rencontrer Shinzo Abe, un proche allié des Etats-Unis, il faut d'abord parler aux experts plutôt que d'aller voir Jared et lui demander "Tu en dis quoi?"». Surtout si ce dernier ne peut se prévaloir d’une quelconque expertise politique.

A moins que le fait d'avoir été l’une des discrètes têtes pensantes de la campagne Trump constitue une validation d'acquis. A l'instar d'une indéfectible loyauté. «Je ne pense pas qu'il y ait matière à controverse dans une élection présidentielle américaine d'affirmer qu'on veuille mettre d'abord en avant les intérêts des Etats-Unis et d'être nationaliste par opposition à la globalisation», a-t-il confié au magazine Forbes dont il fait la couverture de l'édition datée du 20 décembre 2016.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.