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Italie: la démission du maire de Rome perturbe le Jubilé décrété par le pape
Le timing choisi par Ignazio Marino pour annoncer sa démission de la mairie de Rome, à deux mois d'une Année sainte extraordinaire, agace le Vatican, et pour tout dire le met sens dessus dessous. Le Jubilé de la Miséricorde, annoncé en mars 2015 par le pape François à la surprise générale, doit attirer des millions de pèlerins dans la capitale italienne. Et Rome est loin d'être prête.
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Tout était contre lui, il a préféré jeter l'éponge. Au centre d'une campagne de dénigrement depuis de longs mois, le maire de Rome a été définitivement lâché par son parti, le Parti démocrate dont est issu le président du Conseil Matteo Renzi (PD, centre gauche), après la révélation de notes de restaurant injustifiées, sans rapport avec sa fonction. Le 12 octobre 2015, Ignazio Marino a donc remis sa lettre de démission à la présidente du Conseil municipal.
Très amer, l'ex-chirurgien âgé de 60 ans avait été élu maire de Rome le 10 juin 2013, avec plus de 63% des voix. A l'époque, ce représentant de la société civile, dont chacun attendait beaucoup à Rome après la gestion mafieuse de l'équipe précédente, entretient des relations cordiales avec le Vatican.
Mais très vite, les choses se gâtent pour l'édile: des transports publics déficients, une voirie mal entretenue, une gestion obscure des déchets avec en prime une grève des éboueurs. L'image de Rome, ville éternelle en prend un coup tandis que le maire de gauche paraît dépassé et devient la proie de ses propres amis.
Le défi et le «pardon» du pape François
Fragilisé et isolé, Ignazio Marino ne voit pas arriver le coup de grâce papal: l'annonce surprise au printemps 2015 d'une Année sainte de la Miséricorde (à partir du 8 décembre), à laquelle sont attendus près de 30 millions de pèlerins. Le maire de Rome est ainsi mis au défi d'organiser l'événement dans les meilleures conditions.
Mais l'élu traîne les pieds et ne prévoit pas de budget suffisant pour remettre en état les rues de la ville, installer une signalisation ad hoc, disposer du mobilier urbain ou renforcer l'offre de transport public. N'en pouvant plus, le diocèse de Rome vient de dévoiler le contenu d'une «lettre à la ville» qui appelle la capitale de l'Italie à «un sursaut» pour «renaître», avec «une nouvelle classe dirigeante dans la politique».
Quant au pape, dans une démarche tout à fait exceptionnelle de la part d'un souverain pontife, il a demandé «pardon» publiquement. Le 14 octobre 2015, au début de son audience hebdomadaire place Saint-Pierre devant des milliers de catholiques, le Saint-Père a prononcé ses mots: «Je voudrais, au nom de l'Eglise, vous demander pardon pour les scandales qui, ces derniers temps, se sont produits aussi bien à Rome qu'au Vatican. Je vous demande pardon».
Une affliction que le gouvernement avait en quelque sorte anticipée en assurant que la ville sera prête pour le lancement de l'Année sainte. Matteo Renzi s'est personnellement exprimé: «Nous ferons notre possible pour que le Jubilé soit un succès», rappelant les affaires de corruption et les retards ayant précédé une Exposition universelle qui a finalement tenu ses promesses à Milan.
Pour transformer leurs paroles en actes, les autorités ont annoncé le déblocage de 30 millions d'euros supplémentaires venant s'ajouter aux 50 millions déjà planifiés. Des travaux de maintenance doivent ainsi débuter sur les deux lignes de métro romaines dans l'espoir que les trains puissent se succéder toutes les 2 ou 3 minutes aux heures de pointe.
Trente chantiers en même temps
De même, les pavés de certaines voies de bus très fréquentées doivent disparaître au profit de chaussées plus clémentes pour le matériel. Au total, une trentaine de chantiers sont prévus.
Mais ceux dont l'appel d'offres est conclu se comptent sur les doigts d'une main et les fonds ne seront disponibles que si les travaux sont terminés avant la fin de l'année, alors que l'absence de direction claire dans les prochaines semaines risque de ralentir encore plus des services municipaux déjà peu réputés pour leur célérité.
Beaucoup de pain sur la planche en tout cas pour l'administrateur, nommé prochainement et chargé de diriger la ville jusqu'aux élections prévues au printemps.
Pour transformer leurs paroles en actes, les autorités ont annoncé le déblocage de 30 millions d'euros supplémentaires venant s'ajouter aux 50 millions déjà planifiés. Des travaux de maintenance doivent ainsi débuter sur les deux lignes de métro romaines dans l'espoir que les trains puissent se succéder toutes les 2 ou 3 minutes aux heures de pointe.
Trente chantiers en même temps
De même, les pavés de certaines voies de bus très fréquentées doivent disparaître au profit de chaussées plus clémentes pour le matériel. Au total, une trentaine de chantiers sont prévus.
Mais ceux dont l'appel d'offres est conclu se comptent sur les doigts d'une main et les fonds ne seront disponibles que si les travaux sont terminés avant la fin de l'année, alors que l'absence de direction claire dans les prochaines semaines risque de ralentir encore plus des services municipaux déjà peu réputés pour leur célérité.
Beaucoup de pain sur la planche en tout cas pour l'administrateur, nommé prochainement et chargé de diriger la ville jusqu'aux élections prévues au printemps.
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