Pénurie, insécurité... Au Venezuela, "le gouvernement a totalement perdu le contrôle de la situation"
Franceinfo s'est rendu à Caracas alors que l'opposition vénézulienne maintient la pression pour faire annuler l’élection d'une assemblée constituante prévue dimanche prochain.
Des rayons vides et des rues désertées le soir : le Venezuela vient de connaître deux jours de grève générale et de violents affrontements qui ont fait sept morts L'opposition maintient la pression dans la rue pour faire annuler l’élection dimanche 30 juillet d'une assemblée constituante. En attendant, la vie des habitants est de plus en plus difficile.
"Je dois attendre lundi pour faire mes courses"
Dans ce supermarché du centre-ville de Caracas, les clients entrent au compte-goutte. Parmi eux, Milleva, qui attend dans la queue, déjà convaincue que cela ne servira à rien. "Malheureusement, explique-t-elle, je ne peux rien acheter aujourd'hui à cause du rationnement par carte d'identité. Je dois attendre lundi pour faire mes courses même si généralement il n'y a plus rien."
Ses placards sont vides, et lorqu'elle a demandé trois paquets de pâtes, on lui a refusé. "Sur ma carte d'identité, j'ai le numéro zéro, et le zéro ne peut acheter que le lundi", soupire cette mère de huit enfants. Milleva se désespère des rayons vides où les produits sont alignés pour créer l'illusion. Puis attrape une bouteille d'un litre d'huile d’olive. "26 000 bolivars ! Je n'en crois pas mes yeux. Qui peut acheter ça ? Si je la prends, je dois renoncer à la viande et au riz." Au Venezuela, le salaire minimum est de 95 000 bolivars, soit une dizaine d'euros.
Se nourrir est un défi
À cause de la crise économique, de l'inflation à trois chiffres et de la monnaie vénézuélienne qui chute, faire ses courses est une difficulté quotidienne. Milleva ne va pas dans les manifestations car elle a peur de se faire tirer dessus mais pour elle, le gouvernement est le responsable de ce chaos : "Il a totalement perdu le contrôle de la situation. De temps en temps, le pouvoir augmente le salaire de base mais ne régule pas les prix qui augmentent encore et encore."
Un constat partagé par Pedro, qui vit dans un quartier populaire à l'ouest de Caracas. À 61 ans, il gagne environ 40 euros par mois en réparant des installations téléphoniques. Son frigo, aujourd’hui, est vide.
Ce qui coûte cher c'est le lait, le riz, les pâtes, la farine... en fait tous les aliments de base sont hors de prix !
Pedro, un habitant de Caracasà franceinfo
Ces tarifs élevés provoquent des problèmes de malnutrition assure-t-il, notamment chez les enfants.
Des pénuries en tout genre et de l'insécurité
Pedro n'ira pas voter dimanche 30 juillet pour élire l'assemblée constituante. Liliana non plus. Elle s'inquiète surtout pour son fils Dorian : ce dernier ne cesse de maigrir depuis une opération du rein. Son traitement est fourni par une fondation. La pénurie de médicaments touche les pharmacies et les hôpitaux, parfois le personnel manque même d’équipements de base. "Les infirmières n'ont plus de gants, déplore Liliana. Quand elles manipulent les patients, elles devraient pourtant se nettoyer les mains car il y a des bactéries qui traînent à l’hôpital."
En plus des pénuries, l'insécurité omniprésente excède Carlo, chauffeur de taxi à Caracas, l'une des capitales les plus dangereuses du monde. "J'ai été menacé avec un pistolet sur la tempe. On m'a volé ma voiture, j'ai déjà été kidnappé. Des passagers m'ont volé aussi. Ma dernière agression remonte à vendredi soir. Trois hommes se sont jetés sur moi et m'ont frappé, j'ai reçu un coup de pied dans l’œil." Carlos ne roule plus que les vitres fermées et les portes verrouillées. Et comme la plupart des habitants de Caracas, il ne sort plus de chez lui après 19h.
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