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«Vertige polaire»: au cœur des régions boréales et australes

Article rédigé par Laurent Filippi
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
C’est à la mi-septembre 2015 qu’est sorti le très beau livre «Vertige polaire» (Editions de La Martinière) de Thierry Suzan. 200 photographies spectaculaires, qui nous font ressentir la grandeur et pourtant l’extrême fragilité, vulnérabilité, des régions polaires. En 2050, la banquise pourrait avoir entièrement disparu.

Si, comme l’avoue le photographe, il n’aime pas le froid et ne veut pas être considéré comme un explorateur, cela ne l’a pas empêché de se passionner depuis des années pour le Grand blanc et de participer à de nombreuses expéditions du pôle Nord au pôle Sud.
 
«Dans mon travail, je ne suis pas l'acteur, je suis juste un journaliste, un passeur. L'exploit sportif ne m'intéresse pas. Aujourd'hui, pour moi, l'aventure est quelque chose de beaucoup plus personnel et intérieur, qui alimente la réflexion sur la place de l'homme dans son environnement», dit-il. Observer la faune, aller à la rencontre des populations, fait parti de son voyage.
 
Si ces «mondes polaires sont les derniers horizons qui touchent à l'imaginaire», ce livre nous offre aussi une réflexion sur les futurs enjeux de ces régions extrêmes et des problématiques liées aux changements climatiques. Au-delà de la poésie qui se dégage de ses paysages et de l’émerveillement que l’on peut ressentir en regardant ses photos, cet ouvrage regroupe une somme d'anecdotes, de réflexions et d'informations, un véritable travail journalistique. Thierry Suzan veut nous donner à réfléchir au futur de la planète.
 
Ce grand reporter, plusieurs années au sein de l’agence Capa, a collaboré à de nombreuses émissions de télévision («Thalassa», «Faut pas rêver», «Des racines et des ailes»…). La presse («Géo», «Paris Match»…) publie régulièrement ses reportages.
 
Plusieurs évènements accompagnent la sortie du livre: deux expositions, l’une parisienne à l’agence Grand Nord-Grand Large à Paris (jusqu’au 1er novembre 2015), l’autre à la librairie Kléber à Strasbourg (15 novembre-4 janvier). Le 13 novembre, dans le cadre de la COP21, l'immense verrière de la gare de Strasbourg sera recouverte d’une unique photo de 210 mètres de long.
 
Préfacé par l’éminent climatologue et spécialiste des zones polaires Jean Jouzel (prix Nobel de la Paix en 2007), «Vertige polaire» se veut un plaidoyer pour la sauvegarde de notre planète.
 
Géopolis vous propose de découvrir 8 photos de ces terres du bout du monde.
 

«Le trois-mâts contourne les écueils avec une élégance déconcertante. Construit au début du siècle dernier, le lougre hollandais n'en finit pas de surprendre par sa résistance aux vagues et au temps… Fjord après fjord, glacier après glacier, la baie de Disko exhibe ses reliefs et dévoile ses trésors: une immense forêt de glace peuplée de fantômes errants et résignés; un jardin éphémère protégé par une armée de soldats à la dérive, un paradis arctique, jamais immuable, où s'entrechoquent les hasards de l’existence.» (Thierry Suzan)
«En toile de fond, le plus grand glacier islandais tapisse les pentes vertigineuses du volcan Bardarbunga. Entre panache de fumée et craquement de glace, les séracs maculés de cendres dominent les mystères des profondeurs telluriques. L'Islande est une fenêtre ouverte sur les coulisses d'un monde romanesque, l'antichambre des merveilles, le royaume de l'imprévisible où le temps s'égrène insensiblement dans la solitude des paysages.»  (Thierry Suzan)
«Pendant de longues décennies, les Koriaks sont maintenus sous le carcan de l'idéologie communiste et subissent du même coup une russification planifiée et une acculturation implacable. La politique de collectivisation forcée mise en œuvre par les bureaucrates russes bafoue le droit des autochtones à disposer d'eux-mêmes et interdit l'accès à leurs propres ressources naturelles. Avec la dislocation du bloc soviétique suivie du départ massif des anciens colons de Sibérie, les Koriaks se voient désormais marginalisés. Les plus fragiles vont chercher l'oubli dans l'alcool et le suicide.» (Thierry Suzan)
«Au XVIIIe siècle… l'arrivée de l'homme blanc dans la région ébranle profondément la vie et l'organisation sociale des peuples autochtones. Les grands gibiers sont exterminés pour le commerce des peaux en pleine expansion, et les loutres de mer sont massacrées pour leur fourrure d'une incomparable beauté. Il s'ensuit un long cortège de famines et d'épidémies meurtrières qui déciment les populations indigènes yupik et unangan. Aujourd’hui, un autre danger menace, dans ces hautes latitudes, le réchauffement de l'atmosphère entraîne une augmentation des températures plus rapide que partout ailleurs sur la planète.» (Thierry Suzan)
«Après des siècles de pérégrinations dans les forêts perdues de Patagonie, les indigènes vont subir la cruauté des colonisateurs blancs. Soutenus par les militaires, les éleveurs de moutons et les chercheurs d'or se transforment en chasseurs d'Indiens et la «conquête du désert» en massacre. Face aux canons et aux fusils,
les lances et les flèches sont dérisoires, et malgré une résistance indigène acharnée des tribus entières sont anéanties à la mitrailleuse. Le peuple des géants patagons s'éteint dans l'indifférence d’une humanité qui se prépare déjà à entrer dans
la première conflagration mondiale.» (Thierry Suzan)
«Au fil des siècles, plusieurs pays prendront possession des îles Falkland, les Français, puis les Espagnols, les Argentins et les Anglais. Au printemps 1982, la question de la souveraineté de l’archipel relance les prétentions nationalistes et provoque des tensions irrémédiables entre l’Argentine et l'Angleterre. Une crise politique sans précédent oppose alors la junte militaire et le gouvernement britannique et entraîne les deux parties dans une confrontation meurtrière. Le conflit des Falkland apparaît comme le dernier soubresaut des guerres coloniales et des revendications territoriales d'autrefois.» (Thierry Suzan)
«Au-delà de l'horizon, loin des falaises écorchées du cap Horn, un éclat de cordillère andine émerge des profondeurs abyssales de l'océan. Les sommets enneigés de Géorgie du Sud submergent les flots d'une ombre funeste. Les vagues géantes et les vents monstrueux mugissent sur ce chemin de la côte.» (Thierry Suzan)
«A la veille du premier conflit mondial, dans une Europe dominée par la montée des nationalismes, la conquête du Sud permet aux futurs belligérants d'affirmer leur prestige. Ainsi, les épopées du Français Charcot, des Anglais Scott et Shackleton et du Norvégien Amundsen signeront les pages les plus illustres de l'histoire polaire. De cette compétition démesurée vers les confins du continent, la science est l'héritière. Antarctique. Une œuvre polaire qui bouleverse toutes les âmes irrémédiablement, un désert immaculé sans frontières et sans mémoire, une infinité originelle balayée par le souffle du commencement.» (Thierry Suzan)
de Thierry Suzan.  (Editions de La Martinère)

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