Venezuela : deux chefs de l'opposition arrêtés en pleine nuit chez eux
Leopoldo Lopez, fondateur du parti Voluntad Popular, et le maire de Caracas Antonio Ledezma, étaient en résidence surveillée après avoir déjà été emprisonnés.
Les condamnations internationales se multiplient, mardi 1er août, après l'arrestation au Venezuela de deux figures de l'opposition, à quelques heures de la prise de fonction de l'Assemblée constituante voulue par le président socialiste Nicolas Maduro.
Les Etats-Unis ont exprimé mardi leur "profonde inquiétude" après cette double incarcération, considérée comme une "nouvelle preuve de l'autoritarisme du régime" vénézuélien. Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a appelé les autorités "à faire tous les efforts possibles pour réduire les tensions".
12:27 de la madrugada: Momento en el que la dictadura secuestra a Leopoldo en mi casa. No lo van a doblegar! pic.twitter.com/0EdlQvEGXS
— Lilian Tintori (@liliantintori) 1 août 2017
Un "risque de fuite" pour la Cour suprême
Leopoldo Lopez, 46 ans, fondateur du parti Voluntad Popular (Volonté populaire, droite), et le maire de Caracas Antonio Ledezma, 62 ans, ont été arrêtés en pleine nuit chez eux, selon des vidéos relayées sur internet. Tous deux avaient déjà été emprisonnés et avaient récemment été assignés à résidence.
"Nous avons reçu des informations des services de renseignement qui faisaient état d'un plan d'évasion", a expliqué la Cour suprême (TSJ), dans un communiqué où il est également précisé que les deux opposants n'ont pas respecté leurs "conditions de détention" à domicile interdisant tout "prosélytisme politique", pour l'un, et toute "déclaration à un quelconque média", pour l'autre.
Leopoldo Lopez et Antonio Ledezma avaient appelé à ne pas participer à l'élection de la Constituante dimanche, un scrutin marqué par des violences qui ont fait dix morts. Leurs avocats ont rejeté la tentative de fuite, tandis que le président du Parlement, l'opposant Julio Borges, qualifiait l'argument du TSJ de "ridicule".
Appel à continuer la "lutte"
Dans une vidéo datant de la mi-juillet mais diffusée mardi par ses proches sur son compte Twitter, Lopez appelle à continuer la "lutte". Dimanche, opposants et forces de l'ordre s'étaient alors affrontés à Caracas et dans d'autres villes lors de batailles rangées.
Plus de 120 personnes au total ont été tuées en quatre mois de manifestations anti-Maduro. Selon l'ONG Foro Penal, le Venezuela compte quelque 490 "prisonniers politiques". La coalition de l'opposition Table de l'unité démocratique (MUD) a appelé à une nouvelle manifestation mercredi dans la capitale.
Qualifiant ces élections d'"illégitimes" et Nicolas Maduro de "dictateur", Washington a annoncé de nouvelles sanctions avec le "gel (de) tous les avoirs" du président vénézuélien aux Etats-Unis, une mesure extrêmement rare contre un dirigeant en exercice. Nicolas Maduro est le quatrième chef d'Etat à être ainsi sanctionné par Washington, rejoignant les présidents syrien Bachar al-Assad, nord-coréen Kim Jong-Un et zimbabwéen Robert Mugabe.
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