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L'imbroglio diplomatique sur la nomination de l'ambassadeur de France au Vatican en 5 actes

Le Vatican refuse toujours la nomination de Laurent Stefanini comme ambassadeur de France au Saint-Siège. Mais François Hollande refuse de céder.

Article rédigé par franceinfo
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Le président de la République, François Hollande, et son chef du protocole, Laurent Stefanini, le 10 avril 2015 à l'Elysée. (ALAIN JOCARD / AFP)

Il ne lâche rien. Alors que le Vatican refuse toujours de donner son accord pour la nomination de Laurent Stefanini comme ambassadeur de France au Saint-Siège, le président de la République serait prêt à se passer de représentant jusqu'à la fin de son quinquennat, rapporte jeudi 23 avril Europe 1. François Hollande n'accepte pas que ce soit l'homosexualité de son diplomate qui pose problème. 

Francetv info reprend le fil de la polémique.

Acte 1. L'Elysée nomme Laurent Stefanini

Tout commence le 5 janvier. En conseil des ministres, le président de la République nomme son chef du protocole à l'Elysée ambassadeur au Vatican. Numéro 2 de la représentation française au Saint-Siège de 2001 à 2005 et catholique pratiquant, Laurent Stefanini a le CV parfait pour remplacer Bruno Joubert, en poste depuis 2012.

Acte 2. La nonciature de Paris fait savoir que cette candidature a peu de chance d'être acceptée

Dès janvier, la nonciature de Paris, qui représente le Vatican en France, donne un avis négatif sur cette nomination, rapporte Le Monde. Selon le Journal du Dimanche, Laurent Stefanini se heurte à l'opposition de figures catholiques françaises, comme Ludovine de la Rochère, la présidente de la Manif pour tous. Ce n'est pas la première fois que l'Eglise refuse qu'un diplomate français s'installe dans le palais Bonaparte, où se trouve l'ambassade. En 2007, elle avait refusé la nomination d'un candidat pacsé.

Acte 3. Les prélats français se mobilisent

Laurent Stefanini a aussi des soutiens. Le Monde raconte que l'archevêque de Paris, le cardinal André Vingt-Trois, a écrit en février au pape pour appuyer sa nomination. Le prélat s'inquiète de l'interprétation qui pourrait être faite si le Vatican s'oppose à la nomination du candidat français.

Acte 4 : l'affaire sort dans la presse

Début avril, alors que cette nomination n'a été ni acceptée ni refusée officiellement, Le Canard enchaîné et Le Monde révèlent l'affaire. La présidente de la Manif pour tous dément toute intervention, le Vatican et le Quai d'Orsay gardent le silence. Une semaine plus tard, le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, se fend d'une déclaration laconique : "La France a fait le choix d'avoir un ambassadeur auprès du Vatican. Ce choix s'est porté sur M. Stefanini et cela reste la proposition de la France."

Acte 5 : François Hollande prêt à se passer d'ambassadeur 

Depuis, les deux parties campent sur leur position. Le Canard enchaîné rapporte que le pape François a reçu Laurent Stefanini le 18 avril. Il lui aurait dit "n'avoir rien contre lui, mais qu'en revanche il n'avait apprécié ni le mariage pour tous ni les méthodes de l'Elysée qui a tenté de lui forcer la main".

De son côté, François Hollande ne compte pas proposer de remplaçant, rapporte Europe 1. Un connaisseur du dossier rapporte même que la France est prête à se passer de représentant. "Si on doit ne pas avoir d’ambassadeur au Saint-Siège jusqu'à la fin du quinquennat, cela ira très bien à François Hollande", assure-t-il.

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